L'Aisne avec DSK

20 janvier 2008

En marge de Crouy.

Bonjour à toutes et à tous.

Thierry m'a fait parvenir dès hier soir (merci pour la rapidité!) un compte rendu de la réunion rénovatrice de Crouy beaucoup plus complet que mon bref résumé. Si ce texte vous intéresse, je peux vous l'adresser par courrier électronique, en me contactant sur ce blog ou à mon adresse: emmanuel.mousset@wanadoo.fr

En marge de la rencontre, quelques camarades m'ont titillé gentiment sur la situation à Saint-Quentin, avec deux questions-reproches: Pourquoi ne t'es-tu porté candidat? Tu aurais dû! Pourquoi ne vas-tu pas sur la liste? Tu devrais! Comme ces camarades sont bienveillants à mon égard, comme il n'y a aucun cynisme ou malice de leur part, comme je n'ai pas eu le temps hier de développer longuement mes réponses (ce n'était pas le sujet de la réunion!), je vais le faire en ce dimanche matin, définitivement:

Je n'ai pas été candidat pour 5 raisons:

1- Par conformité à mes idées: pour gagner, il faut un candidat qui fasse l'unanimité. Ce n'était pas mon cas.

2- Par fidélité à mes engagements: j'avais annoncé que je ne serai pas candidat contre un autre socialiste.

3- Par lucidité politique: supposons que je me présente. Stéphane se présente aussi, il n'a aucune raison de ne pas le faire. Jean-Pierre bien sûr se présente, pour une autre raison que Stéphane et moi: il est le représentant d'un courant qui veut "exister", se compter, s'assurer qu'il aura des places sur la liste, au moins au prorata de son résultat. Conséquence: on est trois candidats. Dans ces conditions, je ne peux pas l'emporter. Je sais en gros qui va voter pour moi, ce n'est pas assez (j'exclus de mon calcul ceux qui prétendent me soutenir et qui, le moment venu, voteront comme ils l'ont toujours fait pour le représentant de leur courant).

4- Mais il y a pire: en me présentant, je prends le risque de priver Stéphane des voix suffisantes qui lui permettraient de gagner. Je suis dans l'impossibilité d'évaluer exactement ce risque, mais il existe, c'est certain. Réfléchissez bien à ce paradoxe apparent: en me présentant, je fais le jeu de Jean-Pierre, nous nous retrouvons dans la situation actuelle, sauf que le candidat désigné obtient la légitimité politique des urnes, alors qu'aujourd'hui il ne peut se prévaloir que de la légalité et de la procédure.

5- Allons encore plus loin dans les hypothèses: je me présente, et par une combine tactique (comme celle qui m'a fait devenir candidat aux cantonales de 2004 contre ... Stéphane, et avec les voix poperénistes!), je me retrouve tête de liste, mais sans véritable soutien politique autre que ... tactique. Pour une cantonale, ça peut passer, et en 2004, tout s'est bien passé. Mais pour une municipale, où l'on n'est pas seul mais à la tête d'une équipe, où l'on doit négocier avec des partenaires, la cohésion de la section et la crédibilité de son candidat sont indispensables. Regardez le bazar actuel!
Autant préparer l'avenir, laisser passer son tour, que de se retrouver dans une telle situation d'échec. Pour Jean-Pierre, c'est bien sûr différent: son objectif est de redevenir conseiller municipal et d'apporter quelques places à son courant, peu lui importe finalement le bordel ambiant. Je ne suis pas, moi, dans une telle perspective.

Je ne vais pas sur la liste pour 5 raisons:

1- Par cohérence: on ne peut pas contester violemment ce qui se passe et au bout du compte se retrouver sur la liste, derrière un candidat dont on pense qu'il ne rassemble pas. Ce serait contradictoire! Je ne peux pas dénoncer l'alliance avec l'extrême gauche et me retrouver, du jour au lendemain, à ses côtés sur une liste.

2- Cette liste va perdre, et sans doute plus durement qu'on ne le croit. Je n'ai aucun intérêt politique à la rallier. J'ai même tout intérêt à m'en dissocier, prendre date, préparer l'avenir.

3- Certains camarades me disent: conseiller municipal, tu auras un certain poids que tu n'auras pas en restant à l'extérieur. Tu seras ainsi mieux à même de préparer l'avenir. Quel poids? Un conseiller municipal d'opposition n'a aucun pouvoir, et je dirais même qu'à Saint-Quentin un conseiller municipal de la majorité n'a pas de pouvoir non plus (les propos de Pierre André sont très clairs là-dessus!). Alors ...

4- Et puis, conseiller municipal, je dois me ranger derrière la tête de liste, qui donne le ton, impulse la ligne d'opposition ... qui n'est pas la mienne. Ma stratégie d'une opposition constructive a été rejetée au profit d'une classique opposition frontale, à laquelle l'extrême gauche va donner toute son ampleur, je n'en doute pas! Dans ces conditions, non, je n'ai pas intérêt à me retrouver sur cette liste.

