Echouer ou réussir.
Bonjour à toutes et à tous.
Je me pose souvent la question: réussir ou échouer en politique, ça veut dire quoi? Est-ce que ça a un sens? Je suis toujours surpris d'entendre des amis de gauche récuser ces deux termes. Pour eux, finalement, il ne faut pas chercher à réussir en politique (c'est très mal vu, on passe pour un "ambitieux", au sens le plus négatif), et conséquemment, il n'y a pas non plus d'échec en politique. Je trouve ce point de vue un peu facile, et pour tout vous dire, assez hypocrite. Les personnes que je croise et qui font de la politique en attendent toujours quelque chose, parfois pas grand chose, mais leur engagement n'est jamais absolument gratuit. Des militants purs et durs, qui agissent entièrement par convictions, je n'en connais pas beaucoup. C'est d'ailleurs normal. Un être humain pense d'abord à lui, à sa vie, à son travail, à sa famille, il ne va pas s'embêter à défendre une cause qui ne le concerne pas directement et dont l'issue est incertaine. Pour tous ceux là, qui attendent quelque chose mais pas grand chose de la politique, la défaite ne les gêne pas fondamentalement, ils ne la considèrent pas comme un échec. Ils se satisfont de peu.
En ce qui me concerne, je ne me reconnais pas dans le comportement que je viens de décrire. Pour moi, réussir et échouer en politique, ça veut dire quelque chose. Ce qui permet de mesurer une action, n'importe laquelle, c'est tout de même sa réussite ou son échec. Faire de la politique en aveugle, se contenter de ce qui arrive et s'en satisfaire, non merci. Il faut être lucide sur ce qu'on est et sur ce qu'on fait, être en capacité d'évaluer ses réussites et ses échecs. Si j'applique cette méthode à moi même (à la différence de beaucoup qui appliquent leurs idées aux autres mais jamais à eux-mêmes!), où en suis-je politiquement?
Je me suis installé à Saint-Quentin il y a exactement 10 ans, j'y travaillais depuis 4 ans, mais logeant à Paris. En août 1998, je connaissais très peu de monde dans la ville. En décembre 1998, j'ai fondé le café philo, qui existe toujours et marche très bien. En 1999, je suis devenu secrétaire de la section socialiste, jusqu'en 2003. En 2004, j'ai été candidat aux cantonales, avec un score honorable. Fin 2004, je suis devenu président de la Fédération des Oeuvres Laïques de l'Aisne, un mandat qui n'est pas seulement associatif mais politique. Je suis membre du bureau fédéral du parti depuis 2003, et animateur du courant strauss-kahnien dans le département. Ce que je mets à mon actif? Avoir réussi à me construire une petite notoriété locale à travers mes multiples activités, attestée par ma présence régulière dans la presse. A mon passif? L'incapacité, de fait, à faire entendre ma voix, à m'imposer lors des municipales de 2001 et celles de 2008. Ai-je échoué, ai-je réussi, au moment de faire le bilan? Honnêtement, j'ai échoué. Ce qui est étrange, c'est que j'ai réussi là où je tenais le moins à réussir (la vie associative) et j'ai échoué là où j'avais le plus à coeur de réussir (la politique).
Quand je me suis installé à Saint-Quentin il y a 10 ans, j'ai croisé alors un élu qui n'était pas grand chose. Il venait de se faire élire l'année précédente conseiller général dans un canton acquis à la droite, son camp. Il était aussi maire-adjoint et tenait sa popularité de quelque chose qui n'était pas politiquement gigantesque: l'installation d'une plage d'été au centre ville. Mais cet homme-là, beaucoup me disait qu'il avait "tout pour réussir". Pourtant, je ne voyais rien en lui d'exceptionnel qui le confirme. Eh bien, il est devenu député en 2002, secrétaire d'Etat puis ministre, et aujourd'hui est bien placé pour aller à Matignon, et qui sait, dans 10 ans, 15 ans, 20 ans, 25 ans, songer à l'Elysée. Il est jeune, il a donc la vie devant lui. Vous avez bien sûr reconnu Xavier Bertrand. A-t-il réussi, a-t-il échoué? Hélas oui, pour les idées qu'il représente et que je combats, il a réussi. Avez-vous compris pourquoi, à mes yeux, échouer et réussir, ces mots ont un sens, même en politique?
