Un parking chasse l'autre.

Bonsoir à toutes et à tous.

Comme je vous l'ai promis dans l'après-midi, je vais vous reparler du parking payant, puisque Pierre André a repris l'offensive à ce sujet sur son site internet, avec la méthode qu'il a déjà utilisée pour l'eau et les déchets: la fiche argumentée. Sur le site de la liste de gauche, vous pourrez consulter la position de Michel Aurigny, du Parti des Travailleurs, dans une vidéo au contenu assez succinct.

Pierre André rappelle que la Ville de Saint-Quentin n'est pas à l'origine du projet de parking payant mais le conseil d'administration de l'établissement. Il affirme qu'une prise en charge municipale aurait augmenté les impôts de 20% alors que ce parking n'est pas essentiellement utilisé par des Saint-Quentinois. Les plus défavorisés peuvent avoir accès à l'hôpital en utilisant les transports publics gratuits pour eux et les employés ne paient pas le stationnement, nous dit le maire.

Mais Pierre André choisit surtout de déplacer le problème, comme il l'a fait pour l'eau et pour les déchets, en attaquant la municipalité "Wattiez-Lançon", prenant soin de ne pas citer le premier magistrat de l'époque, Le Meur. C'est assez habile: il ne heurte pas l'électorat communiste pour ne pas se priver d'une partie de ces suffrages, il ne touche pas à l'image demeurée populaire du dernier député-maire. Ce sont les alliés socialistes qui font les frais de sa diatribe, sur un sujet extrêmement sensible pour de nombreux Saint-Quentinois: la place piétonne de l'Hôtel-de-Ville et son parking souterrain. J'en parle avec prudence, je n'habitais pas Saint-Quentin à l'époque, je m'appuie sur ce qu'on a bien voulu m'en dire.

Aussi utile et moderniste qu'ait été la transformation de la place, elle a été vécue semble-t-il comme une atteinte à l'identité de la ville. Peut-on employer le mot de traumatisme? Certains vont jusque là. Quoi qu'il en soit, ce bouleversement a été mal ressenti et explique en grande partie la victoire de la droite en 1995. L'enlèvement du monument de 1557 a choqué. La rumeur s'est même répandue, m'a-t-on rapporté, que les pièces pour le remonter avaient été égarées (vous connaissez mon attrait pour l'analyse des rumeurs et de leur sens caché!).

L'interdiction de la circulation ouvrant désormais sur une grande place vide a pris des allures de dévitalisation du coeur, du centre de Saint-Quentin. Le flux des automobiles, à tort ou à raison, est perçu comme la manifestation d'une énergie, d'un dynamisme. En rappelant la "soucoupe volante" qu'était le kiosque et les "tremplins de ski", Pierre André rejoue le coup de 1995, il s'adresse à cette mémoire collective qui ne s'est peut-être pas dissipée. Après 1995, en comblant le vide de la place par une plage artificielle l'été et un village de Noël l'hiver, l'équipe municipale a sans doute voulu conjurer ce qui était considéré comme un mal.

Le maire utilise systématiquement le couple "Wattiez-Lançon" comme un repoussoir, puis en vient à des affirmations plus factuelles, avec une approche similaire au dossier de l'eau, en critiquant l'absence de suivi des travaux, la facture supplémentaire de 10 millions d'euros et les reproches de la Cour des Comptes, avec la cerise sur le gâteau: le "cadeau" fait à une société privée de ce parking payant. Pierre André agit comme si le parking souterrain devait faire oublier le parking de l'hôpital.

Je ne sais pas si cette stratégie aura ses effets, mais je sais que la gauche devra solder son passé et étayer fortement sa proposition de gratuité du parking de l'hôpital, puisque Michel Aurigny soutient que ce sera la première mesure de la gauche en cas de victoire.


Bonne soirée.