L'Aisne avec DSK

26 mars 2008

Les leçons du Cher.

Bonjour à toutes et à tous.


De retour en Picardie, je suis toujours dans le Berry, par la pensée bien sûr. J'ai découpé un article étonnant dans le Berry Républicain de samedi dernier, un courrier des lecteurs que j'ai précieusement conservé, parce qu'en le lisant, j'ai cru découvrir... ma propre réflexion! L'auteur, Gérald Hayotte, est un ancien responsable de la CFDT dans l'entreprise Giat. Ecoutez plutôt:


"D'une manière générale et à Bourges en particulier, le PS ne reviendra aux affaires que lorsqu'il aura compris que certaines alliances sont contre-productives. Contrairement à certaines règles de proportions arithmétiques, lointaines dans mon esprit, que m'enseignait mon professeur de mathématiques, j'ai toujours pensé, au moins pour ce qui est du monde politique, que le produit des extrêmes n'était pas égal à celui des moyens. Naïvement, j'avais pensé qu'à Bourges, comme en de nombreux endroits de notre territoire, le Parti socialiste pratiquerait l'ouverture, non pas avec les communistes et l'extrême gauche, mais avec des sociaux démocrates et autres centristes de centre gauche et de centre droit; autrement dit, avec des personnes d'influences et des personnes qui, au-delà de leurs différences, ont ceci en commun de ne pas déconnecter les enjeux économiques et les enjeux sociaux, les deux étant intimement liés. Tel ne fût malheureusement pas le cas dans notre bonne ville berruyère, contrairement à des villes comme Tours, Dijon et bien d'autres avec les résultats remarquables que l'on a pu constater."


Et la conclusion, tout aussi intéressante:


"L'idéal aurait été alors que chacun se compte au premier tour et que l'éventuelle contribution des uns et des autres à une liste commune au second tour (au demeurant non obligatoire!) se fasse au prorata de la représentativité de chacun. J'espère simplement que les enseignements de cette échéance électorale et les réelles causes de cet échec feront oeuvre de pédagogie et permettront à l'avenir un positionnement plus cohérent et efficace."


Pesez bien chaque mot, appréciez chaque idée, remplacez Bourges par Saint-Quentin et vous retrouverez l'analyse et le combat que je mène sur ce blog depuis plusieurs mois. Pas une phrase n'est à retrancher, sauf les derniers termes de la conclusion, trop optimistes: les socialistes berruyers se sont alliés avec Lutte Ouvrière, ce qui ne leur a électoralement rien apporté (ils ont été battus au premier tour, avec un peu plus de 50% pour la droite), mais ils n'ont pas eu cette folie des socialistes saint-quentinois de s'allier avec trois organisations d'extrême gauche, d'accepter le protocole de la plus dure de ces organisations et de leur offrir la majorité des places, si l'on ajoute le MRC et le PCF. Et tout cela pour rien, pour se retrouver avec une droite à 60%! Je n'oublierai pas de sitôt cette trahison de nos intérêts politiques les plus élémentaires.


Bourges est une ville beaucoup plus grande que Saint-Quentin, mais c'est comme Saint-Quentin la première ville du département, et comme elle dirigée par le passé par les communistes, avec un Le Meur berrichon, Jacques Rimbaud, député-maire apprécié, populaire, disparu il y a quelques années. Là aussi, les socialistes ont du mal à s'imposer, malgré la présence active de la fabiusienne Irène Félix. Là encore, c'est en s'élargissant vers le centre que la municipalité deviendra un jour socialiste. D'autant que l'extrême gauche, comme à Saint-Quentin, existe à Bourges: la LCR et les altermondialistes ont présenté une liste qui a fait un joli score. Il ne sert donc à rien de vouloir s'allier avec la gauche radicale, sinon à introduire de la confusion. Ce courant a son propre électorat, autour d'un projet singulier, qui se distinguent de l'électorat et du projet socialistes.

A une trentaine de kilomètres de Bourges, les résultats de Vierzon sont également instructifs. Là-bas, ville de tradition ouvrière et communiste de très longue date (c'est un peu le Saint-Quentin du Cher), perdue par le PCF depuis 1989, l'union de la gauche menée par une tête de liste communiste l'a très largement emporté. Pourquoi là et pas dans la ville préfecture? Parce qu'on ne gagne en politique que dans l'union et la clarté, pas dans la division et l'ambiguïté. A Bourges, une fabiusienne qui pactise avec LO, personne n'y croit. A Saint-Quentin, encore moins, puisque la majorité socialiste refusait l'alliance. Mais à Vierzon, l'union s'est réalisée dans la clarté: union de la gauche classique conduite par la force qui l'incarne le mieux dans cette cité populaire, le Parti communiste. C'est la leçon à retenir: on peut tout faire en politique, s'unir avec qui l'on veut, pourvu qu'on soit en cohérence avec soi même et limpide aux yeux des autres. De ce point de vue, Bourges et Saint-Quentin, contrairement à Vierzon et Soissons, ont raté, à gauche, le coche des municipales.


Bon après-midi.

3 Comments:

  • C'est tellement clair et limpide que je n'ai rien à rajouter. Si, il faut que le prochain congrès se déroule à Metz. Je donne sur mon blog les raisons réelles et symbolique pour que le réformisme social démocrate y prenne naissance. Question de cohérence. ;-)

    By Blogger jpbb, at 3:54 PM  

  • Metz pourquoi pas. Mais Toulouse a été décidée. Et Saint-Amand Montrond? Pour montrer que la social-démocratie est attendue dans les petites villes. Et Saint-Quentin? Pour faire la nique aux poperénistes!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:05 PM  

  • Saint-Quentin est effectivement une solution de replis, préférable d'ailleurs à Toulouse. ;-)

    By Blogger jpbb, at 6:35 PM  

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