Frère Bertrand.
Les réactions locales après l'annonce de Xavier Bertrand sur son appartenance à la franc-maçonnerie ont retenu mon attention. Le Courrier Picard d'hier en fait mention, sous la photo du ministre, mais sans insister, se contentant d'une présentation factuelle. L'Aisne Nouvelle n'en dit rien, mais peut-être faut-il attendre son édition de demain. L'Union fait fort: une pleine page avec de nombreux entretiens et rappel de la situation maçonnique régionale. Les élus de droite, solidarité politique oblige, comprennent et soutiennent Xavier Bertrand. A gauche, c'est différent:
Le député Jean-Pierre Balligand n'a guère apprécié: "C'est son choix. Mais, pour moi, c'est de la mise en scène. Ce genre d'étalage est à la mode actuellement. Après Sarkozy qui nous a fait le coup de la religion, c'est un de ses adeptes qui se dit franc-maçon. Tout cela ne relève pas de la sphère politique, mais de la vie privée. Ca n'a rien à voir avec la transparence (...). Pour ma part, si on me posait la question de savoir si je suis franc-maçon, je ne répondrai pas. Je refuse de parler de ce que je considère comme relevant de la vie privée."
Le député René Dosière n'est pas plus tendre: "Ca fait partie de la vie privée et je me fiche de la vie privée de M. Bertrand. Ce qui m'intéresse, c'est son action politique. Il convient de séparer la vie politique républicaine et la vie privée. Etre franc-maçon est une conviction personnelle dont je ne vois pas l'intérêt de l'afficher. Si on me posait la question, je n'aurai aucune raison d'y répondre. La transparence en politique, ce n'est pas le non-respect de la vie privée."
Les responsables de la franc-maçonnerie sont moins sévères mais tout de même surpris. Voilà comment L'Union relate leurs réactions:
"Théophile Prince [membre éminent du Grand Orient de France] se méfie au passage "du souci de transparence" qui peut s'apparenter à du "voyeurisme". Il stigmatise également "ceux qui confondent ce qui relève du Temple et ce qui relève du profane".
"Yves-Max Viton, membre de la loge Lamarck à Amiens, a été grand maître de la Grande Loge de France pendant un an. Il qualifie la démarche de Xavier Bertrand de "peu courante" (...). "Son choix est surprenant."
Etonnant peut-être, mais pas surprenant: vous connaissez l'explication que j'ai exposée dans un billet il y a deux jours. Je ne suis pas certain que l'opération fonctionne vraiment. Une partie de l'électorat de droite porte, à tort, un jugement négatif sur la franc-maçonnerie. Il y a toujours eu, à droite, un anti-maçonnisme assez puissant (je ne parle même pas de l'extrême droite!). Bertrand va ternir à leurs yeux son image. Mais la gauche maçonnique, ses propres frères, n'auront pas nécessairement de lui une meilleure image, qui ne respecte pas la discrétion souhaitée quand on est membre d'une loge.
Bon après-midi.
Le député Jean-Pierre Balligand n'a guère apprécié: "C'est son choix. Mais, pour moi, c'est de la mise en scène. Ce genre d'étalage est à la mode actuellement. Après Sarkozy qui nous a fait le coup de la religion, c'est un de ses adeptes qui se dit franc-maçon. Tout cela ne relève pas de la sphère politique, mais de la vie privée. Ca n'a rien à voir avec la transparence (...). Pour ma part, si on me posait la question de savoir si je suis franc-maçon, je ne répondrai pas. Je refuse de parler de ce que je considère comme relevant de la vie privée."
Le député René Dosière n'est pas plus tendre: "Ca fait partie de la vie privée et je me fiche de la vie privée de M. Bertrand. Ce qui m'intéresse, c'est son action politique. Il convient de séparer la vie politique républicaine et la vie privée. Etre franc-maçon est une conviction personnelle dont je ne vois pas l'intérêt de l'afficher. Si on me posait la question, je n'aurai aucune raison d'y répondre. La transparence en politique, ce n'est pas le non-respect de la vie privée."
