Les voeux d'Anne Ferreira.
Bonjour à toutes et à tous.
J'avoue être un peu dépassé par le succès de mon blog. Partout où je vais, on ne me parle que de ça! Succès ambigu pourtant, puisqu'il est né de mon échec politique. Avant, ce blog était beaucoup moins consulté (il existe depuis septembre 2006!). Succès qui m'embarrasse aussi: quand certains me parlent, ils craignent que je répète leurs propos, d'autres au contraire le souhaitent à dessein, je l'ai encore expérimenté hier soir, lors des voeux de la députée européenne Anne Ferreira.
Que les uns et les autres sachent ceci: je ne dis rien qui ne soit pas public ou quasi public. Les allusions d'ordre privé restent anecdotiques. Parfois, il y a des informations codées, que ne peuvent décrypter que celles et ceux, peu nombreux, qui en possédent les clés. Je ne dis pas tout ce que je sais, mais je dis tout ce que je pense. C'est plutôt ce dernier point que quelques uns, fâchés avec la liberté d'expression, me reprochent. Moi, je ne connais rien de plus beau pour un homme que de dire ce qu'il pense. Il n'y a pas de limite à cette liberté-là. Mais dire tout ce qu'on sait, non, la décence, la pudeur, le respect de la vie privée l'interdisent. Et si je disais tout ce que je sais, ce ne serait plus un blog, mais un tsunami!
Donc, je vais vous dire ce que je pense de la cérémonie des voeux de la députée. D'abord la participation: pas mal de monde, plus que d'habitude me semble-t-il (200, 250 personnes?). Difficile de comparer avec le passé puisque ces voeux sont intermittents (l'an dernier, il n'y en avait pas) et dans des lieux différents ( Centre Matisse, mairie annexe Saint-Martin). Des élus, conseillers généraux, qui d'habitude ne venaient pas, étaient là. Quel enseignement politique en tirer? Remobilisation de la gauche saint-quentinoise à l'approche des municipales? Je ne sais pas, je voudrais bien, je ne crois pas.
Ma réflexion est autre: à gauche (mais aussi à droite!), il n'y a que les élus qui aient une forte capacité de mobilisation, parce que ce sont des élus, c'est-à-dire, en République, les représentants et les dépositaires de la légitimité populaire. Ce qu'a fait Anne Ferreira hier soir, rassembler plus de deux cents personnes, elle est la seule socialiste à pouvoir le faire. C'est pourquoi sa responsabilité est grande et sa parole est attendue, dans la situation de crise que traverse depuis plusieurs mois la section socialiste et devant l'incroyable décision politique de s'allier avec l'extrême gauche.
Qu'est-ce que j'ai pensé du discours? Dans la forme, il manquait, à mon goût, de vie et de passion. Quant au fond, je ne peux pas être d'accord avec la condamnation du traité de Lisbonne, puisque ce texte a été approuvé par le bureau national du Parti socialiste. Ce traité, c'est un peu le plan B que demandait Laurent Fabius, puisque la plupart de ses desiderata ont été satisfaits, notamment la suppression de la troisième partie, économique, qui figurait dans le Traité constitutionnel européen. Refuser la Constitution, admettons. Mais refuser ce nouveau traité, non. C'est prolonger les blocages que rencontre la construction européenne.
Et si justement l'objectif était celui-là, rendre l'Europe impossible à réaliser, la maintenir dans l'impasse? Anne Ferreira a beau terminer en proclamant que "nous sommes tous fortement européens", j'en doute beaucoup. Etre européen, c'est se donner les moyens de construire l'Europe. Si vous rejetez la Constitution, si vous rejetez le traité de Lisbonne, il reste quoi? Le traité de Nice, c'est-à-dire la poursuite d'une crise larvée, l'impuissance organisée. On ne peut pas se prétendre authentiquement européen dans ces conditions.
Quant à la demande d'un référendum, là non plus, je ne suis pas d'accord. Certes, le PS l'a promis, mais une promesse n'engage que celui qui la tient. Si nous avions gagné les élections, il aurait fallu organiser cette consultation populaire. Le vainqueur, ce n'est pas nous, c'est lui, Sarkozy, qui n'a rien promis du tout sur ce point. Or, lui seul dispose des moyens politiques d'imposer un référendum qu'évidemment il ne fera pas. Ne perdons donc pas notre temps dans un combat politique perdu d'avance, n'allons pas implorer Sarkozy pour une décision qu'il ne prendra pas. Il est politiquement malvenu de faire dépendre le succès d'une entreprise de la volonté de son adversaire!
A moins que cette demande de référendum ait une autre justification: renforcer les liens politiques entre les socialistes minoritaires et l'extrême gauche qui, elle aussi, se bat pour le référendum. C'est son problème à elle, sa façon d'exister, ce ne devrait pas être notre problème à nous, socialistes. Le grand jeu de 2005, c'est terminé. L'Histoire ne se répète pas.
