La grève de la consommation.
Bonsoir à toutes et à tous.
Vous vous souvenez peut-être que pendant les vacances de Noël je vous avais parlé de Paul Ariès, dont la pensée avait retenu mon attention. Je viens de lire un texte fondamental et fondateur de sa réflexion: le "Manifeste pour une grève générale de la consommation". Je ne suis pas d'accord avec tout, loin de là, sa position est plus d'extrême gauche que social-démocrate, et pourtant quelque chose me semble très pertinent dans ce qu'il écrit.
Dès les premiers mots, je désapprouve: "La société de consommation est triste, injuste et impossible." Et la France d'avant, quand les gens n'avaient pas de quoi "consommer", elle n'était pas "triste, injuste et impossible"? En même temps, j'approuve le slogan qui suit: "Moins de biens mais plus de liens." Et je trouve fort juste la distinction entre la domination matérielle du producteur et la domination mentale du consommateur. "Se refuser comme consommateur", oui, parce qu'il y a incontestablement dans ce progrès qu'est la consommation une forme d'aliénation.
A partir de là, Ariès prône "une stratégie conséquente de désobéissance civique", qui "attaquerait donc le système dans ce qu'il a de plus vital et sacré": "Sortir de la consommation est, à la fois, le début et le terme de cette révolution." Nous sommes dans l'utopie, mais réaliste: pas de "grand soir" de la révolution mais un petit matin de l'anti-consommation, une transformation sociale et culturelle qui commence ici et maintenant: "Que chacun réfléchisse, dès à présent, à sa consommation et tente déjà de consommer beaucoup moins, bref d'adopter un mode de vie minimaliste."
Ce qui me paraît très vrai dans tout ça:
- La grève de la production comme prélude au changement social appartient au monde industriel finissant.
- Le moteur du capitalisme moderne, c'est la consommation.
- Le système ne peut être transformé qu'au coeur de son fonctionnement, par l'exemple individuel et le renoncement collectif.
Paul Ariès expose une ébauche de programme politique: Une "journée sans achat" en novembre, la gratuité des transports collectifs, des tarifications différentes selon les niveaux de consommation, un revenu universel inconditionnel équivalent au SMIC, un revenu maximal d'activité, le cantonnement des publicités, le boycott de certains produits ou réseaux vitaux pour le système "hyper-capitaliste", le boycott des journaux télévisés et de la presse aux ordres.
Il faut prendre ce projet pour ce qu'il est: une utopie féconde, un idéal concret, des principes et des pratiques qui font réfléchir. Pourquoi ce texte, que je pourrais contester, me plaît-il? Parce qu'au-delà de sa radicalité qui ne me ressemble pas, je m'y retrouve: ma vie est celle-là, je n'ai jamais sacrifié à la consommation, je n'en possède ni n'en recherche les signes distinctifs, j'ai eu ma première voiture à 44 ans, je suis devenu propriétaire à 46 ans, je ne pars pas en vacances, je ne cède pas aux dernières nouveautés de l'audio-visuel et de l'électro-ménager, je vais très rarement à Cora et Auchan. La "grève générale de la consommation", c'est tous les jours pour moi!
Bonne nuit.
Vous vous souvenez peut-être que pendant les vacances de Noël je vous avais parlé de Paul Ariès, dont la pensée avait retenu mon attention. Je viens de lire un texte fondamental et fondateur de sa réflexion: le "Manifeste pour une grève générale de la consommation". Je ne suis pas d'accord avec tout, loin de là, sa position est plus d'extrême gauche que social-démocrate, et pourtant quelque chose me semble très pertinent dans ce qu'il écrit.
Dès les premiers mots, je désapprouve: "La société de consommation est triste, injuste et impossible." Et la France d'avant, quand les gens n'avaient pas de quoi "consommer", elle n'était pas "triste, injuste et impossible"? En même temps, j'approuve le slogan qui suit: "Moins de biens mais plus de liens." Et je trouve fort juste la distinction entre la domination matérielle du producteur et la domination mentale du consommateur. "Se refuser comme consommateur", oui, parce qu'il y a incontestablement dans ce progrès qu'est la consommation une forme d'aliénation.
A partir de là, Ariès prône "une stratégie conséquente de désobéissance civique", qui "attaquerait donc le système dans ce qu'il a de plus vital et sacré": "Sortir de la consommation est, à la fois, le début et le terme de cette révolution." Nous sommes dans l'utopie, mais réaliste: pas de "grand soir" de la révolution mais un petit matin de l'anti-consommation, une transformation sociale et culturelle qui commence ici et maintenant: "Que chacun réfléchisse, dès à présent, à sa consommation et tente déjà de consommer beaucoup moins, bref d'adopter un mode de vie minimaliste."
Ce qui me paraît très vrai dans tout ça:
- La grève de la production comme prélude au changement social appartient au monde industriel finissant.
- Le moteur du capitalisme moderne, c'est la consommation.
- Le système ne peut être transformé qu'au coeur de son fonctionnement, par l'exemple individuel et le renoncement collectif.
Paul Ariès expose une ébauche de programme politique: Une "journée sans achat" en novembre, la gratuité des transports collectifs, des tarifications différentes selon les niveaux de consommation, un revenu universel inconditionnel équivalent au SMIC, un revenu maximal d'activité, le cantonnement des publicités, le boycott de certains produits ou réseaux vitaux pour le système "hyper-capitaliste", le boycott des journaux télévisés et de la presse aux ordres.
Il faut prendre ce projet pour ce qu'il est: une utopie féconde, un idéal concret, des principes et des pratiques qui font réfléchir. Pourquoi ce texte, que je pourrais contester, me plaît-il? Parce qu'au-delà de sa radicalité qui ne me ressemble pas, je m'y retrouve: ma vie est celle-là, je n'ai jamais sacrifié à la consommation, je n'en possède ni n'en recherche les signes distinctifs, j'ai eu ma première voiture à 44 ans, je suis devenu propriétaire à 46 ans, je ne pars pas en vacances, je ne cède pas aux dernières nouveautés de l'audio-visuel et de l'électro-ménager, je vais très rarement à Cora et Auchan. La "grève générale de la consommation", c'est tous les jours pour moi!
Bonne nuit.
3 Comments:
Vonjour,
Ne consommez pas ce qui est potentiellement dangereux !
par exemple la fausse liste PS !
By Anonyme, at 8:38 AM
Toujours dans l'attente d'une explication de Mr lançon concernant L'appel "gauche avenir"
By Anonyme, at 10:48 AM
Au premier anonyme:
Une liste Canada Dry?
Au second anonyme:
Qui ne dit mot consent?
Le silence est d'or?
By Emmanuel Mousset, at 1:02 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home