L'Aisne avec DSK

24 janvier 2008

L'arrêt de mort.

Fréquentation moyenne à la manif de Laon. Je m'attendais à plus de monde. Les grandes masses de la Fonction publique ne se sont pas mobilisées, du moins dans l'Aisne. Maintenant, attendons les chiffres nationaux, et le nombre de grévistes. C'est cette indication qui mesurera le succès du mouvement. Il est vrai que les rassemblements importants se font généralement contre: contre la réforme des retraites, contre le CPE, c'est-à-dire contre une réforme bien précise, très identifiée, qui soulève la réprobation. Aujourd'hui, les revendications étaient classiques et permanentes: pouvoir d'achat, emploi, ... L'approche d'un scrutin, pourtant, favorise l'élan. Mais patientons jusqu'à ce soir, pour un bilan définitif qui peut corriger la première impression.

Dans Le Courrier Picard, j'apprends que Karim Saïdi, dont je vous avais parlé il y a environ trois semaines, a été approché par Pierre André pour figurer sur sa liste. La rumeur courait, mais je laisse courir les rumeurs que d'autres essaient de rattraper et d'exploiter ... Je suis heureux que Karim ait refusé. Les personnalités de gauche doivent rester à gauche, malgré la triste situation que nous connaissons. Cependant, je ne serais pas allé jusqu'à féliciter, comme semble l'avoir fait Karim (si j'en crois le journal), Freddy Grzeziczak pour son ralliement à la droite!

Dans L'Union, Graziella Basile nous annonce un événement, heureux pour les uns, malheureux pour moi et une majorité de socialistes: la signature d'un texte qui scelle l'union entre des socialistes minoritaires et l'extrême gauche unie. "Le moment est historique et la photo de famille fera date dans l'histoire de la ville, affirmaient en choeur les responsables réunis autour de la table." Oui, cette photo fera date, et je la conserverais précieusement dans mes archives. Elle signe l'arrêt de mort du socialisme réformiste et démocratique à Saint-Quentin, notre soumission à la gauche révolutionnaire. Historique, oui, parce que ça ne s'est jamais vu nulle part en France. Et il n'y a pas de quoi en être fier! Les reniements de soi ne mènent pas très loin.

Cette photo, parlons-en, elle est plus parlante qu'un discours: sous la faucille et le marteau, le gremetzien Tournay est au centre, ce qui veut tout dire. A sa gauche, le lambertiste Huriez, à sa droite, le seul et unique socialiste de la "famille", Lançon (poperéniste, néofabiusien, post-socialiste, j'avoue que je ne sais plus...). Derrière, au second plan, les seconds rôles, que Lénine appelait "les idiots utiles", MRC et Verts, et peut-être, quelque part, le PRG. Et puis, dans un coin, mon collègue Bernard Berthelot. Que fait-il là? Il représente le "comité pour un parti ouvrier indépendant". Il est donc partie prenante de l'accord. Mais quel est ce mystérieux comité? Berthelot n'est pas ouvrier, il est enseignant. Il n'est pas indépendant puisqu'il est engagé politiquement. Alors?

Eh bien cette présence, c'est le secret de la photo. Le comité pour un parti ouvrier indépendant est une émanation du Parti des Travailleurs, dont l'objectif est de construire, sur les décombres du PS et du PCF, un nouveau parti révolutionnaire. Voilà à quoi va servir la liste des municipales, voilà comment expliquer que des lambertistes, foncièrement hostiles au PS, acceptent aujourd'hui de pactiser avec lui. Ce n'est certainement pas pour les beaux yeux de la social-démocratie, c'est pour la liquider.

Ne croyez pas que les socialistes, qui dans leur grande majorité, à Saint-Quentin comme ailleurs, sont réformistes, vont laisser faire cela. Cet accord, il ne passera pas, cette liste, elle sera rejetée. Et je laisserais le mot de la fin au représentant de la LCR:

"On signe mais on gardera notre indépendance, notre liberté de parole."

Vous avez tout compris: à nous les places, grâce à la grande indulgence des socialistes minoritaires, et après, on dit et on fait ce qu'on veut. Eh bien non, nous ne laisserons pas faire cela, nous refuserons cet arrêt de mort de la section socialiste.


Bon après-midi.

9 Comments:

  • ouvrier... sens marxiste du terme. Vous êtes donc vous même un ouvrier (incroyable non ?)

    By Anonymous Anonyme, at 6:40 PM  

  • Et bien, j'aimerai pas être à ta place le 09 mars au moment de rentrer dans l'isoloire...