Je l'avais annoncé sur ce blog il y a une dizaine de jours, j'attendais une prise de position politique d'Anne à propos des élections municipales, et surtout une clarification sur son engagement. A six semaines du premier tour, devant un public important, c'était l'occasion: hier ou jamais. Je crois que ce sera jamais. L'élection a été expédiée en une minute, en fin de discours, sans même citer le nom de la tête de liste, Jean-Pierre Lançon, sans évoquer cette union pourtant historique et unique en France de socialistes avec l'extrême gauche!
Etonnant et peut-être pas si étonnant que ça, comme si une gêne empêchait de dire clairement les choses. En tout cas, j'ai entendu hier une députée faire un bilan souvent technique de son mandat, pas un leader politique partir à l'assaut de la droite saint-quentinoise. C'est pourtant ce que notre électorat attend.
Bonne matinée.
J'avoue être un peu dépassé par le succès de mon blog. Partout où je vais, on ne me parle que de ça! Succès ambigu pourtant, puisqu'il est né de mon échec politique. Avant, ce blog était beaucoup moins consulté (il existe depuis septembre 2006!). Succès qui m'embarrasse aussi: quand certains me parlent, ils craignent que je répète leurs propos, d'autres au contraire le souhaitent à dessein, je l'ai encore expérimenté hier soir, lors des voeux de la députée européenne Anne Ferreira.
Que les uns et les autres sachent ceci: je ne dis rien qui ne soit pas public ou quasi public. Les allusions d'ordre privé restent anecdotiques. Parfois, il y a des informations codées, que ne peuvent décrypter que celles et ceux, peu nombreux, qui en possédent les clés. Je ne dis pas tout ce que je sais, mais je dis tout ce que je pense. C'est plutôt ce dernier point que quelques uns, fâchés avec la liberté d'expression, me reprochent. Moi, je ne connais rien de plus beau pour un homme que de dire ce qu'il pense. Il n'y a pas de limite à cette liberté-là. Mais dire tout ce qu'on sait, non, la décence, la pudeur, le respect de la vie privée l'interdisent. Et si je disais tout ce que je sais, ce ne serait plus un blog, mais un tsunami!
Donc, je vais vous dire ce que je pense de la cérémonie des voeux de la députée. D'abord la participation: pas mal de monde, plus que d'habitude me semble-t-il (200, 250 personnes?). Difficile de comparer avec le passé puisque ces voeux sont intermittents (l'an dernier, il n'y en avait pas) et dans des lieux différents ( Centre Matisse, mairie annexe Saint-Martin). Des élus, conseillers généraux, qui d'habitude ne venaient pas, étaient là. Quel enseignement politique en tirer? Remobilisation de la gauche saint-quentinoise à l'approche des municipales? Je ne sais pas, je voudrais bien, je ne crois pas.
Ma réflexion est autre: à gauche (mais aussi à droite!), il n'y a que les élus qui aient une forte capacité de mobilisation, parce que ce sont des élus, c'est-à-dire, en République, les représentants et les dépositaires de la légitimité populaire. Ce qu'a fait Anne Ferreira hier soir, rassembler plus de deux cents personnes, elle est la seule socialiste à pouvoir le faire. C'est pourquoi sa responsabilité est grande et sa parole est attendue, dans la situation de crise que traverse depuis plusieurs mois la section socialiste et devant l'incroyable décision politique de s'allier avec l'extrême gauche.
Qu'est-ce que j'ai pensé du discours? Dans la forme, il manquait, à mon goût, de vie et de passion. Quant au fond, je ne peux pas être d'accord avec la condamnation du traité de Lisbonne, puisque ce texte a été approuvé par le bureau national du Parti socialiste. Ce traité, c'est un peu le plan B que demandait Laurent Fabius, puisque la plupart de ses desiderata ont été satisfaits, notamment la suppression de la troisième partie, économique, qui figurait dans le Traité constitutionnel européen. Refuser la Constitution, admettons. Mais refuser ce nouveau traité, non. C'est prolonger les blocages que rencontre la construction européenne.
Et si justement l'objectif était celui-là, rendre l'Europe impossible à réaliser, la maintenir dans l'impasse? Anne Ferreira a beau terminer en proclamant que "nous sommes tous fortement européens", j'en doute beaucoup. Etre européen, c'est se donner les moyens de construire l'Europe. Si vous rejetez la Constitution, si vous rejetez le traité de Lisbonne, il reste quoi? Le traité de Nice, c'est-à-dire la poursuite d'une crise larvée, l'impuissance organisée. On ne peut pas se prétendre authentiquement européen dans ces conditions.
