L'Aisne avec DSK

20 mars 2008

La mort et la vie.

Bonjour à toutes et à tous.

Le combat de Chantal Sébire pour l'euthanasie a ému, sa mort hier soir a bouleversé. Cette disparition ne devra pas être inutile. Un message fort a été lancé, ce sera au législateur de le traduire dans un texte de loi. La question posée est difficile et douloureuse. Le droit de mourir n'est pas reconnu par nos sociétés, parce que la vie nous semble plus forte que tout, et donc à défendre avant tout. Mais que faire quand la vie n'est plus une vie, quand le visage se déforme et n'est plus que souffrance? C'est ce qu'on a coutume d'appeler un "problème de société", qui sera obligatoirement résolu dans un monde où les personnes âgées seront de plus en plus nombreuses et où le choix de la mort sera fréquemment posé.

Le passé prouve que la représentation nationale a toujours su, dans sa grande sagesse républicaine, traiter de ces "problèmes de société": la contraception dans les années 60, l'avortement dans les années 70, la peine de mort dans les années 80, le PACS dans les années 90. A chaque fois, le politique entre en philosophie, en abordant la vie, la mort, l'amour, le désir. Souvent, l'unanimité se réalise, comme si les sujets fondamentaux, métaphysiques, étaient plus rassembleurs que les questions économiques et sociales. Quand j'entends dire, à propos de Chantal Sébire, que la justice serait inhumaine, je défends une fois de plus l'institution: il manque une loi, pas facile à concevoir et à rédiger, qui autorise la mort volontaire.

Je ne sais pas quel pourrait être son contenu, je n'ai pas suffisamment réfléchi là-dessus. Mais ce sera la grande loi à venir, à la suite des grandes lois que j'ai précédemment citées. J'attends un Robert Badinter ou une Simone Veil qui porte devant le Parlement ce nouveau progrès de l'humanité, l'émancipation devant la mort. Je sais que le socialiste Gaëtan Gorce travaille depuis longtemps dans cet objectif, dont il nous avait parlé l'an dernier lors d'une réunion à Saint-Gobain.

Des avancées ont été obtenues. Il y a quatre ans, une loi sur la fin de vie a été unanimement adoptée et elle règle beaucoup de situations dramatiques. Mais le geste de Chantal Sébire invite à réfléchir sur l'euthanasie active, le suicide assisté, ce que je préfère nommer mort volontaire. A la différence de l'avortement mais comme la peine de mort, les personnes concernées sont aujourd'hui peu nombreuses, mais elles iront en grandissant. Notre société devra continuer à allonger la durée de la vie et à aménager le moment de la mort.


Bonne matinée.