Copains d'avant.
Bonjour à toutes et à tous.
Vous savez que j'aime bien sur ce blog évoquer les "phénomènes de société". VAL, qui a fait sa réapparition parmi les commentaires, me reprocherait peut-être de faire de la "sociologie", sans doute même de la mauvaise sociologie! Je ne sais pas ... Mais ce que je sais, c'est que l'action politique, si elle veut être pertinente, si elle veut répondre aux aspirations de la population, doit s'articuler sur une analyse de la société, que j'essaie de mener au modeste niveau de ce blog et avec les capacités qui sont les miennes.
Tout ça pour vous annoncer que je veux vous parler d'une mode récente et influente à laquelle Le Parisien dans son édition d'hier a consacré un article: la recherche des camarades de classe. Grâce à internet, cette quête autrefois très difficile, sinon impossible, est devenue très simple. Plusieurs sites offrent leur service, le plus important est "Copains d'avant": 6,2 millions d'inscrits, et depuis que l'inscription est gratuite, il y a quatre mois de cela, c'est une véritable folie, 14.000 nouvelles demandes chaque jour! En tout, 15% de la population passe par ces sites de retrouvailles. Même la littérature est touchée par le phénomène puisque Didier Daeninckx vient d'en faire un roman, "Camarades de classe".
Quelques petites réflexions sur cet engouement inédit:
1- Tout être humain a la nostalgie de son enfance et souhaite revoir ceux qu'il a connus, appréciés ou aimés. Mais jamais cette nostalgie n'était devenue à ce point un phénomène collectif et massif.
2- Il est surprenant que la société moderne, tout entière tournée vers l'avenir, bascule ainsi dans le passé de la scolarité.
3- Avant, le copain d'enfance se retrouvait par hasard ou en fréquentant une association d'anciens élèves. C'est fini: aujourd'hui, le contact est électronique et individuel.
4- Mais j'ai gardé le plus surprenant pour la fin: les abonnés à "Copains d'avant" ont en moyenne entre 30 et 50 ans. Autrefois, le retour vers le passé était la préoccupation des personnes âgées, éprises de leur jeunesse. Désormais, un jeune peut désirer renouer avec sa ... jeunesse. On peut avoir 30 ans et vouloir retourner 12 ans en arrière, à ses années de lycée. Là, VAL, ce n'est plus la sociologie qu'il faut appeler à la rescousse, c'est plutôt la psychologie!
La nostalgie semble atteindre très vite une génération dont on dit cependant qu'elle reste jeune beaucoup longtemps que les générations précédentes. Que fera-t-elle, dans quelle nostalgie sera-t-elle prise quand elle entrera dans ses 70-80 ans? C'est Simone Signoret qui avait donné ce très beau titre à son premier ouvrage: "La nostalgie n'est plus ce qu'elle était". Incontestablement. Serait-ce l'individualisme de l'époque qui pousserait à renouer les liens rompus ou distendus? Ou bien la curiosité de savoir ce qu'est devenu l'ami d'enfance, de se comparer à lui, dans une société très portée à la rivalité mimétique?
Je ne peux pas terminer ce billet sans vous faire un aveu, puisque la franchise est la règle d'or de ce blog: je me suis inscrit, il y a deux ans, à "Copains d'avant"! Mais oui, même moi, qui suis très peu nostalgique, qui ne m'intéresse pas au passé ou à mon passé. Pourquoi? Parce que j'ai le sentiment, largement illusoire, que le passé nous apprend quelque chose sur nous-même. Des amis, je n'en ai pas particulièrement besoin. Ceux que j'ai me suffisent. Mais en savoir un peu plus sur moi, oui, ça m'intéresse.
J'ai ma période de prédilection: les années 1977-1979, autour de mes 18 ans, quand j'étais pensionnaire (aujourd'hui, on dit "interne") au lycée d'Argelès-Gazost, dans les Hautes-Pyrénées. Je ne dirais pas cette connerie que c'était les plus belles années de ma vie, parce que j'espère bien que celles-ci sont devant moi. Mais c'était incontestablement les premières années de ce qu'on peut appeler une vie d'adulte. Avant, je me sentais enfant ou ado, je suis entré dans l'âge adulte à ce moment-là, dans cet endroit-là, très loin de mon Berry natal. Depuis, j'essaie encore plus, encore mieux d'être adulte. Mais j'ai toute la vie pour m'améliorer!