Quant à la demande d'un référendum, là non plus, je ne suis pas d'accord. Certes, le PS l'a promis, mais une promesse n'engage que celui qui la tient. Si nous avions gagné les élections, il aurait fallu organiser cette consultation populaire. Le vainqueur, ce n'est pas nous, c'est lui, Sarkozy, qui n'a rien promis du tout sur ce point. Or, lui seul dispose des moyens politiques d'imposer un référendum qu'évidemment il ne fera pas. Ne perdons donc pas notre temps dans un combat politique perdu d'avance, n'allons pas implorer Sarkozy pour une décision qu'il ne prendra pas. Il est politiquement malvenu de faire dépendre le succès d'une entreprise de la volonté de son adversaire!
A moins que cette demande de référendum ait une autre justification: renforcer les liens politiques entre les socialistes minoritaires et l'extrême gauche qui, elle aussi, se bat pour le référendum. C'est son problème à elle, sa façon d'exister, ce ne devrait pas être notre problème à nous, socialistes. Le grand jeu de 2005, c'est terminé. L'Histoire ne se répète pas.
Je l'avais annoncé sur ce blog il y a une dizaine de jours, j'attendais une prise de position politique d'Anne à propos des élections municipales, et surtout une clarification sur son engagement. A six semaines du premier tour, devant un public important, c'était l'occasion: hier ou jamais. Je crois que ce sera jamais. L'élection a été expédiée en une minute, en fin de discours, sans même citer le nom de la tête de liste, Jean-Pierre Lançon, sans évoquer cette union pourtant historique et unique en France de socialistes avec l'extrême gauche!
Etonnant et peut-être pas si étonnant que ça, comme si une gêne empêchait de dire clairement les choses. En tout cas, j'ai entendu hier une députée faire un bilan souvent technique de son mandat, pas un leader politique partir à l'assaut de la droite saint-quentinoise. C'est pourtant ce que notre électorat attend.
Bonne matinée.
9 Comments:
Pourquoi Anne Ferreira n'a-t-elle pas cité le nom de Jean-Pierre Lançon et n'a évoqué cette liste que de manière allusive ? Tout simplement pour que la réception ne rentre pas dans les comptes de campagne de l'élection municipale.
By Anonyme, at 1:41 PM
Ca, je n'y avais pas pensé. Comme quoi on ne pense pas à tout... Merci Olivier pour la précision. Mais je me pose une nouvelle question: Pierre André est toujours en campagne, il ne rate aucune occasion de défendre son bilan. Est-ce que ça rentre dans ses comptes de campagne?
Et puis me vient à l'esprit une autre question: quand la députée européenne va t-elle politiquement, publiquement et clairement prendre position en faveur de la tête de liste et de sa stratégie d'alliance à l'extrême gauche? Est-ce que l'argument des comptes de campagne va intervenir à chaque manifestation d'importance? Est-ce une cause réelle ou un prêtexte?
Mais peut-être que je me pose trop de questions ... C'est aussi un peu mon métier, tu ne crois pas, Olivier? Déformation professionnelle, en quelque sorte!
By Emmanuel Mousset, at 1:58 PM
Après réflexion, la réponse d'Olivier me laisse dubitatif. Des dépenses électorales ne peuvent être affectées à un compte de campagne qu'à partir du moment où ce sont les propres dépenses du candidat, pas d'une tierce personne, même politiquement proche. Les dépenses d'Anne Ferreira ne peuvent pas, me semble-t-il, être inscrites sur le compte de campagne de Jean-Pierre Lançon. C'est le candidat qui doit faire attention à ses comptes de campagne, pas une autre personne qui parle du candidat. Ce n'est pas la mention de son nom qui aurait fait basculer le coût de la réception dans les comptes de campagne!
Sinon, cela signifierait, dans un raisonnement par l'absurde, qu'un inconnu qui fait le panégyrique d'un candidat alourdirait les comptes de campagne de celui-ci sans qu'il y soit pour quelque chose! Poussons encore plus loin la démonstration: on pourrait imaginer des adversaires affichant un faux soutien dans le seul objectif de plomber les comptes de campagne du rival.
Non, Anne Ferreira pouvait dire hier ce qu'elle voulait, le coût de la cérémonie n'aurait pas figuré dans les comptes de campagne du candidat aux municipales. C'est du moins ce que je pense. Mais peut-être que je pense mal ...
By Emmanuel Mousset, at 2:45 PM
200 à 250 personnes ç une cérémonie de voeux sur une ville comme St-quentin ne me parait pas être une xploit.
Sur chateau thierry, ville pourtant plus petite, les voeux de Jacques krabal (conseiller général) ou de Dominique Jourdain (maire) ont attiré bien plus de monde.
Et je suis d'accord avec toi, je vois pas en quoi cette cérémonie aurait pu entrer dans les compte de campagne du candidat socialiste...