    By Anonymous Anonyme, at 6:49 PM  

  • Oh là là du calme!!!Pas de panique!Les verts sont partie prenante de cette stratégie d'union.Comme vous nous sommes légalistes.La section du ps a choisi Jean Pierre Lançon comme tête de liste.Nous avons donc respecté ce choix.
    Selon les rumeurs cette élection s'est faite de manière aléatoire mais au fait il fallait vous présenter!!!C'est cela la démocratie!
    Une stratégie d'union avec tous les partis de gauche et d'extrême gauche s'est rapidement dessinée et j'ai participé dès le départ aux différentes réunions .C'est la première fois que des débats réunissaient ces différentes composantes en direct.Le courant est vite passé car nous sommes tous des militants de terrain.Les débats étaient ouverts,vous auriez pu venir vous exprimer plutôt que d'utiliser ce blog,Jean Louis Cabanes n'a pas hésité à le faire lors d'une réunion.Vous dites que la liste sera rejetée.Merci de nous indiquer quel est votre objectif?Ou voulez vous en venir???
    NAA
    Les verts

    By Anonymous Anonyme, at 9:30 PM  

  • A l'anonyme:

    Au sens marxiste du terme, un enseignant n'est pas un ouvrier. Le prolétaire, c'est l'ouvrier de la grande industrie, exploité par le patronat. Je ne vois pas le rapport avec l'enseignant fonctionnaire.

    A Sylvain:

    Non Sylvain, je n'aurai pas d'embarras le 9 mars dans l'isoloir, je sais exactement ce que je ferai. Simplement, je n'aurai aucun plaisir ni aucun espoir. Mais le proverbe dit qu'il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre. Pour voter non plus.

    A NAA:

    - Je ne me suis pas présenté parce que je voulais une candidature de rassemblement. La démocratie, c'est bien, mais l'efficacité aussi: contre la droite hyper-puissante, il fallait un candidat d'union. On ne se présente pas parce qu'on a envie de se présenter. La politique, ce n'est pas un jeu perso. On se présente quand on a les capacités de rassembler. Je ne les avais pas, Jean-Pierre les a encore moins.

    - Je ne suis pas venu à la réunion entre la gauche et l'extrême gauche parce que je n'étais pas invité. Seuls les membres de notre commission électorale étaient conviés, je n'en fais pas partie.

    - Mon objectif est d'invalider la liste socialiste qui sera présentée, d'annuler le protocole d'accord avec l'extrême gauche qui nous marginalise et nous radicalise, de remplacer l'actuel tête de liste par un candidat rassembleur. Sans ces conditions, c'est la défaite assurée.

    Les Verts devraient suivre cet avis, qui est majoritaire chez les socialiste.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:28 PM  

  • bonjour
    je suis avec attention depuis le début les commentaires et les messages d'Emmanuel. Celui ci est resté cohérent et je l'approuve, même si je ne suis pas concerné!
    J'ai du mal à comprendre le jusqu'au boutisme de JPL au nom de l'idéologie de courant et contrairement aux attentes des militants socialistes (dont il fait à nouveau partie) et des Saint Quentinois ce mariage de la carpe et du lapin. L'extrême gauche n'a trouvé là qu'un moyen de se faire connaitre en vue de prochaines échéances! Elle sait pertinament que les élections municipales sont perdues et comme ces gropuscules d'extrèmes gauches n'ont aucune volonté de gouverner (ils n'existent que dans l'opposition!) elle s'en moque, seule compte la tribune qui lui est offerte par un candidat obtus et minoritaire!
    MD

    By Blogger md, at 8:52 AM  

  • les groupuscules d'extrème gauche, comme vous les appelez, n'ont pas pour but de gouverner (contrairement au PS) mais de rendre le pouvoir au peuple.
    ensuite, le rassemblement a eu lieu alors meme que le PS n'avait toujours pas décidé de sa ligne de conduite et entamé de rassemblement (à la mi-janvier), au bout d'un moment il faut peut etre agir.
    enfin, si vous trouvez que la ligne d'évolution générale des sociètés occidentales est plutot bonne, dans ce cas, vous avez raison de vouloir un rassemblement avec le MODEM et non avec la gauche

    By Anonymous Anonyme, at 6:42 PM  

  • A MD:

    En effet, le PS local va offrir une tribune inespérée à l'extrême gauche, qui va donc pouvoir s'exprimer dans les réunions que nous organiserons et ainsi influencer notre électorat. Pour eux, ce sera tout bénéfice, et pour nous, socialistes, ce sera "peanuts".

