Fabius propose.
Bonjour à toutes et à tous.
Laurent Fabius a fait hier dans Les Echos "quatre propositions pour retrouver une perspective". Je vais vous donner mon point de vue là-dessus, mais la démarche en elle même est positive. La gauche ne peut pas se contenter de critiquer Sarkozy, il faut bien qu'elle propose. On ne gagnera pas sur une protestation mais sur un projet.
1- Fabius propose d'abord la création d'un ministère européen de la recherche et de l'innovation, qui regrouperait les budgets jusqu'à ce jour dispersés dans chaque pays. L'idée est excellente, puisque c'est désormais au niveau européen que la politique économique peut être efficace. De plus, la recherche et l'innovation sont, pour des économies modernes, l'épine dorsale de la croissance.
Mais une excellente idée doit trouver les moyens pour se réaliser. Au stade où nous en sommes de la construction européenne, l'idée d'un ministère unique dans quelque domaine que ce soit me semble hélas difficilement réalisable. Et à qui la faute? Si le Traité constitutionnel européen avait été adopté, nous n'en serions pas là. Laurent fait donc une bonne proposition que contredisent cependant ses engagements antérieurs en faveur du non. Je ne comprends d'ailleurs pas bien non plus sa position aujourd'hui à l'égard du traité de Lisbonne. Est-il pour ou contre?
2- La deuxième proposition concerne la protection de l'environnement, avec l'instauration d'une taxe universelle sur les produits polluants, dont les sommes seraient affectées à la lutte contre la pauvreté. J'approuve à nouveau, même si, à nouveau, je doute un peu de sa faisabilité. Mais qui ne veut rien ne fait rien! Et puis, cette fois-ci, Laurent ne se contredit pas dans l'exposé des fins et des moyens. Lutter contre la pauvreté en luttant contre la pollution, c'est faire d'une pierre deux coups, et c'est assez bien vu.
3- La meilleure idée, à mon sens, est celle d'un "fonds souverain" à la française, inspiré de ce qui se fait en Norvège, afin de lutter contre les délocalisation. Ce fonds serait constitué à partir de la Caisse des Dépôts (Jean-Pierre Baligand aurait-il sur ce point conseillé Laurent Fabius?) et rapproché du Fonds de réserve des retraites. Il serait alimenté par le produit des privatisations et des cessions immobilières de l'Etat. C'est la meilleure idée parce qu'elle ne dépend que de la France pour sa mise en oeuvre, et son objectif est des plus précieux: sauvegarder et réaménager notre appareil de prodution. Pourquoi les "fonds souverains", dont l'existence est devenue médiatique avec la crise des subprimes, seraient-ils réservés aux pays émergents ou à ceux qui bénéficient de la manne pétrolière?
4- La dernière proposition est la moins convaincante. En matière de pouvoir d'achat, Fabius demande de revenir sur le "paquet fiscal", notamment en subordonnant les exonérations sociales à des accords salariaux. L'objectif demeure de relancer le pouvoir d'achat, mais je ne vois pas très bien comment.
Globalement, je suis satisfait de ce que propose mon camarade, même si la première proposition est plutôt contradictoire, la deuxième difficilement réalisable et la quatrième incomplète. Il n'empêche qu'il esquisse d'utiles pistes de réflexion. Mais où est donc passé le Fabius défenseur du non? Et celui de la campagne interne d'avant les présidentielles, où il campait sur des positions classiques à l'aile gauche et qui ont aujourd'hui disparu de son registre? Qu'est devenu le Smic à 1500 euros, dont il avait fait alors une mesure emblématique? Laurent s'apprêterait-il à rejoindre la majorité social-démocrate du Parti, afin de rompre avec son splendide mais terrible isolement? Affaire à suivre... mais bienvenue au club des réformistes!
Bon après-midi.