Une dernière chose, peut-être la plus importante: j'ai échoué, mais si un jour prochain ou lointain je devais réussir, ce serait contre cet homme-là. Je l'ai su la première fois où nos regards se sont croisés. J'en ai la certitude parce que je suis le seul qui soit en capacité de l'affronter. Je ne peux pas vous dire pourquoi, c'est plutôt instinctif (et je peux donc me tromper dans mon jugement). Affronter ne veut pas dire vaincre. Il est beaucoup plus fort que moi. Mais si un jour une victoire était possible, ce serait celle-là, contre cet homme-là. On en reparlera, vous verrez. Dans 5 ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans ...
Bonne journée.
Je me pose souvent la question: réussir ou échouer en politique, ça veut dire quoi? Est-ce que ça a un sens? Je suis toujours surpris d'entendre des amis de gauche récuser ces deux termes. Pour eux, finalement, il ne faut pas chercher à réussir en politique (c'est très mal vu, on passe pour un "ambitieux", au sens le plus négatif), et conséquemment, il n'y a pas non plus d'échec en politique. Je trouve ce point de vue un peu facile, et pour tout vous dire, assez hypocrite. Les personnes que je croise et qui font de la politique en attendent toujours quelque chose, parfois pas grand chose, mais leur engagement n'est jamais absolument gratuit. Des militants purs et durs, qui agissent entièrement par convictions, je n'en connais pas beaucoup. C'est d'ailleurs normal. Un être humain pense d'abord à lui, à sa vie, à son travail, à sa famille, il ne va pas s'embêter à défendre une cause qui ne le concerne pas directement et dont l'issue est incertaine. Pour tous ceux là, qui attendent quelque chose mais pas grand chose de la politique, la défaite ne les gêne pas fondamentalement, ils ne la considèrent pas comme un échec. Ils se satisfont de peu.
En ce qui me concerne, je ne me reconnais pas dans le comportement que je viens de décrire. Pour moi, réussir et échouer en politique, ça veut dire quelque chose. Ce qui permet de mesurer une action, n'importe laquelle, c'est tout de même sa réussite ou son échec. Faire de la politique en aveugle, se contenter de ce qui arrive et s'en satisfaire, non merci. Il faut être lucide sur ce qu'on est et sur ce qu'on fait, être en capacité d'évaluer ses réussites et ses échecs. Si j'applique cette méthode à moi même (à la différence de beaucoup qui appliquent leurs idées aux autres mais jamais à eux-mêmes!), où en suis-je politiquement?
Je me suis installé à Saint-Quentin il y a exactement 10 ans, j'y travaillais depuis 4 ans, mais logeant à Paris. En août 1998, je connaissais très peu de monde dans la ville. En décembre 1998, j'ai fondé le café philo, qui existe toujours et marche très bien. En 1999, je suis devenu secrétaire de la section socialiste, jusqu'en 2003. En 2004, j'ai été candidat aux cantonales, avec un score honorable. Fin 2004, je suis devenu président de la Fédération des Oeuvres Laïques de l'Aisne, un mandat qui n'est pas seulement associatif mais politique. Je suis membre du bureau fédéral du parti depuis 2003, et animateur du courant strauss-kahnien dans le département. Ce que je mets à mon actif? Avoir réussi à me construire une petite notoriété locale à travers mes multiples activités, attestée par ma présence régulière dans la presse. A mon passif? L'incapacité, de fait, à faire entendre ma voix, à m'imposer lors des municipales de 2001 et celles de 2008. Ai-je échoué, ai-je réussi, au moment de faire le bilan? Honnêtement, j'ai échoué. Ce qui est étrange, c'est que j'ai réussi là où je tenais le moins à réussir (la vie associative) et j'ai échoué là où j'avais le plus à coeur de réussir (la politique).