Les responsables de la franc-maçonnerie sont moins sévères mais tout de même surpris. Voilà comment L'Union relate leurs réactions:
"Théophile Prince [membre éminent du Grand Orient de France] se méfie au passage "du souci de transparence" qui peut s'apparenter à du "voyeurisme". Il stigmatise également "ceux qui confondent ce qui relève du Temple et ce qui relève du profane".
"Yves-Max Viton, membre de la loge Lamarck à Amiens, a été grand maître de la Grande Loge de France pendant un an. Il qualifie la démarche de Xavier Bertrand de "peu courante" (...). "Son choix est surprenant."
Etonnant peut-être, mais pas surprenant: vous connaissez l'explication que j'ai exposée dans un billet il y a deux jours. Je ne suis pas certain que l'opération fonctionne vraiment. Une partie de l'électorat de droite porte, à tort, un jugement négatif sur la franc-maçonnerie. Il y a toujours eu, à droite, un anti-maçonnisme assez puissant (je ne parle même pas de l'extrême droite!). Bertrand va ternir à leurs yeux son image. Mais la gauche maçonnique, ses propres frères, n'auront pas nécessairement de lui une meilleure image, qui ne respecte pas la discrétion souhaitée quand on est membre d'une loge.
Bon après-midi.
5 Comments:
Pour info, dans l'esprit d'un débat contradictoire : position d'Alain DUHAMEL sur RTL
Xavier Bertrand, ministre du Travail, a confirmé à "L'Express" publié aujourd'hui, qu'il est franc-maçon et appartient au Grand Orient de France. C'est une gaffe ou un choix intelligent de l'avoir confirmé ?
Non, je crois que c'est un choix franchement intelligent, d'abord parce que de toute façon "L'Express" savait tout. Les francs-maçons, c'est une des spécialités régulières de "L'Express", qui a visiblement de très bonnes informations, certainement venues de l'intérieur, et donc qui savait parfaitement l'année à laquelle Xavier Bertrand avait été initié, en 1995, le nom de la loge, "les filles d'Isis", il y aurait à faire un florilège avec les noms des loges maçonniques ; et puis à quel moment il avait été successivement apprenti, compagnon, puis maître maçon.
Donc à partir du moment où c'était connu, et où ça n'est pas répréhensible, il avait raison de le dire.
Par ailleurs, ça correspond tout à fait au profil qu'il essaye de se donner. Xavier Bertrand, on le sait bien, c'est un ministre ambitieux, jeune, qui réussit plutôt bien, il n'y en a pas tellement dont on peut dire ça à coup sûr, donc il essaye de montrer qu'il est un homme d'écoute, de dialogue, de tolérance, et de ce point de vue, ça correspondait très bien avec cette image de dialogue que veulent justement avoir les francs-maçons, entre eux, mais aussi avec ceux qui sont différents.
Et puis, Xavier Bertrand a beaucoup d'ennemis, se les fait parmi ses concurrents, leur rend des coups sans les mesurer. Il est évident qu'à partir du moment où ça transpirait, ça aurait été utilisé contre lui. A partir du moment où il le proclame, il désarme ses rivaux qui sont très nombreux au sein du gouvernement.
Elle n'est plus ce qu'elle était. Il y a eu des moments où elle était considérable. Par exemple, il y avait plus des deux tiers des maréchaux de Napoléon, qui étaient francs-maçons. Il y a des gouvernements entiers qui étaient à majorité franc-maçon. Sous la IIIe République, des présidents du conseil, Gambetta, Jules Ferry, Léon Bourgeois évidemment, qui était le pape de la théorie de la philosophie des maçons, le maréchal Joffre, la moitié du gouvernement de Léon Blum. Sous la IVe République, Guy Mollet. Sous la Ve, moins. Il y en a encore pas mal chez les Socialistes, en général plutôt modérés, et dans la droite régulièrement modérée.