Qu'est-ce qu'a donné mon inscription sur "Copains d'avant"? Pas grand-chose. J'ai retrouvé en effet une camarade de classe dont je me souvenais très peu, elle m'a envoyé sa photo, on a échangé quelques messages, et puis ça s'est vite terminé. Au bout de ma quête, j'ai plutôt trouvé la déception. Bien fait pour moi! Je n'avais pas à réveiller le passé en croyant en tirer quelque chose. Pourtant, j'y ai gagné le plaisir du souvenir, de se remémorer juste un peu ce qu'on a été. Essayez, pour voir ...
Copains d'hier, d'aujourd'hui et de demain,
bon après-midi.
Vous savez que j'aime bien sur ce blog évoquer les "phénomènes de société". VAL, qui a fait sa réapparition parmi les commentaires, me reprocherait peut-être de faire de la "sociologie", sans doute même de la mauvaise sociologie! Je ne sais pas ... Mais ce que je sais, c'est que l'action politique, si elle veut être pertinente, si elle veut répondre aux aspirations de la population, doit s'articuler sur une analyse de la société, que j'essaie de mener au modeste niveau de ce blog et avec les capacités qui sont les miennes.
Tout ça pour vous annoncer que je veux vous parler d'une mode récente et influente à laquelle Le Parisien dans son édition d'hier a consacré un article: la recherche des camarades de classe. Grâce à internet, cette quête autrefois très difficile, sinon impossible, est devenue très simple. Plusieurs sites offrent leur service, le plus important est "Copains d'avant": 6,2 millions d'inscrits, et depuis que l'inscription est gratuite, il y a quatre mois de cela, c'est une véritable folie, 14.000 nouvelles demandes chaque jour! En tout, 15% de la population passe par ces sites de retrouvailles. Même la littérature est touchée par le phénomène puisque Didier Daeninckx vient d'en faire un roman, "Camarades de classe".
Quelques petites réflexions sur cet engouement inédit:
1- Tout être humain a la nostalgie de son enfance et souhaite revoir ceux qu'il a connus, appréciés ou aimés. Mais jamais cette nostalgie n'était devenue à ce point un phénomène collectif et massif.
2- Il est surprenant que la société moderne, tout entière tournée vers l'avenir, bascule ainsi dans le passé de la scolarité.
3- Avant, le copain d'enfance se retrouvait par hasard ou en fréquentant une association d'anciens élèves. C'est fini: aujourd'hui, le contact est électronique et individuel.
4- Mais j'ai gardé le plus surprenant pour la fin: les abonnés à "Copains d'avant" ont en moyenne entre 30 et 50 ans. Autrefois, le retour vers le passé était la préoccupation des personnes âgées, éprises de leur jeunesse. Désormais, un jeune peut désirer renouer avec sa ... jeunesse. On peut avoir 30 ans et vouloir retourner 12 ans en arrière, à ses années de lycée. Là, VAL, ce n'est plus la sociologie qu'il faut appeler à la rescousse, c'est plutôt la psychologie!
La nostalgie semble atteindre très vite une génération dont on dit cependant qu'elle reste jeune beaucoup longtemps que les générations précédentes. Que fera-t-elle, dans quelle nostalgie sera-t-elle prise quand elle entrera dans ses 70-80 ans? C'est Simone Signoret qui avait donné ce très beau titre à son premier ouvrage: "La nostalgie n'est plus ce qu'elle était". Incontestablement. Serait-ce l'individualisme de l'époque qui pousserait à renouer les liens rompus ou distendus? Ou bien la curiosité de savoir ce qu'est devenu l'ami d'enfance, de se comparer à lui, dans une société très portée à la rivalité mimétique?
Je ne peux pas terminer ce billet sans vous faire un aveu, puisque la franchise est la règle d'or de ce blog: je me suis inscrit, il y a deux ans, à "Copains d'avant"! Mais oui, même moi, qui suis très peu nostalgique, qui ne m'intéresse pas au passé ou à mon passé. Pourquoi? Parce que j'ai le sentiment, largement illusoire, que le passé nous apprend quelque chose sur nous-même. Des amis, je n'en ai pas particulièrement besoin. Ceux que j'ai me suffisent. Mais en savoir un peu plus sur moi, oui, ça m'intéresse.
