Une promenade politique.
Bonjour à toutes et à tous.
En ce lundi de Pâques, j'ai le plaisir de vous retrouver dans le cyber café "L'arrêt.net", jeu de mots berrichon sympa. Hier il neigeait, aujourd'hui il pleut. Je vous convie tout de même, parapluie en main, à une petite promenade politique à travers ma bonne ville de Saint-Amand Montrond. Politique non plus au sens électoral comme dans mes derniers billets, mais au sens de la vie de la cité.
Rendez-vous dans la Maison de la Presse. Surprise, un espace, certes modeste, est consacré à l'anniversaire de Mai 68. Même ici! En 1998, je ne me souviens pas qu'on en ait autant parlé. Sarkozy, en voulant "liquider" cet héritage, aura involontairement promu sa célébration!
En passant devant le cinéma, à n'importe quelle séance de ce week-end pascal, c'est la queue pour les Ch'tis. Les Berrichons sont comme tout le monde, emportés par la vague nordiste. J'attendrai mon retour en Picardie pour aller voir non pas le film mais plutôt le phénomène sociologique.
En attendant, je me rends dans un lieu de mon enfance, la fontaine Saint-Martin, où j'allais remplir d'eau une remorque de bouteilles pour la consommation familiale. Sur le mur, un arrêté municipal de 1965 interdit de boire. Dans les années 70, avant l'obsession sécuritaire et l'exigence de confort sanitaire, de nombreux Saint-Amandois se ravitaillaient à cette source, bravant la loi, n'y pensant même pas. La gratuité était là, à portée de main. Qui aujourd'hui s'approvisionnent à l'eau de source? Il n'y a plus que le robinet et le supermarché, bien sûr payants.
Du côté des Fromenteaux, à l'extérieur de la ville, un emplacement pour "manouches" (les Berrichons appellent ainsi les "gens du voyage") a été aménagé. Avec des tas de problèmes, de réticences, de polémiques, comme un peu partout ailleurs. Pourtant, ce ne sont pas des immigrés, dont la population augmenterait, qui prendraient le travail des autochtones et je ne sais quoi d'autres. Où est alors le problème? Dans une forme d'intolérance que génère la société contemporaine, qui veut tout contrôler, tout normaliser. Evidemment, avec les "gens du voyage", ça ne marche pas.
Des enseignes commerciales sont apparues ces dernières années: Gifi, Lidl, Ed. La société de consommation, comme le sable du désert, n'en finit pas d'avancer. A quand Cora et Auchan? Les appétits d'achat sont insatiables. Les épiceries ferment, les grandes surfaces ouvrent. La mondialisation s'en mêle aussi: kebab, chinois, Mac Do, pizzeria, tout ce qui était réservé à Paris, à la grande ville, s'installe au coeur du Berry. A la grande satisfaction des indigènes, dont je suis.
En poursuivant ma promenade, je tombe sur une maison du vieux Saint-Amand, incendiée, et non loin de là, un mur noirci. De quoi s'agit-il? Le Berry républicain, journal du coin, me l'apprend: la ville a connu sa première émeute urbaine il y a trois semaines. Trois jeunes, sous l'emprise de l'alcool, du cannabis et de la connerie, ont mis le feu à plusieurs poubelles et deux véhicules, les flammes se propageant dans une habitation entièrement ravagée, sans faire heureusement de victimes. Saint-Amand, dans l'esprit de ses habitants, a sans doute rejoint les lointaines banlieues qui flambent le soir dans le poste de télévision. La télévision, justement, n'est-ce pas elle qui allume la mèche? Un mimétisme stupide pousse des esprits faibles à se transformer en criminels potentiels.
Connaissez-vous la Cité de l'Or? C'est ce que Serge Vinçon, le maire disparu en décembre, aura laissé de spectaculaire à la postérité: une pyramide contenant un musée, une salle de spectacles, des espaces de réunion, le tout dédié à la petite industrie locale, l'orfèvrerie et le travail du plus précieux des métaux. Saint-Amand n'est pas très riche mais elle a cette richesse-là, dont Vinçon s'est saisi pour promouvoir sa ville et marquer l'histoire locale. Comment lui reprocher? Tout homme politique veut laisser son empreinte. Saint-Amand aura sa pyramide! La droite aura sûrement perdu des voix à cause de son coût, qui n'a pas convaincu tout le monde.
Rien de tel à Saint-Quentin: le parking payant de l'hôpital pouvait paraître injuste, il n'était pas dispendieux et ne relevait pas directement d'un choix du maire. Dans l'avenir, la gauche renouvelée (et pas sa représentation municipale actuelle) ne pourra l'emporter que si la droite commet une grosse bévue, prend une décision lourde et sujette à forte polémique. Sinon, les Saint-Quentinois reconduiront son mandat.
Je vais terminer cette promenade en allant visiter les morts, dans l'ancien cimetière de la ville, notre Père Lachaise local. Ce n'est pas la pluie, le froid et le Berry qui me rendraient morbide. Non, je veux simplement vous montrer une curiosité: la tombe de la famille Groslier-Guéry, dont le dernier membre décédé a été inhumé juste après guerre. Et alors? Eh bien la pierre tombale est ornée d'une magnifique faucille avec marteau sur fond d'étoile. Une famille communiste qui a remplacé la croix par les symboles prolétariens! Saint-Amand Montrond a aussi connu, en son temps, le souffle de la révolution d'Octobre. L'histoire ancienne et actuelle viennent jusque ici, les évolutions de la société et du monde y sont visibles, et c'est ce que j'ai voulu vous montrer durant cette promenade saint-amandoise, qui pourrait être aussi une balade dans n'importe quelle petite ville de notre pays.