By Anonyme, at 3:13 PM
A mon sens, la députée étant membre de la même organisation politique que la tête de liste, que cette réception à lieu dans la ville même du scrutin, je pense donc (à vérifier bien entendu) que cela pourrait être comptabilisé dans les comptes de campagne.
By Anonyme, at 5:13 PM
Il se dit beaucoup de choses inexactes sur les comptes de campagne, ce qui est un peu normal puisque le sujet est tout de même technique. Je prends un exemple qui m'a toujours intrigué, escomptant que certains lecteurs auront la réponse à mon interrogation:
Il serait interdit à un candidat d'avoir son local de campagne dans les murs d'une permanence d'élu. Ainsi, le candidat Jean-Pierre Lançon ne pourrait pas être hébergé dans la permanence de la députée européenne. Sinon, les comptes de campagne exploseraient (c'est un peu le même raisonnement que pour la cérémonie des voeux).
Mais alors, comment se fait-il que Pierre André met au dessus de sa permanence son slogan de campagne municipale, signifiant ainsi que c'est son local de campagne?
Il faudrait peut-être distinguer entre l'impossibilité juridique et l'impossibilité financière... C'est une piste...
By Emmanuel Mousset, at 8:25 PM
si votre débat n'était pas à pleurer,
il me ferait surement rire.
comment peut on écrire de telles aneries ?
Il y a vraiment dans votre camp des gens pour qui l'économie est quelque chose de bien trop compliqué et de bien, bien lointain.
De ce que je peux connaitre des institutions européennes, les voeux de Mme Ferreira ont été surement financé par le parlement européen car pris sur les fonds que le parlement européen lui alloue pour ce genre de réception.
Donc cela n'a rien à voir de pres ou de loin avec le financement d'une campagne municipale,
il faut vraiment ne pas etre au fait de ce que peut etre la démocratie pour faire rentrer cette question dans ce chapitre.
Mais peut etre que Mme Ferreira a eu peur que ses camarade d'extreme gauche l'accusent de détournement de fonds si elle avait mentionné le nom de la tete de liste aux municipales.
Vous devriez vous renseigner pour etre sur que tous les courants politiques que vous citez ne sont pas des marques déposés,
il serait bien capable sinon de vous demander des dommages et intérets pour avoir osé les citer...
je crois que la ligne de fracture avec vos camarades est bien trop importante
Je la résumerai simplement pour ou contre l'économie de marché
la ligne de fracture est en plein coeur du ps
et entre une extreme gauche contre et une droite qui est pour
comme dirait l'autre camarade choisit ton camp
et pendant ce temps là, au lieu d'utilier son temps et son énergie à voir comment réguler le marché
certains se battent inutilement en combat d'arrieres cours pour ou contre cette économie.
comme si le monde d'aujourd'hui était le meme que celui qu'ont connu vos camarades à 20a.
By grandourscharmant, at 8:42 PM
Le philosophe Spinoza avait pour formule, que je fais mienne: "Ne pas rire, ne pas pleurer, mais comprendre."
Croyez-moi, Grandours, il n'est pas indigne de chercher à comprendre, et c'est ce que nous faisons, car le problème est réel et la question pertinente. Bien évidemment, la cérémonie des voeux est financée par des fonds européens. Mais la question n'est pas là. Ce coût, à partir du moment où il est en rapport, même ténu, avec les élections municipales, peut-il être enregistré dans un compte de campagne? C'est une réflexion juridique tout à fait respectable.
Sur l'économie de marché: oui, je suis pour. Certains socialistes sont-ils contre? Je ne sais pas. Qu'ils le disent clairement! Le problème, c'est la régulation du marché, que Lionel Jospin en son temps n'a cessé de poser. Quelle est la tendance de la droite? La dérégulation du marché!
By Emmanuel Mousset, at 9:46 PM
La députée européenne m'a fait savoir, ce matin (lundi 28), que la cérémonie des voeux était financièrement prise en charge sur son compte personnel, et pas sur des fonds européens. Dont acte, et le débat est clos.
Je rappelle que ce débat autour des comptes de campagne n'a pas été évoqué par moi dans mon billet mais lancé par Olivier Tournay dans son commentaire.
Je rappelle aussi, à tout socialiste que mon blog gêne, qu'il existe dans notre parti une "commission des conflits", qu'ils peuvent s'adresser à elle s'ils s'estiment lésés par mes écrits.
Je rappelle enfin à tout citoyen qu'il existe aussi une justice, des procédures, des chefs d'accusation (diffamation, atteinte à la vie privée,...). Ceux qui ont quelque chose à me reprocher peuvent faire appel.
Les uns et les autres, je les attends. De pied ferme. Sûr de mon bon droit.
Et vive la liberté!
By Emmanuel Mousset, at 1:54 PM
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