L'Aisne avec DSK

22 mars 2008

St Amand et St Quentin.

Bonjour à toutes et à tous.

Eh oui, même loin de Saint-Quentin, je reste avec vous. Ici, à Saint-Amand, on élisait cet après-midi le nouveau maire, Thierry Vinçon, frère de l'ancien, décédé en décembre. Les résultats dans cette sous-préfecture du Cher de 11.000 habitants ont été surprenants. Le maire UMP, comme à Saint-Quentin, rassemblait 60% de l'électorat, mais depuis 25 ans. Après sa disparition, on pouvait penser que l'émotion et la mémoire joueraient en faveur de son frère. Première surprise: celui-ci a fait au premier tour 40%. Il n'y a pas d'héritage ou d'héritier en politique. Les électeurs sont attachés à un homme et peuvent se détacher de son successeur, même de sang.

Il faudra s'en souvenir quand dans 6 ans, à Saint-Quentin, Xavier Bertrand succédera à Pierre André. La donne ne sera plus la même, beaucoup d'eau aura coulé sous le pont du canal, un maire populaire avec une image non partisane passera la main à un candidat sarkozyste que l'épreuve du gouvernement aura immanquablement marqué. A gauche, il est à souhaiter que nous aurons rompu avec ce que nous subissons depuis quelques mois et qui ne durera pas, notre section ne pouvant pas indéfiniment rester à l'écart des évolutions du Parti au niveau national.

Deuxième surprise du premier tour: la gauche, qui tenait une chance historique de l'emporter, s'est effondrée à 25% (je pense au score du PS en 2001 à Saint-Quentin). La raison: l'incroyable émergence du MoDem se hissant à 33%! Conduit par le docteur Mrozek (qui est né... dans l'Aisne, à Soissons), il a mené une habile campagne, ni droite ni gauche, attirant les électeurs de gauche en quête d'espoir et les électeurs de droite en quête de changement tranquille. Comme sur l'ensemble du territoire, il va bien falloir que les socialistes s'interrogent sur ce phénomène "centriste", qui conteste la droite sans pour autant soutenir la gauche.

C'est ce qui s'est passé à Saint-Amand: Mrozek n'a pas voulu la fusion des listes au second tour. Pourtant, centristes et socialistes, à eux deux, détenaient une large majorité. La droite pouvait, devait être battue, elle a gagné, avec 43%, contre 36% au MoDem et 20% au PS. Mes camarades saint-amandois ne pouvaient que se maintenir, les centristes ne voulant pas d'eux. De cet échec, il faudra tirer une leçon générale: socialistes et centristes doivent chacun prendre leurs responsabilités et évoluer les uns vers les autres. Nous avons le même adversaire politique, Nicolas Sarkozy et la droite conservatrice. Nous devons donc nous rapprocher, les centristes en faisant un effort de clarification, les socialistes en faisant un effort d'ouverture. Je précise que cette nouvelle étape dans l'histoire politique du Parti socialiste ne devra pas nous amener à rompre avec nos partenaires traditionnels, PRG, Verts et PCF. Il va de soi, sauf pour quelques socialistes saint-quentinois qui ont renié leur identité, que l'extrême gauche n'en fait pas partie.

Saint-Amand n'est pas Saint-Quentin: la première est une petite ville sociologiquement petite-bourgeoise, où la droite domine depuis 50 ans, la seconde est une ville moyenne fortement ouvrière qui s'est donnée un député-maire communiste. Mais il y a des points communs: dans l'une et l'autre, le Parti socialiste, depuis un demi-siècle, ne parvient pas à s'imposer, à constituer une alternative crédible. Pourtant, rien, absolument rien, ni le passé politique, ni la réalité sociologique, n'interdiraient que ces localités deviennent un jour socialistes. La clé de toutes les victoires? L'ouverture au centre, l'adoption d'une ligne social-démocrate, le renoncement à la culture d'appareil, partisane, bureaucratique, procédurière et au final perdante. Une culture tout juste bonne pour s'opposer, mais pas pour gagner et gérer.

