La cérémonie des voeux.

Bonsoir à toutes et à toutes.

La journée a été un peu crevante pour moi: cours toute la matinée, après-midi au forum de l'étudiant à Amiens avec les élèves, et aussitôt rentré, juste le temps de mettre mon costume et ma cravate pour me rendre aux voeux de Pierre André, au Palais de Fervaques. Je sais, certains camarades vont encore me le reprocher (mais que ne me reproche-t-on pas? Bientôt, on dira que c'est de ma faute si la gauche a échoué à Saint-Quentin!): tu n'as pas à aller aux voeux du maire, c'est un homme de droite, il fait sa propagande, tu te compromets, etc.

Je connais la chanson, je la récuse totalement. La cérémonie des voeux du maire est une tradition républicaine, à laquelle je participe chaque année depuis que j'habite à Saint-Quentin. Bien sûr, je préfèrerais que ce soit un socialiste qui préside cette grande cérémonie (il y avait ce soir pas moins de 1500 personnes). Mais les saint-quentinois se sont donnés comme maire Pierre André, en 2001, à 71%. Que voulez-vous que j'y fasse! En tout cas, il y a une courtoisie républicaine qui veut qu'on s'incline devant le suffrage universel, y compris lorsque le résultat, ce qui est mon cas, ne vous convient pas.

La gauche a tort de boycotter cette cérémonie. Il faut être présent! Croyez-vous que les 1500 à 2000 personnes soient toutes de droite, acquises à Pierre André? Bien sûr que non! La gauche doit donc être présente, pour affirmer son existence. Je l'ai fait ce soir à ma façon, je ne suis qu'un simple militant, mandaté par personne. Mais je veux, je tiens à témoigner. Rien ne m'est plus insupportable que de constater que nous laissons le terrain à la droite, qui en profite, bien évidemment. Je ne prétends pas avoir été le seul, bien sûr, à jouer ce rôle: Jean-Louis Cabanes, conseiller municipal, était là, sur scène, bien seul au milieu de cette équipe de droite. Maurice Vatin était là aussi, figure historique du socialisme saint-quentinois, et d'autres sûrement, que je n'ai pas rencontrés.

Dans la cohue, j'ai croisé Freddy, leader du MRC, à qui j'ai souhaité une bonne année, sans l'interroger, par politesse, sur les rumeurs qui le donnent partant sur la liste de Pierre André. J'ai un principe: les rumeurs, je les mets à la poubelle. Ce qui m'intéresse, c'est la vérité, et rien qu'elle. Cécile Leclercq, du journal L'Union, me demande ce que j'ai pensé du discours de Pierre André, en tant que socialiste. Je lui réponds que son intervention m'a semblé assez neutre politiquement, moins engagée que d'habitude. Et puis, dans le cours de la soirée, je me suis dis, après coup, que la règle électorale devait imposer une certaine neutralité au candidat sortant dans l'exercice de sa fonction, d'où ce discours dans lequel chacun, de droite ou de gauche, pouvait se reconnaitre.

Le maire, justement, je l'ai croisé lors de la cérémonie. Il m'a tenu d'aimables propos et fait une proposition que j'ai déclinée, pour les raisons qu'il sait et que je lui avais déjà exposées à la fin du mois d'août. Saint-Quentin est une ville moyenne qui a besoin d'une droite et d'une gauche, et je suis à gauche. Ma mission, c'est de rénover cette gauche, de la rendre crédible et forte, ce que je m'efforce de faire, avec d'autres. Ce n'est pas facile, j'en conviens, les choses ne se déroulent pas au mieux, c'est certain. Mais ma seule mission, c'est celle-là. J'ajouterai, sans forfanterie, que la droite aurait tout à gagner à avoir en face d'elle, dans une opposition sérieuse, une gauche qui joue pleinement son rôle, à la fois critique et constructif, préparant pour demain l'alternance, qui fait partie de la vie d'une démocratie.


Bonne soirée.


PS: je vous disais hier que mon blog était lu essentiellement par la gauche. Il y a aussi des gens de droite qui s'y intéressent, et non des moindres, j'en ai eu la surprise ce soir. Quoi qu'il en soit, je ne varie pas de ligne: vérité-sincérité-défense de mes convictions, pour que la gauche se rénove, pour préparer l'alternance.