L'Aisne avec DSK

31 mars 2008

Piégée.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je suis allé comme convenu au premier "vrai" conseil municipal, le tout premier à Fervaques n'étant que son installation. J'ai renoué avec ce balcon trop exigu qui ne propose que trois bancs inconfortables et une vue plongeante qui ne permet d'observer que le maire et le premier rang des adjoints. Il reste quand même le son et la transmission sur le site de la Ville! Pas de surprise, chacun a joué son numéro, Pierre André dans l'ironie et Jean-Pierre Lançon dans le tonitruant.

La parole de l'opposition a été équitablement partagée, l'extrême gauche donnant de la voix, comme c'était prévisible. La représentante des Verts était absente. Je suis parti à 19h 50, devant participer à un café citoyen dont je parlerai peut-être plus tard. Je reviendrai donc demain sur la totalité de la séance telle que la presse ne manquera pas de l'évoquer. En attendant, je vous livre mes impressions, que je résume ainsi: l'opposition est piégée, et elle le restera pendant six ans, pour trois raisons:

1- L'opposition est piégée par son formalisme. Quand elle demande d'emblée un procès-verbal plus complet que celui qui était mis au voix, le maire lui répond que l'analytique sera transmise "plus tard", et les services techniques précisent "dans quelques mois". Fermez le ban. Et l'opposition y peut quoi? Rien. Même échec, même inutilité lorsqu'il s'agit de réclamer la représentation de l'opposition dans d'autres commissions que celles où cette représentation est obligatoire. Le maire répond comme il l'a déjà fait: il suivra la loi, rien que la loi, et ne fera pas de cadeau à une opposition qui a décidé dans sa campagne de ne lui faire aucun cadeau.

Mais on va où comme ça? Vers rien. Est-ce que les Saint-Quentinois ont désigné une opposition pour rien? Est-ce que les 39,2% qui ne se reconnaissent pas en Pierre André vont se sentir représentés par l'opposition? Il faudrait pour cela que celle-ci serve à quelque chose, qu'elle fasse la preuve de son utilité. Je ne veux pas désespérer, il faut attendre, mais j'ai de sérieux doutes, quand j'entends le ton sur lequel se sont installés ce soir les rapports entre la majorité et l'opposition. Et puis je sais que le chef de file de l'opposition a déjà donné, de 1995 à 2001, et je ne vois pas ce qu'il pourrait apporter de nouveau.

2- L'opposition est piégée par son passé. Lorsque Jean-Pierre Lançon interroge le maire sur ses frais de représentation qui s'élèvent à 1.000 euros, celui-ci rétorque que la municipalité d'avant son premier mandat autorisait sans transparence l'achat de costumes, l'utilisation de voitures de service et la jouissance de vins de grands crus. Soit la mise en cause est fausse et il y a diffamation, soit elle est vraie et le premier conseiller d'opposition traînera comme un boulet des accusations qui le visent personnellement.

3- L'opposition est piégée par son incohérence. Lorsque Michel Aurigny, du Parti des Travailleurs, demande qu'une solution soit trouvée pour permettre la gratuité du parking de l'hôpital, le maire le renvoie dans les cordes en lui conseillant pour ce financement de s'adresser à ses "amis politiques" du Conseil général et du Conseil régional. Sauf que Gewerc et Daudigny ne sont pas les "amis politiques" d'Aurigny et que celui-ci est en règle général l'adversaire politique des socialistes. Son seul "ami politique" s'appelle Lançon. Et pour combien de temps? Le conseil du maire est donc (volontairement) injustifié, mais l'opposition forme une équipe, élue sur une même liste et un même programme. Il est donc difficile à ses membres de se dissocier, du moins pour l'instant.

Même tactique de Pierre André quand il lance un "challenge" à Michel Aurigny: que celui-ci rende d'abord gratuit le parking de la mairie, et il aura ensuite toute latitude pour s'occuper du parking de l'hôpital. Sauf que là encore, Aurigny n'est strictement pour rien dans le parking souterrain. L'opposition est faite d'éléments disparates qui se neutralisent les uns les autres. Aucune cohérence ne peut en surgir. Pierre André aura beau jeu d'appuyer sur les contradictions.

Nous voilà donc partis pour six ans. Rien de positif ne pourra venir d'une opposition qui s'est constituée dans les conditions que l'on sait et que je ne cesse de dénoncer depuis quelques mois. Je ne me reconnais dans aucun de ses représentants. Six ans, c'est long, mais ne croyez pas que la situation va rester figée. Elle va inévitablement évoluer, et je ferai tout pour qu'elle évolue. Il faut dès maintenant, lors de chaque conseil municipal, démontrer l'impuissance de l'actuelle opposition et dessiner les contours d'une autre opposition.


Bonne nuit.