L'Aisne avec DSK

23 janvier 2008

Jamais non jamais.

Bonjour à toutes et à tous.

Je me suis rendu hier soir à Chaudun, entre Soissons et Villers-Cotterêts, pour la cérémonie de remise des lots de la souscription volontaire de la Fédération des Oeuvres Laïques de l'Aisne. Chaudun, c'est le village où est élevé une stèle à la mémoire du neveu de Jean Jaurès. Ségolène Royal, avant d'être candidate officiellle du PS, avait honoré de sa présence le lieu. La cérémonie que je préside, comme beaucoup de ce type-là, est très convenue, protocolaire et utilitaire. Les élus sont là pour montrer qu'ils sont là, les invités attendent leurs lots, les enfants qui ont vendu les billets s'impatientent, tout le monde attend le vin d'honneur. Président de la FOL, j'ai voulu faire de ces rencontres des actes de militantisme laïque. C'est mon droit, c'est même mon devoir puisque c'est ma fonction. Qui d'autres mieux qu'un laïque peut défendre la laïcité? Mais ça ne plait pas à tout le monde. C'était le cas hier soir.

Dans mon discours introductif, j'ai fait part des "préoccupations" des laïques en matière de ... laïcité. J'ai été courtois mais ferme, et assez offensif. Normal, puisque la laïcité est remise en cause, depuis le début de l'année, dans deux grands discours du chef de l'Etat, celui de Latran et celui de Riyad. J'ai pris la précaution de rappeler que nous étions républicains, et qu'à ce titre, nous respections le président de la République, mais que nous étions aussi des laïques, et que nous ne pouvions pas accepter l'idée, avancée par Nicolas Sarkozy, d'une supériorité de la religion sur toute autre forme de morale. Comment la FOL, qui regroupe de nombreux instituteurs et professeurs des écoles, pourrait accepter, comme l'a fait le chef de l'Etat, d'établir une hiérarchie entre l'instituteur et le prêtre, où ce dernier a la prééminence? J'ai terminé en soulignant que ma démarche n'était pas partisane et que mon désir était grand de voir mes "préoccupations" dissipées.

La réaction du conseiller général du canton, Hervé Muzart, du groupe UMP, ne s'est pas fait attendre. Sauf qu'il ne m'a pas répondu sur le fond mais sur la forme, en disant que ce n'était pas le lieu pour tenir de tels propos. Je n'ai pas voulu polémiquer et je n'ai pas repris sa remarque. Déjà, il y a deux ans, lors de l'assemblée générale de la FOL à Cuffies, près de Soissons, Pascal Tordeux, autre conseiller général du groupe UMP, m'avait fait le même reproche. Mais bon sang, qu'on me critique sur ce que je dis et pas sur autre chose! Certaines personnes, et aussi parfois, hélas, de gauche, ont peur de la liberté. Toute parole un peu franche les effraie. Il faudrait s'exprimer en langage convenu, en termes diplomatiques. Eh bien non! Je parle comme je veux, où je veux, de ce que je veux, devant qui je veux, adversaires de droite, camarades socialistes, ennemis d'extrême droite, rivaux d'extrême gauche. Ca porte un nom: la République. J'exprime mes convictions, libres à chacun de les contester ensuite, aussi fortement que je puis les exprimer. Mais jamais, entendez-vous, jamais je ne me tairais, ni ne cesserais d'exprimer ce que je pense, par exemple sur ce blog.


Bon après-midi.

4 Comments:

  • Et bien Emmanuel, on est au moins deux à exiger le droit total à l'expression. C'est fondamental.

    By Anonymous Anonyme, at 2:41 PM  

  • Et c'est pourtant tellement banal. Pourquoi avoir besoin de rappeler ce droit? Décidemment, les hommes n'aiment pas la liberté. Ils aspirent, pour beaucoup, à la soumission ...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:27 PM  

  • Je suis tout à fait d'accord avec votre "colère" nous sommes en république donc nous avons le devoir d'exprimer notre opinion SURTOUT lorsque l'on attaque la laïcité à laquelle je suis très attachée même si j'ai reçu une éducation très catholique.
    Je ne pense pas qu'en tant que président de la F.O.L. vous ayez fait part de vos convictions politiques, d'un part je crois que vous avez raison de réagir mais d'un autre côté le coup de "gueule" ne fait que soulager votre colère.

    By Anonymous Anonyme, at 7:15 PM  

  • En tant que président de la FOL, je m'abstiens de toute prise de position politique. Ce n'est pas mon rôle. J'ai pour mandat de défendre la laïcité, et je critiquerais avec la même force un pouvoir de gauche. C'est ça aussi la liberté!

    Précision: hier à Chaudun, je n'ai pas eu un "coup de gueule", ni même une colère, mais j'ai été, comme à mon habitude, passionné et offensif. Je crois que la colère est mauvaise conseillère. Il faut rester dans la maîtrise de soi. Ce qui est amusant, c'est de constater à quel point la passion est vécue comme une agression par ceux qu'aucune passion ne motive...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:44 PM  

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