J'ai ma période de prédilection: les années 1977-1979, autour de mes 18 ans, quand j'étais pensionnaire (aujourd'hui, on dit "interne") au lycée d'Argelès-Gazost, dans les Hautes-Pyrénées. Je ne dirais pas cette connerie que c'était les plus belles années de ma vie, parce que j'espère bien que celles-ci sont devant moi. Mais c'était incontestablement les premières années de ce qu'on peut appeler une vie d'adulte. Avant, je me sentais enfant ou ado, je suis entré dans l'âge adulte à ce moment-là, dans cet endroit-là, très loin de mon Berry natal. Depuis, j'essaie encore plus, encore mieux d'être adulte. Mais j'ai toute la vie pour m'améliorer!
Qu'est-ce qu'a donné mon inscription sur "Copains d'avant"? Pas grand-chose. J'ai retrouvé en effet une camarade de classe dont je me souvenais très peu, elle m'a envoyé sa photo, on a échangé quelques messages, et puis ça s'est vite terminé. Au bout de ma quête, j'ai plutôt trouvé la déception. Bien fait pour moi! Je n'avais pas à réveiller le passé en croyant en tirer quelque chose. Pourtant, j'y ai gagné le plaisir du souvenir, de se remémorer juste un peu ce qu'on a été. Essayez, pour voir ...
Copains d'hier, d'aujourd'hui et de demain,
bon après-midi.
2 Comments:
j'ai longtemps considéré que c'était un manque dans notre société,
dans la culture anglo-saxonne, il y a des annuaires, des cérémonies de remise de diplome
tout un cérémonial qui nous manque pour créer du lien social,
des rites de passages qui peuvent paraitre convenus mais qui sont structurant,
une différenciation et une hiérarchisation qui marque les étapes d'évolution d'un individu.
A premiere vue, ce genre de site ne peut pas etre totalement mauvais puisqu'il permet de retendre certains fils que la vie a distendu.
Par contre, j'y vois aussi les limites et les manques d'une société, pourquoi se retourner vers le passé et ce qu'on a pu etre,
si on est pleinement épanoui par ce qu'on est devenu.
Certains comme vous feront la démarche pour apprendre quelques choses sur eux meme,
d'autres pour essayer de revivre, des moments où il était autre chose que ce qu'ils sont devenus, quand les espoirs et les chances étaient devant eux.
et je trouve paradoxal cette volonté de retour en arriere dans notre société où bcp essaient de se réinventer chaque jour en essayant de gommer les limites et les imperfections qui sont les leurs, dans notre société où on est tres critique par rapport à la faiblesse où à l'échec.
Est ce que cette démarche, c'est reprendre une histoire là où elle s'était arrêtée, s'interroger sur soi meme, revivre ses moments de gloires passées dans un quotidien qu'on n'arrive pas forcément à maitriser ou alors une volonté schizophrénique de réécrire l'histoire en fonction de ce qu'on est devenu afin d'effacer celui qu'on a pu etre.
Ce n'est pas un phénomene nouveau d'ailleurs,
j'ai bien noté que l'école avait terriblement changé, il est loin le temps où il n'y avait que des premiers de la classe.
Combien de fois ai je entendu cela dans la bouche de gens de votre age ou meme plus vieux, moi de mon temps j'étais le meilleur à l'école...
Apres tout un chacun est libre d'enjoliver ses souvenirs,
ce qui devient problématique c'est quand l'illusion prend le pas sur la réalité
Le fait d'avoir réussi un concours difficile entre 20 et 25a
ne signifie pas forcément que 20a apres on est toujours un professionnel capable et compétent.
Etre et avoir été
et bcp se raccrochent à l'idée qu'ils sont toujours ce qu'ils ont été en en entretenant l'illusion,
quitte à tout y sacrifier et à refuser d'admettre qu'on a atteint son seuil d'incompétence.
D'un autre coté, on bascule si vite dans l'oubli...
By grandourscharmant, at 7:46 PM
bonjour
c'est, je pense, mon message qui t'a incité à écrire sur ce sujet! Je n'aurais pas imaginé que tu t'y étais inscrit!!
Ton analyse me semble correcte! Il est vrai que les contacts par le biais de ce site copains d'avant sont assez rares mais ils permettent de se remémorer le passé. Comme l'avenir se bâtit sur les ruines du passé, c'est positif en ce sens
MD
By md, at 9:02 AM
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