Bonne fin d'après-midi.
En ce lundi de Pâques, j'ai le plaisir de vous retrouver dans le cyber café "L'arrêt.net", jeu de mots berrichon sympa. Hier il neigeait, aujourd'hui il pleut. Je vous convie tout de même, parapluie en main, à une petite promenade politique à travers ma bonne ville de Saint-Amand Montrond. Politique non plus au sens électoral comme dans mes derniers billets, mais au sens de la vie de la cité.
Rendez-vous dans la Maison de la Presse. Surprise, un espace, certes modeste, est consacré à l'anniversaire de Mai 68. Même ici! En 1998, je ne me souviens pas qu'on en ait autant parlé. Sarkozy, en voulant "liquider" cet héritage, aura involontairement promu sa célébration!
En passant devant le cinéma, à n'importe quelle séance de ce week-end pascal, c'est la queue pour les Ch'tis. Les Berrichons sont comme tout le monde, emportés par la vague nordiste. J'attendrai mon retour en Picardie pour aller voir non pas le film mais plutôt le phénomène sociologique.
En attendant, je me rends dans un lieu de mon enfance, la fontaine Saint-Martin, où j'allais remplir d'eau une remorque de bouteilles pour la consommation familiale. Sur le mur, un arrêté municipal de 1965 interdit de boire. Dans les années 70, avant l'obsession sécuritaire et l'exigence de confort sanitaire, de nombreux Saint-Amandois se ravitaillaient à cette source, bravant la loi, n'y pensant même pas. La gratuité était là, à portée de main. Qui aujourd'hui s'approvisionnent à l'eau de source? Il n'y a plus que le robinet et le supermarché, bien sûr payants.
Du côté des Fromenteaux, à l'extérieur de la ville, un emplacement pour "manouches" (les Berrichons appellent ainsi les "gens du voyage") a été aménagé. Avec des tas de problèmes, de réticences, de polémiques, comme un peu partout ailleurs. Pourtant, ce ne sont pas des immigrés, dont la population augmenterait, qui prendraient le travail des autochtones et je ne sais quoi d'autres. Où est alors le problème? Dans une forme d'intolérance que génère la société contemporaine, qui veut tout contrôler, tout normaliser. Evidemment, avec les "gens du voyage", ça ne marche pas.
Des enseignes commerciales sont apparues ces dernières années: Gifi, Lidl, Ed. La société de consommation, comme le sable du désert, n'en finit pas d'avancer. A quand Cora et Auchan? Les appétits d'achat sont insatiables. Les épiceries ferment, les grandes surfaces ouvrent. La mondialisation s'en mêle aussi: kebab, chinois, Mac Do, pizzeria, tout ce qui était réservé à Paris, à la grande ville, s'installe au coeur du Berry. A la grande satisfaction des indigènes, dont je suis.
En poursuivant ma promenade, je tombe sur une maison du vieux Saint-Amand, incendiée, et non loin de là, un mur noirci. De quoi s'agit-il? Le Berry républicain, journal du coin, me l'apprend: la ville a connu sa première émeute urbaine il y a trois semaines. Trois jeunes, sous l'emprise de l'alcool, du cannabis et de la connerie, ont mis le feu à plusieurs poubelles et deux véhicules, les flammes se propageant dans une habitation entièrement ravagée, sans faire heureusement de victimes. Saint-Amand, dans l'esprit de ses habitants, a sans doute rejoint les lointaines banlieues qui flambent le soir dans le poste de télévision. La télévision, justement, n'est-ce pas elle qui allume la mèche? Un mimétisme stupide pousse des esprits faibles à se transformer en criminels potentiels.
Connaissez-vous la Cité de l'Or? C'est ce que Serge Vinçon, le maire disparu en décembre, aura laissé de spectaculaire à la postérité: une pyramide contenant un musée, une salle de spectacles, des espaces de réunion, le tout dédié à la petite industrie locale, l'orfèvrerie et le travail du plus précieux des métaux. Saint-Amand n'est pas très riche mais elle a cette richesse-là, dont Vinçon s'est saisi pour promouvoir sa ville et marquer l'histoire locale. Comment lui reprocher? Tout homme politique veut laisser son empreinte. Saint-Amand aura sa pyramide! La droite aura sûrement perdu des voix à cause de son coût, qui n'a pas convaincu tout le monde.
Rien de tel à Saint-Quentin: le parking payant de l'hôpital pouvait paraître injuste, il n'était pas dispendieux et ne relevait pas directement d'un choix du maire. Dans l'avenir, la gauche renouvelée (et pas sa représentation municipale actuelle) ne pourra l'emporter que si la droite commet une grosse bévue, prend une décision lourde et sujette à forte polémique. Sinon, les Saint-Quentinois reconduiront son mandat.
Je vais terminer cette promenade en allant visiter les morts, dans l'ancien cimetière de la ville, notre Père Lachaise local. Ce n'est pas la pluie, le froid et le Berry qui me rendraient morbide. Non, je veux simplement vous montrer une curiosité: la tombe de la famille Groslier-Guéry, dont le dernier membre décédé a été inhumé juste après guerre. Et alors? Eh bien la pierre tombale est ornée d'une magnifique faucille avec marteau sur fond d'étoile. Une famille communiste qui a remplacé la croix par les symboles prolétariens! Saint-Amand Montrond a aussi connu, en son temps, le souffle de la révolution d'Octobre. L'histoire ancienne et actuelle viennent jusque ici, les évolutions de la société et du monde y sont visibles, et c'est ce que j'ai voulu vous montrer durant cette promenade saint-amandoise, qui pourrait être aussi une balade dans n'importe quelle petite ville de notre pays.
Bonne fin d'après-midi.
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