5- Pendant 7 ans, de 2001 à aujourd'hui, j'ai eu une "existence" politique, modeste certes, inefficace sans doute, mais réelle. Pourtant, je n'étais ni conseiller municipal, ni responsable de la section, je n'avais même pas d'activités politiques directes. Il faut se sortir de la tête qu'on a une influence politique uniquement les fesses sur un strapontin. Il y a bien d'autres façons de militer. Je me dis parfois que je suis plus utile, plus efficace, que je prépare mieux l'avenir, que je touche plus de monde, en un mot que je suis plus "politique" dans mes activités associatives que sur le banc des conseillers municipaux d'opposition. Il n'en reste pas moins vrai qu'en politique l'objectif c'est le pouvoir, l'exercice des responsabilités, mais dans des conditions autres que celles de la gauche saint-quentinoise aujourd'hui.

A ceux qui connaissent par coeur et depuis longtemps ces arguments, qu'ils me pardonnent de les avoir ennuyés. A ceux qui doutaient de mes raisons, ils n'ont désormais plus aucunes excuses. A ceux qui pensent encore, après tout ce que je viens d'expliquer, que j'ai tort, qu'ils me le fassent savoir. C'est dimanche, profitez-en!


Bonne matinée.

2 Comments:

  • Voici un compte-rendu partiel de la "1ère rencontre des rénovateurs de l’Aisne".

    Nous étions une dizaine : Pierre, Gilles, Claire, Véronique, Paul, Fatima, Dominique, Emmanuel, Sylvain, moi-même… et quelques retardataires qui ne se sont pas présentés.

    On s’est d’abord exprimé sur la nécessaire rénovation des pratiques politiques, à la lumière des conflits socialo-socialistes observés à Saint-Quentin, Château-Thierry et Guise.
    - On doit trouver un nouvel équilibre entre les collectifs militants (fédération, sections,…) et les collectivités locales (conseil général, mairies, …). Actuellement, à défaut de réelle articulation, on déplore une confusion entre ces deux ensembles.
    - Le cumul des mandats, associé à la multiplication des scrutins, a une conséquence fâcheuse : les responsables locaux sont continuellement en campagne et ne prennent pas le temps de rencontrer les militants (en réunions de section par exemple) pour leur rendre compte des diagnostics et des solutions politiques envisagées.
    - Quelle que soit l’élection, la désignation d'un candidat devrait concerner un large ensemble d’électeurs, plus représentatif que les seuls adhérents d’une section PS. En Italie, tout sympathisant peu participer à des primaires, moyennant une somme minime (5 €).
    - Il est regrettable que le montant de la cotisation PS soit inégalitaire et opaque (disparités entre régions, absence d’affichage). De plus, ce montant est trop élevé pour favoriser la création d’un parti de masse.
    - On déplore que toute progression politique soit bloquée, quand on est militant socialiste "de base". L'obligation de parité hommes-femmes, techniquement facile à mettre en oeuvre, a permis l'émergence de nouvelles responsables politiques. Mais "l'ascenseur social" du PS s'est arrêté là... Sur ce point, l'UMP s'est montrée plus progressiste, en ne considérant pas sa base comme une simple "réserve de colleurs d'affiches".

    Il a aussi été question de la démocratie interne du Parti Socialiste, qui a montré ses limites et ses dérives.
    - Le système des courants est source de conflits intestins. De plus, quand plusieurs présidentiables sont issus d’un même courant (Hollande, Royal, Strauss-Kahn, …), la personnalisation est favorisée.
    - L’autorité du 1er secrétaire est indispensable, pour assurer la cohérence du discours socialiste et éviter les cacophonies qui portent tort à l'ensemble du parti.
    - Le principe des primaires est louable, mais le 1er secrétaire est sûrement le plus apte à défendre le projet socialiste.

    Enfin on s’est exprimé sur l’articulation entre le futur projet socialiste et le futur 1er secrétaire : le congrès de 2008 doit-il être un congrès de désignation ?
    Pour certains, le projet est prioritaire sur la désignation du futur candidat (les idées d’abord, les personnes ensuite).
    Mais la plupart sont en désaccord :
    - Un présidentiable, à la tête du PS, n’est pas sûr de le rester quelques années après (demandez à François Hollande…).
    - Avec un 1er secrétaire "de transition", les présidentiables resteront en retrait de l’élaboration du projet et continueront à "se regarder en chiens de faïence". Et le prochain candidat socialiste aura bien du mal à s’approprier un projet conçu par d’autres (ce fut le cas en 2006).
    - La personnalisation de la politique est inévitable, dans notre régime présidentiel. Pour que le projet socialiste soit crédible, il doit être porté par une personnalité crédible, qui aura mené la rénovation et sera candidat en 2012.

    Thierry

    By Anonymous Anonyme, at 8:48 PM  

  • Merci à Thierry pour ce compte rendu, qui n'engage pas bien sûr collectivement les personnes présentes, mais offre une base de réflexion individuelle, en attendant peut-être pour plus tard une prise de conscience collective.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:29 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home