Laurent Fabius a fait hier dans Les Echos "quatre propositions pour retrouver une perspective". Je vais vous donner mon point de vue là-dessus, mais la démarche en elle même est positive. La gauche ne peut pas se contenter de critiquer Sarkozy, il faut bien qu'elle propose. On ne gagnera pas sur une protestation mais sur un projet.
1- Fabius propose d'abord la création d'un ministère européen de la recherche et de l'innovation, qui regrouperait les budgets jusqu'à ce jour dispersés dans chaque pays. L'idée est excellente, puisque c'est désormais au niveau européen que la politique économique peut être efficace. De plus, la recherche et l'innovation sont, pour des économies modernes, l'épine dorsale de la croissance.
Mais une excellente idée doit trouver les moyens pour se réaliser. Au stade où nous en sommes de la construction européenne, l'idée d'un ministère unique dans quelque domaine que ce soit me semble hélas difficilement réalisable. Et à qui la faute? Si le Traité constitutionnel européen avait été adopté, nous n'en serions pas là. Laurent fait donc une bonne proposition que contredisent cependant ses engagements antérieurs en faveur du non. Je ne comprends d'ailleurs pas bien non plus sa position aujourd'hui à l'égard du traité de Lisbonne. Est-il pour ou contre?
2- La deuxième proposition concerne la protection de l'environnement, avec l'instauration d'une taxe universelle sur les produits polluants, dont les sommes seraient affectées à la lutte contre la pauvreté. J'approuve à nouveau, même si, à nouveau, je doute un peu de sa faisabilité. Mais qui ne veut rien ne fait rien! Et puis, cette fois-ci, Laurent ne se contredit pas dans l'exposé des fins et des moyens. Lutter contre la pauvreté en luttant contre la pollution, c'est faire d'une pierre deux coups, et c'est assez bien vu.
3- La meilleure idée, à mon sens, est celle d'un "fonds souverain" à la française, inspiré de ce qui se fait en Norvège, afin de lutter contre les délocalisation. Ce fonds serait constitué à partir de la Caisse des Dépôts (Jean-Pierre Baligand aurait-il sur ce point conseillé Laurent Fabius?) et rapproché du Fonds de réserve des retraites. Il serait alimenté par le produit des privatisations et des cessions immobilières de l'Etat. C'est la meilleure idée parce qu'elle ne dépend que de la France pour sa mise en oeuvre, et son objectif est des plus précieux: sauvegarder et réaménager notre appareil de prodution. Pourquoi les "fonds souverains", dont l'existence est devenue médiatique avec la crise des subprimes, seraient-ils réservés aux pays émergents ou à ceux qui bénéficient de la manne pétrolière?
4- La dernière proposition est la moins convaincante. En matière de pouvoir d'achat, Fabius demande de revenir sur le "paquet fiscal", notamment en subordonnant les exonérations sociales à des accords salariaux. L'objectif demeure de relancer le pouvoir d'achat, mais je ne vois pas très bien comment.
Globalement, je suis satisfait de ce que propose mon camarade, même si la première proposition est plutôt contradictoire, la deuxième difficilement réalisable et la quatrième incomplète. Il n'empêche qu'il esquisse d'utiles pistes de réflexion. Mais où est donc passé le Fabius défenseur du non? Et celui de la campagne interne d'avant les présidentielles, où il campait sur des positions classiques à l'aile gauche et qui ont aujourd'hui disparu de son registre? Qu'est devenu le Smic à 1500 euros, dont il avait fait alors une mesure emblématique? Laurent s'apprêterait-il à rejoindre la majorité social-démocrate du Parti, afin de rompre avec son splendide mais terrible isolement? Affaire à suivre... mais bienvenue au club des réformistes!
Bon après-midi.
11 Comments:
C'est bien que Fabius reprenne mes propositions concernant une gestion européenne de la recherche et de l'innovation. Il peut également reprendre l'accompagnement, le cadre dans lequel l'organiser, soit au final la création d'une capitale pour l'Europe englobant Bruxelles, Luxembourg, Strasbourg et Metz.
http://jeanpierre.becker.free.fr/Schuman/index.html
La deuxième idée est malheureusement une stupidité. On ne crée pas de richesse en taxant, on fait juste un prélèvement.
