L'Aisne avec DSK

06 janvier 2008

L'arbre des valeurs.

Bonsoir à toutes et à tous.

Nos camarades de Guise, Claudine, Thierry, Jacky, Philippe, ont mené une intéressante réflexion sur les "valeurs" de gauche, résumée sous forme d'un arbre, que vous pouvez consulter sur le site segolaisne.over-blog.com . Comme le précise le commentaire qui accompagne ce schéma, il est indispensable, en vue des présidentielles de 2012, de bien distinguer valeurs de droite et valeurs de gauche. Mais cette tâche n'est pas simple, ces valeurs étant souvent interchangeables. Sarkozy a fait de la "valeur travail" un thème de campagne. Mais cette valeur appartient tout autant, sinon plus, à la gauche. Alors, que faire? Nos camarades répondent par une interprétation et une hiérarchisation différentes de celles de la droite. D'où l'idée de l'arbre.

Cette démarche me semble importante parce que les "valeurs" sont à la base de toute démarche politique. Avant de constituer un programme, il faut savoir et proclamer sur quelles bases il repose. Sarkozy a gagné sur des valeurs. Prenez la formule "travailler plus pour gagner plus": elle ne veut rien dire, elle n'apporte rien de nouveau, le système des heures supplémentaires existe depuis longtemps. Même avec les 35 heures, on peut toujours travailler plus si on veut gagner plus. Qu'est-ce qui a donné tant d'impact et d'efficacité à ce slogan? Le fait qu'il a été perçu (à mes yeux à tort) comme une revalorisation du travail, alors que les 35 heures ont été perçues (de nouveau à tort) comme sa dévalorisation. La liaison travail et pouvoir d'achat, dans une société de plus en plus façonnée par des réflexes consommateurs, a aussi été particulièrement percutante.

Une remarque en matière de vocabulaire (mais les mots ont leur importance quand il s'agit des valeurs): je n'aime pas trop le discours sur les "valeurs", qui est plutôt le fait de la droite, et qui revient à vouloir remplacer un projet économique et social , celui de la gauche, par une posture morale, celle qu'adopte souvent la droite. Je préfère employer le terme de "principe" ( ce qui est premier, c'est-à-dire les fondements) ou celui de finalité, d'idéal, qui renvoient à quelque chose qu'il faut construire (le propre du progressisme) et non pas à préserver (le propre du conservatisme).

Maintenant, nos camarades de Guise ne m'en voudront pas si je vois un peu autrement l'arbre qu'ils nous suggèrent et si ma hiérarchisation est un peu différente (mais sur le fond, on se rejoint, puisque toutes ces valeurs se tiennent, comme le souligne Thierry):

1- La base de l'arbre, c'est-à-dire la "ligne idéologique", se résume en une valeur: la solidarité. Pour ma part, je mettrai plutôt l'égalité. Un homme de droite n'est pas trop gêné par la solidarité. En revanche, il insistera plutôt sur les différences entre les hommes et les hiérarchies entre eux. L'égalité me semble être la plus forte valeur de gauche, car la plus radicale. Tout à côté de l'égalité, je poserai la liberté, en préférant le mot d'émancipation, c'est-à-dire plus la libération que la liberté (car celle-ci est aussi à la base du libéralisme).

2- Le tronc de l'arbre désigne les "valeurs fondatrices": justice et équité, puis liberté individuelle et responsabilité collective, proposent nos amis guisards. Justice, je suis d'accord, et je préciserai: justice sociale. Mais j'y joindrai la laïcité, qui elle aussi, comme l'égalité, est fortement marquée à gauche. La laïcité est d'ailleurs une application de l'égalité, et la justice sociale vise à l'émancipation des hommes.

3- Les branches de l'arbre concernent les "valeurs dérivées", qui sont nombreuses (comme un feuillage est touffu!). Je couperai trois de ces branches: l'identité, l'ordre et le mérite, qui relèvent trop, selon moi, d'une idéologie de droite (même "dérivées"!). L'identité, je ne sais pas ce que c'est. Un individu (tiens, pourquoi pas cette valeur: l'individu?) qui est libre n'a pas d'identité bien définie, ou alors de multiples. L'identité nationale, n'en parlons même pas, on voit ce que Sarkozy et Le Pen en font. L'ordre n'a pas de valeur en soi, car il peut désigner le pire des régimes. Tout dépend ce qu'on en fait. La droite agit généralement au nom de l'ordre. Quant au mérite, c'est une valeur strictement personnelle, qu'on ne peut pas élever en principe politique (un peu comme la famille). Je pense, peut-être un peu durement, que personne ne mérite rien, moi le premier. Chacun doit récolter les résultats de ses choix, actions et travaux, un point c'est tout. Le mérite est une sorte de médaille et je déteste les médailles.