Mais, ce qui est intéressant, c'est de savoir ce qu'ils représentent dans la société. Il y a le côté idéaliste, philosophique, volonté, goût du secret aussi, avec un petit peu de fraîcheur qui existe chez un certain nombre.
Et puis il y a les positions publiques, qui sont prises par les francs-maçons, qui sont à propos de la peine de mort, de l'avortement, du PACS, etc.. Des positions qui sont systématiquement des positions libérales.
Et puis derrière ça, il y a aussi, ce qui est nettement moins plaisant, c'est à dire des réseaux d'entraide et d'amitié. Dans certains métiers, par exemple dans la haute hiérarchie de la police, il y a toujours eu beaucoup de maçons. Ou bien chez les musiciens de bon niveau, il y a toujours eu beaucoup de maçons, ou bien dans certaines corporations, certaines entreprises aussi, on sait que c'est quelque chose qui continue à peser, mais qui pèse infiniment moins lourd que l'église catholique, que certains syndicats, que beaucoup de professions, que certaines corporations, et surtout qui se développe, comme beaucoup de groupes de pression organisés.
Je dirais que ça va être surtout une espèce de fiche signalétique, ça va être une identité qui maintenant va s'accrocher à ses pieds, ça sera à la fois pas négatif, mais un peu réducteur.
Auteur : Alain Duhamel
By Anonyme, at 10:47 PM
Je vous remercie pour cette déclaration de Duhamel, que je ne conaissais pas et qui rejoint ma propre analyse: Bertrand a fait un choix délibéré pour soigner son image d'homme de droite "ouvert" et "progressiste" (notez bien mes guillemets).
J'ajouterai, comme le fait Alain Duhamel, que cet engagement maçonnique lui a fourni un utile et épais carnet d'adresses dont il a su faire bon usage. A Saint-Quentin, Xavier Bertrand jouit d'une relative indulgence. Je n'ai vu personne s'attaquer bille en tête à lui.
Et j'ai toujours pensé que cet indulgence à son égard (alors que Pierre André est beaucoup plus attaqué)était liée, en partie, aux amitiés qu'il a su nouer.
Bien sûr, le fait qu'il dispose, au gouvernement, d'un important pouvoir conduit aussi à ce que beaucoup le ménagent, ayant besoin de lui. Mieux vaut être en bons termes avec les puissants du moment, même quand ils ne partagent pas vos idées.
Vous avez compris que je ne me situais pas dans une telle perspective. Bertrand est pour moi un adversaire politique, et je le combats comme tel. Je crois d'ailleurs que c'est le seul discours qu'il entende vraiment, tout maçon qu'il est. Dans ce rôle, je ne sais pas si je suis le seul à Saint-Quentin, mais je suis un des rares.
By Emmanuel Mousset, at 12:03 AM
Tout cela n'est vraiment qu'un épiphénomène.La franc-maçonnerie, par son coté discret(et non secret) a toujours engendré un fantasme extraordinaire et surtout elle fait vendre des journaux. Tous les ans et de façon récurrente L'Express, le nouvel obs, Marianne,Le point,etc, sortent un numéro spécial (avec une première page de couverture) sur la franc-maçonnerie)ou l'on raconte tjrs la meme chose et les memes banalités tout simplement parce que ça fait vendre.C'est exactement la meme chose que le numéro spécial sur l'immobilier à Paris et en Province et ça n'a pas plus d'importance. Vite passons à autre chose.
Comme le dit Duhamel à la fin de son article il en restera une identité un peu réductrice .
By Anonyme, at 12:16 PM
D'accord sur la franc-maçonnerie comme épiphénomème médiatique. Mais la déclaration ostentatoire de Xavier Bertrand n'est pas, elle, un épiphénomème. Elle s'inscrit dans une stratégie de séduction de la gauche et d'asphyxie du Parti socialiste.
By Emmanuel Mousset, at 12:53 PM
VIVE SARKOZY C LE MEILLEUR Je LAIME
By Anonyme, at 8:24 AM
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