    Au dernier anonyme:

    - L'extrême gauche veut rendre le pouvoir au peuple? Que signifie ce galimatias? Expliquez-moi, je ne comprends pas.

    - Vous avez raison, le PS (ou plutôt sa tête de liste) a péché par indécision. Mais moi, j'avais une stratégie claire et précise, depuis déjà un an.

    - Ne caricaturez pas: on peut vouloir l'union à gauche (mais pas à l'extrême gauche) tout en s'ouvrant au centre. Ce n'est pas contradictoire.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:12 PM  

  • Cher collègue,

    Ainsi, tu m'as reconnu au premier coup d'oeil, et me voilà démasqué ! C'est un enseignent qui représente dans la "photo de famille " de la gauche enfin unie, le "comité pour un parti ouvrier indépendant". Bien vu ! Mais tu en tires des conclusions pour le moins hâtives et contestables.

    1) Au moins seras-tu d'accord avec moi pour reconnaître qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre le métier d'enseignant et l'engagement politique.

    2) En contrepartie, je reconnaîtrai sans difficulté que, stricto sensu, je ne sui pas "ouvrier" : je ne me suis d'ailleurs pas présenté en bleu de travail; je ne change pas de look en fonction des circonstances (ne vois là aucune allusion perfide !)

    Mais, plus sérieusement, qui prétendra qu'un parti ouvrier doive être composé exclusivement d'ouvriers, au sens sociologique du terme ? Ce parti en construction, que j'ai en effet l'honneur de représenter, s'est désigné comme "ouvrier" parce qu'il entend ainsi s'inscrire dans l'histoire du mouvement ouvrier. Plutôt que de m'engager dans des discussions oiseuses sur le sens marxiste du mot "ouvrier", je me contenterai de te renvoyer à à l'article "mouvement ouvrier" : de l'Encyclopaedia Universalis", dont j'extrais une trop courte citation.

    " (...) L'histoire du mouvement ouvrier ne se confond ni avec une histoire du travail, ni même avec une histoire des travailleurs. Par contre, on doit rattacher au mouvement ouvrier des individus qui n'appartiennent pas à sa classe ouvrière mais qui s'affirment, par adhésion à un parti politique ouvrier, solidaires de la classe ouvrière.
        Essayant précisement de différencier l'histoire du mouvement ouvrier de l'histoire des travailleurs, Marcel David, dans son ouvrage Les Travailleurs et le sens de leur histoire (1967), parvient à la définition suivante : « Par mouvement ouvrier, on entend [...] la série d'institutions où se retrouvent les travailleurs et tous ceux qui choisissent de militer à leurs côtés, conscients les uns et les autres de leur solidarité et de l'utilité pour eux de s'organiser en vue de préciser leurs objectifs communs et d'en poursuivre la réalisation. »
    © Encyclopædia Universalis 2006, tous droits réservés

    Je te recommande la lecture de l'article tout entier ; après tout, il n'est jamais trop tard pour s'instruire ! Je me suis en effet engagé dans ce parti parce que je pensais que je pouvais y être utile : à tout prendre, je préfère être rangé dans la catégorie des "idiots utiles" que dans celle des imbéciles malheureux, et tu dois être bien malheureux pour te laisser aller à ce genre d'attaques !

    2) Où es-tu allé chercher qu'il y avait incompatibilité entre engagement et indépendance ? En premier lieu, c'est le parti ouvrier qui est désigné comme indépendant, pas Berthelot. En tant que Berthelot, je me déclare libre de mes engagements et libre dans mon engagement ! Au fait, quel philosophe a dit que toute liberté était en situation et qu'elle se réalisait nécessairement dans un engagement ? Tu devrais savoir cela, même si tu ne sembles pas en être d'accord.

    3) Je suis surpris que tu voies dans ma présence, et dans mon engagement, "le secret de cette photo" ! C'est me faire trop d'honneur ! En même temps que tu présentes la révélation de mon identité et de ma profession comme un scoop, tu fondes sur elle toute ton analyse politique, et tu révèles un secret de Polichinelle . "Le comité pour un parti ouvrier indépendant est une émanation du Parti des Travailleurs, dont l'objectif est de construire, sur les décombres du PS et du PCF, un nouveau parti révolutionnaire ", dis-tu.
    Diable ! Il est important, ici, de ne pas tromper l'opinion, et je ne jouerai pas au plus fin.

