L'Aisne avec DSK

07 mars 2008

Vive la Picardie!

Bonjour à toutes et à tous.

Je ne suis pas encore aller voir "Bienvenue chez les Ch'tis": trop de monde! Je suis heureux que le multiplexe retrouve ainsi son public. J'en discute souvent avec la directrice, Madame Zann. Avec le développement du câble, du satellite et du dvd, aujourd'hui de la TNT, le cinéma a du mal à remplir ses salles. Et le multiplexe de Saint-Quentin est géant! Madame Zann a raison de dire que "lorsque les gens ont envie de venir, ils viennent". Plus rien ne fait alors obstacle, ni l'information jugée insuffisante, ni le prix soi-disant élevé des places (deux arguments entendus pour ne pas fréquenter le cinéma). De ce point de vue, et c'est ce qui me sépare de l'extrême gauche, je crois à une vérité du marché et de la concurrence, que je me refuse à diaboliser. Un produit marche parce qu'il répond aux attentes de la population. Mais le marché ne suffit pas à organiser une société. Voilà pourquoi je suis aussi socialiste.

Je mets en place pas mal de manifestations. Ce soir, je serai à Soissons pour animer un débat organisé par la Confédération Syndicale des Familles, dans le cadre de la Journée mondiale des femmes. Mardi soir j'étais dans cette même ville pour un café philo du CIDFF de l'Aisne portant sur la libération de la femme depuis 1968. Le succès de ces initiatives, c'est-à-dire le taux de participation, ne vient pas fondamentalement du nombre d'invitations envoyées ou des communiqués dans la presse, mais tout simplement du désir des gens: quand quelque chose plait, intéresse, séduit, préoccupe, concerne, les gens viennent.

Le film de Dany Boon a mobilisé les foules non pas parce qu'il aurait bénéficié d'une forte promotion ou que l'accès aurait été par exemple gratuit, mais parce qu'il a touché le coeur des Français, qu'il a su exprimer quelque chose dans quoi ils se sont reconnus. Il y a une forme de justice dans ce qui arrive: "Astérix", grosse machine à faire du fric, soutenue par une publicité monstre, est concurrencé par un "petit film" qui réussit à s'imposer! Comme quoi la population n'est pas aussi aisément manipulable.

"Bienvenue chez les Ch'tis" est en passe de devenir un véritable phénomène de société, au même titre que "La grande vadrouille" en son temps. Vingt ans après les malheurs de l'Occupation, Gérard Oury choisissait d'en rire. C'était nouveau et libérateur. La "7ème compagnie" de Robert Lamoureux n'a été, quelques années plus tard, qu'une pâle imitation. Qu'est-ce que Dany Boon et son film à leur tour expriment pour que les Français s'y reconnaissent?

1- A l'époque de la mondialisation, beaucoup de gens ressentent le besoin de revenir à un cadre plus local, humain, saisissable. C'est la fameuse "proximité", qui chez Bonn est régionale. La redécouverte d'un dialecte, d'habitudes, de traditions, de comportements, d'un état d'esprit, est appréciée.

2- Le film de Boon, à ce qu'on m'en a dit, est humaniste. Dans une société souvent marquée par le cynisme, la sophistication, il est bon de goûter à la simplicité des sentiments, à la gentillesse, à la naïveté, au bon sens.

3- Ce film nous fait rire en nous faisant aimer, ce qui est devenu rare, dans une période où le rire est plus souvent celui de la dérision.

Quelque chose d'ancien, de profond et finalement de bon resurgit à l'occasion de cette sortie. Bien sûr, j'ai une très légère réticence, parce que je sais que le besoin identitaire n'est jamais loin et ne mène à rien. Mais je ne pense pas que ce besoin, pour moi négatif, explique fondamentalement le succès du film. Quand le rire et la joie sont là, il n'y a pas à s'inquiéter. Le besoin identitaire est triste, défensif, exclusif, réactif. Chez Boon, rien de tout ça.