Voilà ma contribution à la réflexion de Claudine, Thierry, Jacky et Philippe. Je recommande aux sections socialistes de l'Aisne d'aller puiser dans ce travail et d'en faire éventuellement un sujet pour leurs réunions.


Bonne soirée.

6 Comments:

  • La reflexion autour des valeurs ou des principes est en effet primordiale. C'est ce qui doit nous occuper les prochaines années. La déclinaison en programme et en idées viendra après, au moment des élections.

    Je conseille à ce titre la lecture d'un ouvrage (en réalité en 2 volume) sorti il y a un an ou 2 intitulé "histoire des gauche en France" sous la direction de Jean-Jacques Becker et Gilles Candar (La découverte Poche).

    Le premier volume est consacré au 19° siècle et le deuxième au 20° siècle. Le récit n'est pas linéaire mais découper en chapitre autour de thème. Et pour chaucun de ces thèmes, l'auteur reprend une chronologie de l'évolution de ce thème vu par la gauche française. Lecture parfois difficile suivant les chapitres mais toujours intéressante.

    L'idée d'appartenance d'une valeur à un camp est parfois surprenante. On assiste parfois à un véritable ping pong. Certaines valeures appartenant succéssivement à la droite ou à la gauche suivant les périodes. La nation par exemple ou le travail.

    By Anonymous Anonyme, at 8:51 PM  

  • Le blog que tu cites dans ton billet est intéressant. Je le découvre seulement.

    Je crois comprendre que ces camarades de Guise vont participer à la réunion du 19. Je suis impatient de les rencontrer.

    By Anonymous Anonyme, at 8:53 PM  

  • Sarkozy s'est planté, il faut travailler « mieux » pour gagner « plus ». Ensuite, la gauche doit proposer plus de social tout en respectant la singularité de l'individu. Au final, il s'agit d'aller plus rapidement vers le progrès en respectant l'éthique et une morale plaçant l'humain au centre de notre problématique pour arriver au « bien-être partagé » par tous.

    By Anonymous Anonyme, at 9:35 PM  

  • Merci Sylvain pour cette référence, que j'ignorais.

    Oui, Thierry sera présent le 19. C'est un ségoléniste très sympa et très ouvert. Il est essentiel que les socialistes de l'Aisne aient des contacts et des échanges. La vie de section est parfois un étouffoir! mais je pense à St Quentin!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:49 PM  

  • Merci Emmanuel de relayer le résultat de cette réflexion. Mes commentaires sur ton billet :

    1) le mot "valeur" fait penser à la Droite qui valorise le retour aux "VRAIES valeurs", c'est-à-dire aux "valeurs morales". Alors vive les "fausses" valeurs, celles de mai 68 !

    2)La valeur "égalité" me gêne (à part l'égalité des droits !). L'extrême-Gauche veut l'égalité sociale... Mais sans inégalités sociales, pas besoin d'ascenceur social et pas de dynamisme économique ! Ce qui me gêne, ce n'est pas l'existence de SMICards, c'est qu'on puisse rester SMICard pendant des années.

    3) Je suis à l'origine de cette idée d'"arbre des valeurs" (inspirée par mes lectures de Philippe Val). Au départ, je n'avais pas mis les "branches" travail, nation, mérite, ordre. Mais un camarade m'a convaincu de les ajouter, afin de satisfaire toutes les sensibilités de Gauche (y compris les chevènementistes, par exemple...).

    Enfin, un rectificatif sur l'adresse de notre site : c'est http://segolaisne.over-blog.fr (le site ".com" contient les billets plus anciens).

    Salutations à Sylvain, au passage !

    "Thierry de Guise"

    By Blogger Thierry D., at 9:57 PM  

  • Il faudra qu'on discute de l'égalité. Fondamentalement, un homme en vaut un autre, c'est ça l'égalité. Ce qui n'empêche pas les différences morales, physiques, intellectuelles, psychologique, etc.

    Le SMIC oui, mais le SMIC tout le temps, non: l'idée et la formule sont de ... DSK.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:06 PM  

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