La France enguirlandée.

Bonjour à toutes et à tous.

Je vous ai parlé ce wek-end de certains phénomènes de société (rigolothérapie, free hugs, happy kissing) qui m'ont semblé politiquement intéressants (parce que permettant de comprendre l'état d'esprit de notre société). Un autre phénomène, encore plus récent, mérite d'être évoqué, d'autant qu'il est peu analysé, sauf dans un article de Charlie-Hebdo cette semaine: il s'agit de la vogue importante des maisons ou appartements décorés de guirlandes électriques pendant la période des fêtes de fin d'année.

Jusqu'à il y a peu, les décorations de Noël étaient seulement intérieures, essentiellement sur le sapin. Elles débordent maintenant sur les façades, sont exposées au regard de tous, occupent l'espace public de la rue, deviennent ostentatoires et souvent spectaculaires. Chaque maison devient un petit Disneyland qu'on aperçoit parfois de très loin. Il y a là une forme d'exhibitionnisme, que certains jugeront indécent, en tout cas indiscret, qui est très en phase avec notre époque: le désir de se montrer. Charlie-Hebdo le décrit ainsi: "La France éternelle s'est transformée en une gigantesque vitrine animée des Galeries Lafayette".

Un autre désir est à l'origine de cet engouement: le mimétisme, le désir de faire comme les autres et mieux que les autres. D'une façade à l'autre, on cherche à faire plus beau, plus grand, plus impressionnant, plus clinquant, plus clignotant que le voisin. L'augmentation des ventes de guirlandes électriques et autres décorations est de 40%! La consommation d'énergie, le gaspillage diront certains, a enregistré avant Noël le plus haut niveau de son histoire!

Quel rapport avec la politique? Eh bien, la France enguirlandée, c'est la France de Sarkozy! C'est Charlie-Hebdo qui l'affirme, à sa façon, amusante, mais dont le fond est tout à fait sérieux: "A force de voir Sarkozy décoré en permanence comme un sapin de Noël, arborant sa Rolex, ses Ray-Ban et sa Carla Bruni, les français eux aussi ont envie de scintiller". Mais j'inverserais plutôt le rapport de cause à effet: ce n'est pas la société qui suit son président, c'est le président qui a su capter l'état d'esprit de la société. Bref, une droite bling-bling pour une France enguirlandée!


Bon après-midi.