Je terminerai par un personnage qui me réconcilie avec le régionalisme: le Saint-Quentinois Jean-Pierre Semblat, conteur picard. Ils étaient deux il y a 20 ans, ils sont 25 maintenant. Jean-Pierre a fondé une école à Trefcon qui prépare au certificat d'études en picard et qui acceuille de plus en plus de monde. Cette année, il a programmé 63 interventions dans les écoles, de janvier à mai. A quoi s'ajoutent des manifestations à l'étranger, Canada, Afrique, Roumanie. Son slogan: "Du local à l'international, et vice-versa". Comme quoi le régionalisme n'est pas contradictoire avec la mondialisation!


Bon après-midi.

5 Comments:

  • cela tient aussi au caractere des gens du nord
    qui contrairement aux bretons, aux basques, ...
    n'ont pas foncierement de volonté d'indépendantisme

    personne par ici n'aurait l'idée de créer un front d'indépendance du nord pas de calais
    ou une armée d'indépendance de la picardie
    cela doit surement tenir au fait que nous avons toujours été une terre de passage et de brassage
    ce qui n'est pas forcément le cas des autres territoires où l'indépendantisme est plus vigoureux.

    je mettrais un bémol quand meme sur le prix du cinéma
    une place plein tarif est aussi chere qu'un dvd au bout d'un an.

    et je mettrais un 2e bémol
    astérix, boon c'est le meme distributeur pathé distribution et coté production pathé renn productions
    astérix c'est quand meme 6,5 millions d'entrées
    donc je ne suis pas sur qu'il soit tres pertinent de les opposer

    puisque j'irais meme jusqu'à dire que les chtis bénéficient surement du succes d'astérix car on peut penser que tout ou presque des 6,5 millions de gens qui ont vu astérix ont vu la bande annonce de bienvenue chez les chtis.
    vouloir opposer le petit budget et le gros budget
    il faut raison garder
    le budget d'astérix c 80 millions d'euros,
    le budget moyen d'un film en france c'est 5 millions d'euros
    celui de bienvenue chez les chtis, 10 millions d'euros.

    on ne mesure par la qualité d'un film à son budget
    ce qui compte ce n'est pas d'avoir de l'argent mais comment on le dépense
    je me permettrai de conseiller aussi there will be blood qui fera moins d'entrée qu'astérix et bienvenue chez les chtis avec son budget de 25 millions de dollars
    mais qui est aussi un bon film.

    esperons que l'extreme gauche ne trouvera pas à redire contre le milliardaire producteur Jérome Seydoux, héritier de la famille schlumberger et accessoirement actionnaire majoritaire du groupe chargeurs

    tout ça pour en venir à une question à quoi servent les riches et quel est leur role dans la société ?

    By Blogger grandourscharmant, at 4:23 PM  

  • Les riches, ça n'existe pas, c'est un concept défini par les pauvres pour identifier ceux qui ne le sont pas. Cela entraine de la rancoeur et de la jalousie en plus bien souvent. Cela peut aussi inciter à s'en sortir. Une démarche volontaire, et une autre passéiste. Quand les gens sont vraiment trop pauvres, il faut venir à leur aide, par respect pour l'humain.

    By Blogger jpbb, at 5:52 PM  

  • Manu, te lire est un vrai plaisir. Quel talent, comme dirait Jack!! Mais par pitié, fais gaffe à l'orthographe de "accueille"....signé: un ami qui ne te veut que du bien et ne tient surtout pas à se faire mousser....

    By Anonymous Anonyme, at 8:41 PM  

  • A Grandours et JPPB:

    A quoi servent les riches? Voilà un beau sujet de dissertation.



    A l'ami qui me veut du bien:

    Merci de me "corriger". J'ai beau lire et relire, il y a toujours des fautes qui m'échappent. Quand on est prof, c'est impardonnable, n'est-ce pas?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:28 PM  

  • Ben non, l'erreur est humaine, et que celui qui n'a jamais fait une faute te jette la première pierre. Au final, les riches servent d'exutoire aux pauvres. C'est une feinte de l'esprit pour refuser la misère que le pauvre ressent quand il se compare à une personne plus riche que lui. De même que l'on trouve plus pauvre que soi, ce qui nous remplis de honte, également il y a toujours un Bill Gate au dessus de soi. C'est l'esprit primitif qui a besoin de jauger son adversaire. La vraie richesse, c'est de faire ce qu'il faut faire pour parvenir à vivre comme on est avec ce qu'on a. Mais là, on parle du bonheur... ;-)

    By Blogger jpbb, at 2:51 PM  

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