L'Aisne avec DSK

23 janvier 2008

DSK et Gluckstein.

Bonsoir à toutes et à tous.

A la suite d'un commentaire sur ce blog concernant DSK et le rapport du FMI sur la France, j'ai reçu sur ma messagerie personnelle un texte envoyé par deux correspondants que je remercie. Il s'agit d'un article de Daniel Gluckstein, paru dans "Informations Ouvrières" n°824, semaine du 13 au 19 décembre 2007, intitulé "Les félicitations du FMI". Ce texte fait référence au rapport du FMI consacré à la France, dans lequel sont énoncées des mesures économiquement très libérales, et ce jugement:

"La France est en mouvement. L'élection d'un nouveau président et la nomination d'un gouvernement réformateur offrent à la France une occasion historique (...). Les priorités et la méthode du gouvernement en matière de réformes sont appropriées."

Daniel Gluckstein, en partant de là, se sent autorisé à poser une question qui pointe apparemment une contradiction:

"Comment comprendre que le dirigeant socialiste Strauss-Kahn approuve depuis Washington toutes les mesures de Sarkozy, auxquelles les dirigeants du PS, à Paris, disent vouloir s'opposer, avec les dirigeants des autres partis?"

La réponse est très simple. Chaque année, le FMI établit un rapport sur chaque pays, à partir de visites, d'enquêtes, d'analyses qui durent un an. Le dernier rapport, celui de 2007, a été élaboré durant toute l'année, et publié à Paris le 19 novembre 2007. Savez-vous quand DSK est devenu directeur-général du FMI? Le 1er novembre 2007, c'est-à-dire 18 jours avant la publication du rapport annuel, dont il n'est évidemment pas, délai oblige, l'auteur ni le responsable. Vouloir confondre DSK ne tient pas. Nous le jugerons en 2008 sur ce qui lui revient, pas sur ce qu'on lui impute faussement. Restons-en à ce qu'a dit DSK dimanche à la Mutualité, avec les socialistes: il faut sanctionner Sarkozy aux élections municipales.

En faisant cette remarque, ne croyez pas que je cherche à défendre à tout prix DSK. Je veux simplement rétablir une vérité. Pour le reste, je n'ignore pas le degré des difficultés qui l'attendent à la direction du FMI. Cette institution financière, de tradition libérale, ne sera pas facile à gérer pour un socialiste, et j'accepte de juger Strauss à ses vrais résultats. Nous verrons bien. Mais ce dont j'ai la certitude, et ce qui me distingue de la gauche révolutionnaire, c'est qu'en tant que socialistes réformistes, nous nous devons d'être présents dans ces grandes institutions internationales, car l'avenir du monde se joue là aussi. Le réformisme, contrairement à la gauche révolutionnaire, c'est l'acceptation des responsabilités dans la société telle qu'elle est, dans l'objectif de la transformer. Y compris au sein d'organismes tels que le FMI, très éloignés de la tradition socialiste.


Bonne nuit.

3 Comments:

  • Le problème de la « gauche révolutionnaire » est d'abord mental. Il lui faut faire rentrer le monde dans la représentation qu'elle s'en fait. Un esprit banal fait l'inverse, et tire une représentation du monde de ce qu'il en sait, en gros il part du réel et tire des conclusions. Le fou part du présupposé et le vit, il part de ses conclusions et s'en sert pour définir le monde. On constate alors le décalage évident entre sa façon de vivre et de celle des autres qui constituent alors la norme. Et vite fait, on appelle l'ambulance. Mais quand sur un point particulier un ensemble de fous tombent d'accord et élaborent un partage commun de leur délire, on arrive à un groupuscule politique. Le symptôme est manifeste dès qu'il y a inversion de la façon dont se relient le réel et la représentation mentale que l'on s'en fait. Pour le socialisme du réel tel que définit par DSK, nous sommes du bon coté de la barrière. Par contre pour les esprits marxisants, qui tentent de fondre dans leur moule mental le monde, leur place est à l'asile. Ils sont strictement aliénés à un dogme, l'aliénation définie la maladie mentale. Certains sont d'ailleurs plus atteints que d'autres, ceux qui échappent à tout raisonnement logique en constituant la forme extrême.
    Cette aliénation n'est pas propre à l'extrême gauche, elle existe et DSK l'a bien identifiée à la gauche du PS lui même, et toute la rénovation consiste à retrancher cette pathologie et ceux qui en sont atteints pour disposer d'un ensemble sain. Nous la retrouvons également à l'extrême droite, et tous les groupes terroristes, religieux ou politiques sont atteints du même syndrome, l'inversion de la carte au territoire.
    Le réformisme en ayant une représentation floue, car privilégiant le réel, n'est pas sujet à cette pathologie. Nous ne sommes donc pas sur un terrain proprement politique entre la « gauche révolutionnaire » et le socialisme réformiste, ce qui serait rapidement résolvable, mais bien sur un point de blocage entre deux niveaux de nature différente qu'il s'agit de dé-lier.

    By Blogger jpbb, at 11:50 AM  

  • - Je ne peux pas laisser dire que la place des "esprits marxisants" est "à l'asile", sauf s'il s'agit d'une boutade un peu "limite". Les opposants politiques à l'asile, c'était le système soviétique. Un réformiste ne peut pas reprendre cela.

    - Oui, l'aliénation politique existe, et pas seulement l'aliénation économique. Mais je ne crois pas qu'elle "échappe au raisonnement logique". Au contraire, la folie politique est l'aboutissement d'une logique, d'une dialectique, d'une rationalité qui se sont détachées du réel, qui tournent sur elles mêmes.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:41 PM  

  • Ce n'est pas mon propos d'enfermer une catégorie de la population sous prétexte qu'elle n'a pas un contrôle fiable de ses représentations mentales par rapport aux réel, elles en souffrent suffisamment comme cela dans leur vie de tous les jours, n'arrivant pas à être sereines. La perversion du système soviétique était que ces mêmes personnes enfermaient les autres indistinctement.

    On peut raisonner logiquement sur cet état de fait, cette aliénation, c'est d'ailleurs ce que nous faisons ici-même, et constater effectivement qu'une fois détachée du réel et tournant à vide, on puisse en arriver à toute une vie déclamant « camarades, on vous vole, on vous spolie... ». Non pas qu'il n'y ait pas de problème de misère, de vies aliénées à un travail voué à la simple survie. Mais que pour faire évoluer le système dans le bon sens pour améliorer la vie de tous et des plus démunis en particulier, il faille faire une critique qui parte du réel sans avoir à imposer le modèle désigné comme une nouvelle religion. La laïcité, c'est la liberté de croire, même à des dogmes politiques, mais c'est également la possibilité de ne plus y croire. On peut ne pas avoir de foi politique chevillée au corps et cependant faire un travail profitable à tous.

    By Blogger jpbb, at 2:09 PM  

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