Un film anti-Sarkozy.
Bonjour à toutes et à tous.
Mon amie et camarade Lise vient de m'adresser par courrier un article fort intéressant, tiré du magazine La Vie du 13 mars 2008, sur le film de Dany Boon: "Pourquoi les Chtis triomphent", signé Johanna Luyssen. La question en effet mérite d'être posée, sauf à se laisser porter par le conformisme béat qu'entraîne le succès. "Bienvenus chez les Chtis", d'après ce que j'en lis, est un gentil petit film, pas un grand film, encore moins un chef-d'oeuvre.
On le compare souvent à "La grande vadrouille". La seule ressemblance est dans le nombre spectaculaire d'entrées. Le film de Gérard Oury inventait un genre comique, la seconde guerre mondiale tournée en dérision. Il fallait oser, seulement 20 ans après la fin du conflit. Boon ne crée rien de nouveau. Et puis, Bourvil et de Funès étaient des acteurs de haute volée, Boon et Merad ne sont que des amuseurs talentueux. Alors, pourquoi un tel phénomène? Luyssen répond en cinq points:
1- L'antithèse du film bling-bling. Dans la France sarkozienne du clinquant, de l'esbroufe et du fric, incarnée au cinéma par "Astérix aux Jeux Olympiques", un film sans prétention et sans énormément d'argent fait passer un peu d'air frais.
2- La célébration de l'entraide et de la fraternité. Gentillesse, amitié, bonhomie, jovialité, en un mot bonheur, voilà toutes les vertus que la journaliste attribue à ce film que je n'ai pas encore vu. Les Français ont envie d'être heureux! Là encore, on est loin, très loin du "travailler plus pour gagner plus".
3- La revanche des "petites gens". Le Nord est mal perçu, mal aimé, oublié, parce qu'il est ni de la droite bling-bling, ni de la gauche bobo. En lui se reconnaissent tous ceux que notre société ne reconnait plus, à l'opposé de la France du "paquet fiscal" censée faire redémarrer l'économie (on attend toujours!).
4- Le besoin de rire. C'est une constante nationale depuis quelques années, un spectacle sur cinq porte sur l'humour. La crise de rire comme remède à la crise de société?
5- L'humour bon enfant. C'est celui que j'aimais quand j'étais enfant et qui ne me fait même pas sourire aujourd'hui: les vieux films de Fernandel. Les Français seraient-ils devenus de grands enfants? En tout cas, c'en est ici fini avec la raillerie style Canal-Plus.
J'irai voir les Chtis, comme tout le monde, c'est promis, mais quand il y aura un peu moins de monde. J'irai parce que je me demande si ce n'est pas le premier film profondément quoique invisiblement anti-Sarkozy.
Bonne matinée.
Mon amie et camarade Lise vient de m'adresser par courrier un article fort intéressant, tiré du magazine La Vie du 13 mars 2008, sur le film de Dany Boon: "Pourquoi les Chtis triomphent", signé Johanna Luyssen. La question en effet mérite d'être posée, sauf à se laisser porter par le conformisme béat qu'entraîne le succès. "Bienvenus chez les Chtis", d'après ce que j'en lis, est un gentil petit film, pas un grand film, encore moins un chef-d'oeuvre.
On le compare souvent à "La grande vadrouille". La seule ressemblance est dans le nombre spectaculaire d'entrées. Le film de Gérard Oury inventait un genre comique, la seconde guerre mondiale tournée en dérision. Il fallait oser, seulement 20 ans après la fin du conflit. Boon ne crée rien de nouveau. Et puis, Bourvil et de Funès étaient des acteurs de haute volée, Boon et Merad ne sont que des amuseurs talentueux. Alors, pourquoi un tel phénomène? Luyssen répond en cinq points:
1- L'antithèse du film bling-bling. Dans la France sarkozienne du clinquant, de l'esbroufe et du fric, incarnée au cinéma par "Astérix aux Jeux Olympiques", un film sans prétention et sans énormément d'argent fait passer un peu d'air frais.
2- La célébration de l'entraide et de la fraternité. Gentillesse, amitié, bonhomie, jovialité, en un mot bonheur, voilà toutes les vertus que la journaliste attribue à ce film que je n'ai pas encore vu. Les Français ont envie d'être heureux! Là encore, on est loin, très loin du "travailler plus pour gagner plus".
3- La revanche des "petites gens". Le Nord est mal perçu, mal aimé, oublié, parce qu'il est ni de la droite bling-bling, ni de la gauche bobo. En lui se reconnaissent tous ceux que notre société ne reconnait plus, à l'opposé de la France du "paquet fiscal" censée faire redémarrer l'économie (on attend toujours!).
4- Le besoin de rire. C'est une constante nationale depuis quelques années, un spectacle sur cinq porte sur l'humour. La crise de rire comme remède à la crise de société?
5- L'humour bon enfant. C'est celui que j'aimais quand j'étais enfant et qui ne me fait même pas sourire aujourd'hui: les vieux films de Fernandel. Les Français seraient-ils devenus de grands enfants? En tout cas, c'en est ici fini avec la raillerie style Canal-Plus.
J'irai voir les Chtis, comme tout le monde, c'est promis, mais quand il y aura un peu moins de monde. J'irai parce que je me demande si ce n'est pas le premier film profondément quoique invisiblement anti-Sarkozy.
Bonne matinée.
11 Comments:
Anti-Sarkozy ?
