L'Aisne avec DSK

21 janvier 2008

Gagnant ou perdant?

Bonjour à toutes et à tous.

Je ne sais pas trop quoi penser du texte sur la réforme du contrat de travail, que trois syndicat ont approuvé et qui permet au gouvernement de pavoiser. Cette question juridique est inévitablement technique. Il faut la remettre dans une perspective politique si on veut y voir plus clair. Pour moi, toute modification du contrat de travail doit appeler à la vigilance. C'est le coeur de l'activité professionnelle qui est en cause, c'est la relation salariés-employeurs qui est en jeu. Je crains beaucoup plus la droite dans ce domaine-là que dans celui des retraites.

Nicolas Sarkozy avait annoncé le "contrat unique", pour simplifier le maquis actuel des multiples sortes de contractualisation. Le premier enseignement, c'est qu'il a renoncé à cette revendication. C'est donc un recul pour la droite (mais il y a des reculs qui servent à mieux sauter!). Le président a laissé les partenaires sociaux négocier cette réforme. Xavier Bertrand, une fois de plus, a joué en coulisse un rôle prépondérant. Fini le contrat unique, et vive la "flexsécurité", drôle de mot, mélange de flexibilité et de sécurité. Je me méfie des drôles de mots, mais celui-ci pourrait me plaire. Il vient des social-démocraties nordiques, il ressemble à du donnant-donnant, une forme de compromis social: le contrat de travail est assoupli mais la sécurité de l'emploi est renforcée. Les chefs d'entreprise y gagnent, les salariés y gagnent. Où est le problème, où est mon inquiétude?

D'abord, il y a allongement de la période d'essai, ce qui rappelle fâcheusement le CPE. Ensuite, ily a ce licenciement à "l'amiable" qui renvoie à un face-à-face de mauvaise augure entre le salarié et l'employeur. Enfin, il y a cet étrange contrat "de mission", qui rappelle un peu le travail à la tâche, ou bien l'idée sarkozienne de ministres "missionnaires". Mes premières impressions ont été celles-là. Après, je me suis trouvé dans l'embarras, quand j'ai vu que trois syndicats avaient signé cet accord, dont FO, et deux autres refusé, dont la CGT. Qui croire? Qu'en penser? J'ai vu aussi que certaines fédérations patronales n'étaient guère satisfaites du résultat. Alors? Je reste dubitatif. Il faudrait que je lise, si j'en avais le temps, l'intégralité du texte, qui est disponible sur le site internet du Figaro. Sinon, je vous livre le commentaire qu'en fait cette semaine, sous la plume d'Alain Guédé, Le Canard Enchaîné, qui est ce que j'ai lu de plus limpide sur le sujet:

"Côté flexibilité, les patrons arrachent, notamment, aux syndicats des périodes d'essai un peu plus longues, un CDD dit "de mission" qui permet d'embaucher un cadre pour un boulot précis, limité à 36 mois, et une rupture de contrat de travail "à l'amiable". Cette mesure empêche le recours aux prud'hommes, mais elle remet dans le jeu la direction départementale du Travail qui doit valider ce divorce par consentement mutuel.
Côté sécurité, les salariés pourront toucher leurs allocs de chômage, en cas de démission, dans le cadre de cette rupture négociée. Ils obtiennent le doublement de leurs indemnités légales de licenciement et, surtout, le maintien sous condition de certaines garanties (mutuelle, droit à la formation, etc.). Le patronat s'est aussi engagé à lâcher des sous lors des prochaines négociations sur l'assurance-chômage."

Je ne sais pas si nous venons d'assister à une victoire du dialogue social, je ne sais pas si ce texte va dans le sens d'un compromis acceptable et favorable pour les salariés, mais si la réponse est oui, ce sera à nouveau un très joli coup de Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand, même si ce sont au bout du compte les partenaires sociaux qui ont rédigé le texte, même si la CGT n'est pas dans le coup.


Bon après-midi.