L'autre liste.

Bonjour à toutes et à tous.

Un copain journaliste m'interpelle hier matin, passant devant moi en voiture: "Et la 2ème liste de gauche, ça en est où?" J'ai répondu spontanément par une boutade: "Tu crois encore au Père Noël!" Mais il n'est pas le seul à me parler de ce serpent de mer, la 2ème liste socialiste, et Le Courrier Picard s'en est fait encore l'écho il y a quelques jours. J'en profite pour vous exposer mon point de vue là-dessus.

Trois arguments contribuent fortement à ce qu'il y ait une seconde liste socialiste:

1- La section de Saint-Quentin a été victime d'un détournement de majorité, d'une usurpation légale qui a permis à un camarade, à la faveur des circonstances, de se retrouver tête de liste alors que rien ne l'y prédisposait et qu'il n'y songeait même pas lui même. Au nom de la démocratie, et contre cet artifice de procédure qui fait qu'un minoritaire est injustement mais officiellement validé, la présentation d'une autre liste serait parfaitement légitime. Le minoritaire en question n'aurait que la monnaie de sa pièce, puisqu'en 1995, il n'avait pas réagi autrement, en participant à une liste qui n'était pas celle reconnue par la fédération. Qui sème le vent récolte la tempête!

2- Il y a surtout l'espace électoral que représenterait cette liste alternative: le centre gauche qui ne se reconnaitra pas dans la liste néofabiusienne-gremetzienne, le centre droit qui pourrait lâcher Pierre André si l'occasion lui était donnée. La défaite ou la victoire de la gauche se jouera au centre. Pour le moment, c'est la défaite qui s'annonce. Une autre liste, un autre projet, une autre stratégie pourraient s'avérer plus productif.

3- Il y a enfin l'espace politique qui s'offrirait à cette autre liste, une alliance de la gauche modérée, un arc-en-ciel qui réunirait socialistes rénovateurs, radicaux de gauche, communistes réformateurs d'IDG et, pourquoi pas, MoDem. Je me demande même si le MRC ne serait pas tenté par une telle combinaison, plus porteuse de dynamique qu'une alliance avec les communistes et l'extrême gauche. Les Verts bien sûr seraient les bienvenus.

A ces trois arguments favorables s'opposent trois arguments défavorables:

1- Le respect des règles, que je ne confonds pas avec l'esprit procédurier, est quelque chose d'important. On ne peut pas, à la légère, comme les dissident de 1995 qui avaient rallié la liste communiste, monter une autre liste, même si, à la différence de 1995, elle serait conduite par un socialiste. Il n'y aurait que l'intérêt supérieur de la gauche, l'imminicence d'une défaite avec la liste officielle, la possibilité d'une victoire avec l'autre liste qui pourraient amener, politiquement, à franchir le pas et à tenter l'opération.

2- En l'état actuel de la situation, extrêmement préoccupant pour la gauche saint-quentinoise, il n'est pas certain qu'une autre liste parviendrait à l'emporter, ni peut-être à créer la dynamique attendue, qui en revanche était concevable dans le scénario que j'avais à l'esprit en me proposant à mes camarades comme tête de liste. On sait ce qu'il en est advenu.

3- Il semble plus efficace, plus immédiat, de peser pour que la liste officielle qui sera retenue ne soit pas celle proposée par le premier des socialistes, en faisant en sorte que celui-ci ne devienne pas, au final, tête de liste. Je sais que cette solution semble difficile à admettre, mais c'est aussi la plus réaliste. Il faudra pour cela que les socialistes rénovateurs restent soudés, qu'ils résistent aux sollicitations individuelles qui ont pour objectif de les diviser et de les affaiblir collectivement.

Voilà où j'en suis dans ma réflexion sur la 2ème liste, c'est-à-dire, pour me résumer: une question sans réponse pour le moment. Tout dépendra de la suite des évènements. Quoi qu'il arrive dans le proche avenir, l'unité des rénovateurs sera notre bien le plus précieux, comme l'aurait été l'unité de la section si nous n'en avions pas été empêché. J'insiste: rallier individuellement une liste vouée à la défaite, qui serait dans l'incapacité, de par sa constitution même, de représenter une opposition sérieuse et crédible face à Pierre André, ce serait une erreur politique. Et la rencontre chapeautée par les communistes gremetziens en compagnie de trotskystes lambertistes (on aura décidemment tout vu!) confirme mes intuitions et mes craintes, de même que les propos tenus hier soir dans notre local lors de la réunion autour du candidat.


Bonne fin de matinée.