A Saint-Amand comme à Saint-Quentin, des majorités progresssistes demain triompheront. Mais quand? Le temps est un adversaire impitoyable en politique. Saint-Amand est à droite depuis 50 ans et l'occasion de ces municipales a été manquée. A Saint-Quentin aussi, la possibilité de mettre en place une opposition socialiste d'avenir a été écartée dans les conditions que vous savez, au profit exclusif de l'extrême gauche. Je ferai tout pour que Saint-Quentin ne soit pas Saint-Amand, que la droite, en partie par la faute des socialistes, ne dirige pas la ville pendant 50 ans.


Bonne soirée (la mienne sera bien sûr berrichonne).

7 Comments:

  • Il y a juste un point de détail qui est important: au premier tour, il n'y a que des adversaires en politique qui essaient d'attirer l'électorat par un programme dense pour pouvoir l'emporter directement, et si cela ne marche pas passer des accords avec les adversaires de la veille pour y parvenir au second. La notion de partenaires traditionnels, PRG, Verts et PCF est vide de sens dans ce contexte, il n'y a pas lieu de rompre, l'as-t'on fait avec l'UMP pour voter Chirac au pour son dernier mandat ? Tout dépend des circonstances, il faut alors savoir s'adapter. Si notre but est de gérer le pays pour que la misère recule pour les plus pauvres d'entre-nous, seul un accord avec des extrémistes est à proscrire. Mitterrand s'est allié ponctuellement avec le PC sur un programme de gouvernement, il n'a pas adopté leur idéologie. Quand on veut manger avec le diable, on prend une longue fourchette avec soi. Pour l'adoption d'une ligne social-démocrate, le renoncement à la culture d'appareil, partisane, bureaucratique, procédurière et au final perdante, je ne peux que te suivre dans ta proposition.

    By Blogger jpbb, at 8:33 PM  

  • ah la droite conservatrice, je vois que nous avons le meme adversaire.
    Enfin, si seulement je pouvais savoir ce qu'est cette droite.

    Moi, je connais une gauche qui s'oppose aux réformes et aux évolutions.
    Quand je pense à toutes ces reformes faites partout en Europe par des sociaux-démocrates, alors que la gauche française y est hostile.

    Le plus grand danger pour le pays, c'est la gauche conservatrice, ce syndicat d'élu qui pense d'abord à préserver ses places et son clientelisme plutot qu'à faire évoluer le pays.

    Car s'il est bien une chose qu'on peut reprocher au président, c'est d'avoir réformé à minimas alors qu'il y a tant de choses qui ne fonctionnent pas ou qui ne fonctionnent plus.

    Et je note une chose, l'absenteisme favorise la gauche.

    By Blogger grandourscharmant, at 8:56 PM  

  • Grandourscharmant, c'est que la gauche en France, c'est la mariage de la carpe et du lapin. C'est des socialistes et des communistes, je n'ose pas inclure l'extrême gauche, ceux qui chantent en brandissant leur poing. Et même au sein du PS par le biais des courants, il y a une sensibilité constituée d'attardés qui freinent des quatre fer en attendant le grand soir, celui qui n'arrive jamais. C'est tout le problème de la rénovation, arriver à constituer un parti crédible qui soit une alternative démocratique à Nicolas Sarkozy. Il va falloir trancher dans le vif, parce que les dits attardés ont le désir profond de s'allier avec l'extrême gauche, juste pour avoir éternellement le plaisir de perdre. Ce faisant ils dégagent une voie royale à Bayrou; ils sont tellement crispés sur leur position idéologique stérile et dépassée qu'ils ne s'en rendent pas compte. C'est un gros chantier, mais heureusement que certains s'y attellent au PS. Emmanuel et moi, cela fait déjà deux. :-)
    J'exagère, il y en a quelques autres... ;-)

    By Blogger jpbb, at 11:04 PM  

  • Bonjour à tous

    Pardon Emmanuel, ça n'a aucun rapport avec ton article, mais c'est l'actualité :
    le groupe hétéroclite des auto-proclamés "reconstructeurs" (Cambadélis, Bartelone, Hamon, Montebourg, etc), censés proposer une alternative au duel annoncé entre Royal et Delanoê, tendent la perche à ce dernier... Est-ce un pas de plus vers une "union sacrée" du PS, ou le début d'une guerre de tranchées entre "pro" et "anti" Royal ? Personnellement, je suis pessimiste...