Quand je me suis installé à Saint-Quentin il y a 10 ans, j'ai croisé alors un élu qui n'était pas grand chose. Il venait de se faire élire l'année précédente conseiller général dans un canton acquis à la droite, son camp. Il était aussi maire-adjoint et tenait sa popularité de quelque chose qui n'était pas politiquement gigantesque: l'installation d'une plage d'été au centre ville. Mais cet homme-là, beaucoup me disait qu'il avait "tout pour réussir". Pourtant, je ne voyais rien en lui d'exceptionnel qui le confirme. Eh bien, il est devenu député en 2002, secrétaire d'Etat puis ministre, et aujourd'hui est bien placé pour aller à Matignon, et qui sait, dans 10 ans, 15 ans, 20 ans, 25 ans, songer à l'Elysée. Il est jeune, il a donc la vie devant lui. Vous avez bien sûr reconnu Xavier Bertrand. A-t-il réussi, a-t-il échoué? Hélas oui, pour les idées qu'il représente et que je combats, il a réussi. Avez-vous compris pourquoi, à mes yeux, échouer et réussir, ces mots ont un sens, même en politique?
Une dernière chose, peut-être la plus importante: j'ai échoué, mais si un jour prochain ou lointain je devais réussir, ce serait contre cet homme-là. Je l'ai su la première fois où nos regards se sont croisés. J'en ai la certitude parce que je suis le seul qui soit en capacité de l'affronter. Je ne peux pas vous dire pourquoi, c'est plutôt instinctif (et je peux donc me tromper dans mon jugement). Affronter ne veut pas dire vaincre. Il est beaucoup plus fort que moi. Mais si un jour une victoire était possible, ce serait celle-là, contre cet homme-là. On en reparlera, vous verrez. Dans 5 ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans ...
Bonne journée.
4 Comments:
MDR le dernier paragraphe... Emmanuel Mousset, l'Homme providentiel ! (allez viens dans les manifs un peu plus souvent, et peut-être seras tu davantage crédible).
Cordialement.
By Anonyme, at 12:34 AM
Si j'étais l'homme providentiel, ça se saurait!
De toute façon, je ne crois pas, moi ou un autre, en la notion d'homme providentiel.
La dernière remarque m'échappe complètement: sauf impossibilité majeure, je n'ai pas raté une seule manif sur St Quentin depuis que j'y habite. Je ne m'en vante pas: il y en a assez peu d'organisés. Et quand il y en a, nous sommes généralement assez peu nombreux à y participer.
Il m'est même arrivé d'organiser des manifs, contre Charles Baur et contre Marine Le Pen!
Ma crédibilité, si je pouvais l'obtenir dans les manifs, ce serait trop beau ... et tellement simple. Non, le problème est ailleurs: pour réussir à gauche, à St Quentin (c'est-à-dire être le mieux placé pour échouer), il ne faut surtout pas faire preuve d'une quelconque crédibilité (voir mes billets consacrés à la polémique sur la notion de compétence).
By Emmanuel Mousset, at 10:49 AM
Pas une seule ? Cf manifs contre la réforme des retraites en 2003 (2 ou 3 par semaines)
By Anonyme, at 12:24 PM
Les manifs de 2003, j'y étais. Je suis même fidèle au rassemblement du 1er mai organisé par la CGT, où nous ne sommes généralement qu'une petite cinquantaine. J'aime beaucoup aussi ce que j'appelle les manifs d'été, parce qu'elle mobilise très peu malgré leur importance (mais tout le monde est en vacances!): manifs contre la guerre au Liban l'été 2006, manif contre le service minimum dans les transports en 2007. Je crois même pouvoir dire que je suis le recordman en matière de manifs parmi les socialistes! Ou alors, qu'on me donne le nom d'un camarade qui fasse mieux, mais franchement, je n'en vois pas. Ceci dit, on ne va pas jouer non plus à celui qui pisse le plus loin ou qui a la plus grosse ...
By Emmanuel Mousset, at 3:53 PM
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