    C'est vrai, et nul ne prétend le nier, ni en faire mystère, le Comité pour un parti ouvrier indépendant est né d'un appel de Gérard Schivardi, canditat soutenu par le Parti des Travailleurs aux dernières législatives, et de Daniel Gluckstein, secrétaire national du même parti. Cela suffit-il pour conclure que le Comité pour un parti ouvrier indépendant "émane" du Parti des Travailleurs ? Assurément non si l'on entend par là qu'il en est un clone ou un masque !

    D'abord parce qu'il s'agissait alors, et qu'il s'agit encore, de construire un parti, et qu'à cette construction sont invités et associés tous les militants des partis de gauche, tous les militants syndicalistes, et tous les citoyens qui le désirent, à participer à cette construction, et pas seulement les militants du parti des Travailleurs qui continue à exister comme tel. Participer à cette construction ne fait obligation à aucun militant d'aucun autre parti de gauche à quitter son parti et sa déchirer sa carte.

    C'est pourquoi ce comité pour un parti ouvrier a vocation, dans son principe-même, et par son acte de naissance à rassembler, à unir les forces de gauche, et qu'il avait toute sa place, à Saint-Quentin, dans la constitution d'une liste d'unité de toutes les forces de gauche. Je te ferai remarquer qu'aucune organisation ne naît de rien, en ajoutant que c'est dès le départ que le comité pour un parti ouvrier a affirmé le principe de son indépendance, y compris à l'égard du Parti des Travailleurs.

    Alors, assez d'anathèmes. De quel droit t'ériges-tu en grand inquisiteur ? De quelle connaissance des lois de l'Histoire et de la Nature te prévaux-tu pour déclarer certaines alliances "contre-nature" ? Mais cela, c'est un autre débat.

    Pour en finir, si tu veux dire qu'il y a dans mon engagement politique des arrière-pensées philosophiques, je ne te démentirai pas.

    Bernard Berthelot.

    By Blogger Bernard Berthelot, secrétaire du comité de Saint-Quentin (02), at 4:31 PM  

  • Cher collègue,

    D'abord merci pour ce long commentaire très argumenté. Tes idées ne sont pas les miennes. Difficile donc de nous accorder. Mais c'est très bien comme ça, c'est la démocratie, ou la République, si tu préfères. Je ne chercherai pas à te convaincre, ce serait peine perdue. Je veux simplement apporter trois précisions:

    1- Si je te comprends bien, un parti ouvrier est un parti qui soutient les ouvriers et pas nécessairement un parti constitué, de fait, par des ouvriers. Pourquoi pas. Mais, sans vouloir t'embêter, je me permettrais d'être peut-être, sur ce point, plus marxiste que toi, en reprenant la formule de Marx: "L'émancipation des travailleurs se fera par les travailleurs eux-mêmes". Je me méfie de ceux qui parlent au nom de la classe ouvrière sans en faire partie.

    2- Quand je parlais d' "idiots utiles", je visais le MRC et les Verts, qui par exemple ne savent pas distinguer un pabliste d'un lambertiste. Il suffit de crier "tous ensemble, tous ensemble" et ils accourent. Toi et moi, nous n'en sommes tout de même pas là! Nous savons qu'il y a des cohérences à respecter, des séparations à faire, qu'un réformiste n'est pas un révolutionnaire, qu'un social-démocrate ne peut pas impunément s'unir avec un trotskyste.

    3- Sur l'indépendance du Comité pour un parti ouvrier indépendant, qui n'est pas selon toi une "émanation" du Parti des Travailleurs, je pourrais longuement argumenter et enquêter, mais peu importe: il me semble évident que ce comité a été suscité, encouragé, propulsé par le PT. Et le PS fait de même, de son côté, avec des tas de comités qui jurent de leur indépendance alors qu'ils sont à l'initiative de socialistes. Cessons donc, du moins entre nous deux, de faire semblant.

    Une dernière chose: je ne suis pas anti-trotskyste, anti-lambertiste, et encore moins anti-Berthelot. Je crois même que la gauche socialiste et la gauche révolutionnaire doivent faire un bout de chemin ensemble, mener des actions communes, quand c'est possible. Mais il serait inintelligent de tout mélanger: un social-démocrate ne sera jamais un trotskyste. C'est pourquoi je ne peux pas accepter l'union politique entre les deux telle qu'elle se trame à Saint-Quentin. Et j'ai sûrement plus de respect envers les lambertistes, y compris en les combattant, que certains camarades socialistes qui vont vers eux à des fins purement tactiques.

    Bien à toi.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:31 PM  

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