Parents et profs.
Bonsoir à toutes et à tous.
3h35, c'est le temps que j'ai passé pour la traditionnelle réunion parents-profs de l'année scolaire. J'ai quitté le lycée à près de 21h00, comme d'habitude en bon dernier, couloirs vides, salles revenues à l'obscurité, la plupart de mes collègues partant vers 19h00. Chaque année, j'accomplis mon petit exploit avec jubilation. Rencontrer les parents, j'adore, alors que certains de mes collègues détestent. J'ai même un copain qui affirme les recevoir sans leur proposer une chaise, pour en être plus vite débarrassé! Il plaisante, j'en suis sûr, mais la blague est révélatrice d'un état d'esprit. Moi, c'est le contraire, je fais durer le plaisir, je garde les parents en moyenne 20 minutes, je leur parle aussi d'autres choses que de leurs enfants, par exemple d'eux-mêmes, de leur boulot, de leurs problèmes, de leurs doutes, de leurs espoirs, etc. La file d'attente devant ma classe s'allonge, les parents attendent parfois une heure ... , pire que chez le dentiste ou le coiffeur!
Pourquoi? D'abord parce que j'aime ne pas faire comme tout le monde. Le conformisme, le mimétisme, c'est triste! Mais l'essentiel est ailleurs: ne pas réduire l'élève à son rôle social d'élève, connaitre la vie et le milieu dans lesquels il évolue, c'est utile et passionnant. On fait des découvertes, on comprend mieux des comportements, on se donne les moyens, les parents comme alliés, de faire évoluer des situations. Cette attitude est contraire, je le sais, à la pédagogie traditionnelle qui imprègne les lycée d'enseignement général, où l'élève est une entité abstraite, coupée de toute existence réelle, dont le professeur est le souverain absolu. Les élèves prennent désormais une figure humaine.
Lors des discussions, je suis plutôt surpris par les bonnes relations que les parents affichent avec leurs enfants, la liberté qu'ils leur accordent en matière d'orientation professionnelle. Il est bien fini, le temps où les enfants réalisaient le rêve des parents. L'élève est respecté dans ses goûts, ses préférences et ses choix. On me parle aussi beaucoup de mes activités associatives, vues dans le journal, café philo, ciné philo, commémoration de 1968 et le reste. Ca me réjouit. Il n'y a pas que l'Ecole dans la vie! Vivement la rencontre parents-profs de l'an prochain!
Bonne nuit.
3h35, c'est le temps que j'ai passé pour la traditionnelle réunion parents-profs de l'année scolaire. J'ai quitté le lycée à près de 21h00, comme d'habitude en bon dernier, couloirs vides, salles revenues à l'obscurité, la plupart de mes collègues partant vers 19h00. Chaque année, j'accomplis mon petit exploit avec jubilation. Rencontrer les parents, j'adore, alors que certains de mes collègues détestent. J'ai même un copain qui affirme les recevoir sans leur proposer une chaise, pour en être plus vite débarrassé! Il plaisante, j'en suis sûr, mais la blague est révélatrice d'un état d'esprit. Moi, c'est le contraire, je fais durer le plaisir, je garde les parents en moyenne 20 minutes, je leur parle aussi d'autres choses que de leurs enfants, par exemple d'eux-mêmes, de leur boulot, de leurs problèmes, de leurs doutes, de leurs espoirs, etc. La file d'attente devant ma classe s'allonge, les parents attendent parfois une heure ... , pire que chez le dentiste ou le coiffeur!
Pourquoi? D'abord parce que j'aime ne pas faire comme tout le monde. Le conformisme, le mimétisme, c'est triste! Mais l'essentiel est ailleurs: ne pas réduire l'élève à son rôle social d'élève, connaitre la vie et le milieu dans lesquels il évolue, c'est utile et passionnant. On fait des découvertes, on comprend mieux des comportements, on se donne les moyens, les parents comme alliés, de faire évoluer des situations. Cette attitude est contraire, je le sais, à la pédagogie traditionnelle qui imprègne les lycée d'enseignement général, où l'élève est une entité abstraite, coupée de toute existence réelle, dont le professeur est le souverain absolu. Les élèves prennent désormais une figure humaine.