Faut prendre du recul, c'est de l'aliénation à ce niveau. Sarkozy c'est juste un homme, pas une créature infernale qui transforme la vie des socialistes en enfer. D'accord la croissance n'est pas au rendez-vous, elle ne l'aurait pas non plus été avec Ségolène qui affirmait que sa seule présence relancerait la confiance qui ferait redémarrer la croissance. Il y a une erreur d'aiguillage dans la politique de Sarkozy, c'est le paquet fiscal qu'il aurait fallu transformer en capital-risque pour de nouvelles entreprises innovantes au niveau européen. S'il ne le fait pas en étant à la présidence européenne, en 2012 il sera viré par les Français. C'est donc à nous en tant que Sociaux Démocrates Réformistes de prononcer la chose, quitte à nous faire trianguler. Parce que si nous ne le revendiquons pas, et que Nicolas le fasse, pour 2012 c'est alors lui qui repart pour un tour. La politique est une compétition qui ne repose pas sur la critique de la concurrence, mais sur le perçu qu'en a l'électorat. Si le PS ignore cette règle, il se fera bananer une fois de plus.
By jpbb, at 12:26 PM
comme souvent jpbb a été sage et censé.
Vive l'anti-sarkozysme primaire apres tout, si c'est tout ce dont vous etes capable.
Vous devriez plutot lire le figaro magazine, l'éditorial d'alexis brezet qui fait l'éloge du livre de jean-paul huchon me semble etre d'un autre niveau.
Quant aux chtis, relisez les critiques unanimes d'avant sa sortie à l'époque, c'était un grand film, le succes aidant, c'est devenu un petit film.
Et nous sommes totalement dans la france du paquet fiscal, celle qui fait des heures supplémentaires, celle qui ne paient plus de droit de successions pour les petites successions.
La France du terroir, du bon sens, cette france qui a encore le sens des réalités et qui a plébiscité Sarkozy en 2007.
On est loin, tres loin des grandes villes socialistes.
A bergues les 2 listes divers droite font 65,16% des voix au 2e tour mais à cause de la désunion,
c'est la liste de gauche qui fait 34% qui arrivent en tete.
Libre à vous de faire les posts que vous voulez, mais ce poste ne fait que reprendre les idées déjà évoqués dans un précédant post
qu'est ce que cela apporte au blog,
je me le demande bien.
By grandourscharmant, at 2:36 PM
- Je fais de l'anti-sarkozysme simple, sain et naturel, que vous qualifiez de "primaire" parce qu'il vous gêne, comme les communistes en leur temps fustigeaient l'anticommunisme "primaire" afin de discréditer ce qui était une critique simple, saine et naturelle du communisme.
- Au demeurant, cet antisarkozysme ne vient pas exclusivement de moi mais je le perçois dans le succès rencontré par les Chtis.
- L'idée que je me fais d'un "grand" film ne correspond pas à celui-ci. Mais peut-être n'avons-nous pas la même conception de la "grandeur". Cette remarque n'enlève d'ailleurs rien à sa qualité. Pas besoin d'être "grand" pour avoir de la valeur.
- J'ai en effet déjà parlé des Chtis, mais pas sous l'angle de l'antisarkozisme. Et puis mieux vaut éventuellement se répéter que se contredire.
- Oui, le livre de Jean-Paul Huchon a retenu mon attention, je l'ai écrit sur ce blog dans un dernier billet (vous voyez qu'il est utile de se répéter!). Mais je me passerai de l'éloge du Fig Mag pour l'apprécier (Huchon était à 13h00 l'invité de France-Culture).
By Emmanuel Mousset, at 3:05 PM
bienvenue chez les chtis, on a connu cela à St-Quentin, ils alaient tout croquer, et ça a fait pschitt !
Sarkozy est là jusqu'en 2012, que ce soit dit, c'est au PS de préparer 2012, projet réaliste, ligne claire, une seule voix pour s'exprimer, plus de querelles entre courants désuets, mettre Mélenchon au pas, ...
By Anonyme, at 3:08 PM
Voila ce qui arrive lorsque l'on parle à 2 reprises d'un film que l'on n'a pas vu !...
By Anonyme, at 4:04 PM
Les théologiens n'ont jamais vu Dieu, les communistes n'ont jamais vu la société sans classe, les historiens n'ont jamais vu Jules César ou Jeanne d'Arc, les astrophysiciens n'ont jamais vu les exoplanètes, ça ne les empêche pas d'en parler. Moi, c'est pareil, sauf que les Chtis, je les verrai...
By Emmanuel Mousset, at 4:20 PM
Et les aveugles n'ont jamais vu la lumière!..
By Anonyme, at 7:22 PM
Si, la lumière intérieure, car l'aveugle n'est pas nécessairement celui qui ne voit pas.
By Emmanuel Mousset, at 7:36 PM
Et le sourd celui qui n'entend pas evidemment!...
By Anonyme, at 9:21 PM
Vous comprenez vite, c'est bien, continuez.
By Emmanuel Mousset, at 11:07 PM
@ Grand Ours Charmant
Je réagis un peu tard mais c'est moi qui ai écrit l'article dont vous commentez le commentaire; je dois vous contredire sur un point: pour avoir étudié l'affaire de près je dois dire que contrairement à ce que vous écrivez, les critiques n'étaient pas DU TOUT unaniment positives avant la sortie du film, et que ce n'est parce qu'il a du succès que je dis que c'est un petit film mais sa qualité technique, qui je le maintiens est sans prétention voire moyenne (critères : qualité de l'intrigue, jeu des acteurs, etc.)
Bien à vous.
Johanna Luyssen.
By Anonyme, at 4:03 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home