    Parallèlement, la récente défaite de Bayrou (et du MoDem), ainsi que la victoire des socialistes remet en question une future orientation "centre gauche" du PS (Hamon fait même remarquer que ça fait 3 fois que le PS perd les présidentielles avec un projet de centre-gauche). Alors l'union avec la "gauche de la gauche" redevient à la mode... Là aussi, je suis perplexe...

    Bon week-end
    Thierry

    By Anonymous Anonyme, at 3:51 PM  

  • A Grandours:

    La droite conservatrice, c'est par exemple celle qui refuse l'héritage de Mai 68,qui a pourtant façonné la société d'aujourd'hui. Personne ne voudrait revenir au climat culturel et moral des années 50.

    Vous semblez vous satisfaire des réformes sociales-démocrates dans les pays d'Europe du nord. Très bien, je m'en réjouis. Mais dans ces pays, il existe des partis "conservateurs" qui luttent contre ces réformes. Voilà encore ce qu'est la droite conservatrice, en Europe.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:57 PM  

  • Bonjour Thierry.

    Deux réactions à tes deux remarques:

    1- Le groupe des "reconstructeurs" n'a de sens qu'en refusant la guerre des présidentiables et en se concentrant sur la reconstruction de notre projet. S'il réactive cette guerre, il y aurait contresens.

    2- Les municipales ont montré que l'alliance avec la "gauche de la gauche" n'apportait strictement rien au PS. A Saint-Quentin, le "mini-laboratoire" mis en place par Lançon-Ferreira-Gatteau leur a pété au nez.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:04 PM  

  • De quel mai 68 parle t on ?
    celui des étudiants, celui des ouvriers
    celui de la cia et du kgb, les spécialistes sont d'accord pour reconnaitre qu'il y avait des agents provacteurs de ces organisations sur le terrain.

    On parle du mai 68 qui n'a pas fait de mort parce qu'on a donné des ordres pour.


    Et pour l'europe, de quels partis parlez vous ?
    Quels sont ces partis conservateurs qui luttent contre ces réformes et surtout quels réformes ?
    Sont ils membres du PPE que l'UMP a rejoint ces partis conservateurs ?

    C'est vous qui me semblez bien archaique et conservateur à ne pas voir à quel point le monde a changé, mais il est vrai que si vous ne l'étiez pas vous seriez obligé d'etre de bonne foi.
    Et quand on voit tous les problemes que cela peut vous poser dans votre camp pour le peu que vous l'etes.

    Apres cette petite taquinerie, c'est vrai que le monde actuel est illisible, quand on a d'un coté les conservateurs libéraux qui sont pour la perpetuation des traditions
    mais qui sont aussi économiquement libéraux.
    Est ce si mal que ça la tradition et au niveau des moeurs sont ils si conservateurs ?

    Et de l'autre on a les socialistes français censés etre membre du PSE pour qui l'état providence est censé etre la regle.
    Que devient l'état providence quand les caisses sont vides ?
    Cet état providence est censé gommer les inégalités pas les perpétuer ou les renforcer.
    En France, le service de l'état s'entend surtout par un cdi, en scandinavie, par un cdd et juste ce qu'il faut de serviteurs de l'état.
    Quel est le meilleur modele, celui qui est en excédant budgétaire ou celui qui est en déficit depuis pres de 30a ?

    Quand son coeur d'électorat n'est plus les classes populaires mais les classes moyennes et supérieures on fait une politique qui sert surtout ses électeurs.

    D'un certain point de vue, c'est plus simple pour le ps que pour l'ump car l'ump doit satisfaire du rmiste au milliardaire, les urbains et les ruraux.
    Le ps lui se concentre sur les fonctionnaires, les diplomés et les urbains, une clientele plus restrainte.

    By Blogger grandourscharmant, at 10:11 AM  

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