Lors des discussions, je suis plutôt surpris par les bonnes relations que les parents affichent avec leurs enfants, la liberté qu'ils leur accordent en matière d'orientation professionnelle. Il est bien fini, le temps où les enfants réalisaient le rêve des parents. L'élève est respecté dans ses goûts, ses préférences et ses choix. On me parle aussi beaucoup de mes activités associatives, vues dans le journal, café philo, ciné philo, commémoration de 1968 et le reste. Ca me réjouit. Il n'y a pas que l'Ecole dans la vie! Vivement la rencontre parents-profs de l'an prochain!
Bonne nuit.
posted by Emmanuel Mousset at
10:02 PM
6 Comments:
vous etes vraiment désespérant,
mais qu'est ce qu'on va faire de vous
tout cet humanisme, cet amour de son prochain, ce gout pour l'échange, le partage, la discussion,
cette implication personnelle, ce respect d'autrui.
ces valeurs, cette éducation, cette enthousiasme
heureusement que vous etes une exception, le monde serait surement bcp plus vivable et il y aurait bcp moins de raisons de se plaindre s'il y en avait plus comme vous.
ne changez pas, merci pour tout.
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grandourscharmant, at 11:43 PM
Non Emmanuel n'est pas désespérant, au contraire il est très réjouissant de constater qu'il existe encore des enseignants et des professionnels qui font leur métier avec conscience, amour et sérieux, qu'il existe encore des personnes qui croient en l'Homme et s'émerveillent ! qu'il existe encore des gens désintéréssés!
merci Emmanuel.
MD
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md, at 5:41 AM
Grandours, vous en faites trop, n'exagérez pas! le jugement de MD est plus modéré... Je ne fais que mon métier, que j'aime, voilà tout. C'est assez banal, ou ça devrait l'être. Beaucoup d'autres que moi sont ainsi et font ça, dans d'autres domaines. La différence, c'est que moi, j'en parle.
Maintenant, si vous voulez, on peut parler de mes défauts. Il faut juger quelqu'un à ses résultats. En politique, mes résultats ne sont pas très concluants, non?
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Emmanuel Mousset, at 9:10 AM
C'est parce qu'une carrière de ministre de l'éducation nationale prend du temps à mûrir... ;-)
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jpbb, at 10:41 AM
peut etre suis je un peu excessif dans mes éloges comme je peux l'etre dans mes reproches.
Mais vous etes bien trop intelligent pour etre dupe de la situation,
évidement que des gens font ainsi et qu'ils en parlent ou pas.
mais vous ne pouvez ignorer que tout ceci qui devrait etre d'une banalité affligeante est loin d'etre la regle,
vous soulignez vous meme le caractere anti conformiste et singulier de la démarche par rapport à votre milieu professionnel.
Je ne doute pas que dans l'absolu, votre démarche soit au niveau de la moyenne,
mais d'un point de vue relatif, oserez dire que vous n'etes pas dans le bien que peut produire l'époque ?
Et si l'on doit juger quelqu'un à ses résultats, les votres sont exceptionnels.
Je me souviens avoir entendu Alain Juppé reprendre une citation qui donnait quelque chose comme ça
En général, les gens ne vous pardonnent jamais le bien que vous pouvez leur faire.
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grandourscharmant, at 11:12 AM
A JPPB: un enseignant ministre de l'Education Nationale, ce n'est pas nécessairement un bon choix (regardez Allègre et Ferry!). De même qu'un militaire ministre de la Défense (souvenez-vous de Bigeard!).
A Grandours: le problème avec les "gens", c'est qu'ils existent et qu'il faut faire avec. Je ne sais plus qui disait (c'est le philosophe Alain ou le poète Valéry): "Un chef, c'est quelqu'un qui a besoin des autres".
By
Emmanuel Mousset, at 12:19 PM
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