La troisième idée est une resucée de la thèse que je défends, la création d'un fond de capital-risque pour relancer la croissance au niveau européen par le biais de nouvelles entreprises innovantes.
La quatrième proposition retombe à plat, le "paquet fiscal doit servir à alimenter le fond spécial de capital-risque européen défini précédemment.
Ce n’est pas le tout de piquer les idées des autres, il faut d'abord les comprendre si on veut que cela fasse sens. Ce n'est cependant pas une raison pour lui en vouloir, s'il vire social-démocrate réformiste, c'est bon signe. ;-)
By jpbb, at 5:09 PM
les commentateurs attitrés de ce blog pourraient-ils chacun écrire ce qu'ils entendent par "être social-démocrate"? çà pourrait peut-être faciliter les débats non?
merci
comme ce n'est pas une question polémique l'anonymat n'est pas un problème je pense
By Anonyme, at 6:54 PM
fabius reprend les idées du fantasque et dangereux jpbb!
on aura tout vu sur ce blog!quelle modestie, diantre!
mais bon, au moins on se marre!
By Anonyme, at 8:23 PM
Au premier anonyme:
Non, l'anonymat ne me gêne pas tant qu'il n'y a pas d'attaques personnelles. Mais s'il y a attaques personnelles, j'aime bien que ce soit les yeux dans les yeux.
En ce qui concerne votre question, j'ai à de nombreuses reprises sur ce blog social-démocrate expliqué ce qu'était pour moi la social-démocratie. Je vous renvoie donc aux archives, mais je reviens régulièrement sur ce sujet.
Lénine disait: le communisme, c'est les soviets plus l'électricité.
Je dirais de la social-démocratie: c'est le socialisme plus le marché.
By Emmanuel Mousset, at 10:08 PM
Il y a ce texte de DSK qui me semble explicite Emmanuel:
fondation jean jaures.. juillet 2004:
Le socialisme de la redistribution.
Face au creusement des inégalités, il faut renforcer le socialisme de la redistribution. La capacité redistributive de l’Etat Providence est mise à mal. Pire, notre système renforce les inégalités au lieu de les corriger. Les écarts de revenus disponibles entre les plus aisés et les plus modestes s’accroissent. Il faut donc engager des réformes profondes. La gauche a longtemps répondu par la seule logique de la redistribution. Le principe en était simple : redistribuer les richesses pour réparer a posteriori les dégâts sociaux causés par le marché. Bien sûr, il nous faut continuer dans la voie de ce socialisme de la redistribution et même le renforcer. Mais cela ne suffit plus. Cela ne suffit plus parce que l’Etat-providence a atteint les limites de ses capacités redistributives. Cela ne suffit plus parce que ce modèle ne prend pas en compte les inégalités de départ dont souffrent les individus. Au contraire, il a tendance à les légitimer, voire à les aggraver. Il nous faut aujourd’hui adapter nos moyens d’action à la réalité d’un capitalisme qui a changé de visage, et d’échelle.
Le socialisme de la production.
Nous ne devons plus nous contenter de réparer les dégâts après qu’ils soient apparus. N’ayons pas peur de « mettre les mains dans le cambouis », d’intervenir au sein même du système productif. Il faut attaquer les inégalités là où elle se créent : c’est le socialisme de la production. De nombreuses pistes sont à explorer dans ce sens : la démocratie sociale, la régulation des licenciements économiques, la sécurisation des parcours professionnels, la législation sur les accidents de travail, etc.
Le socialisme de l’émancipation.
Le marché n’est pas la seule source des inégalités. Les nouvelles inégalités sont des inégalités de départ, qui dépendent du territoire où l’on naît. Pour renouer avec une réelle égalité des chances, qui doit être le premier combat de tous les socialistes, nous proposons de bâtir un nouveau socialisme : le socialisme de l’émancipation. Il s’agit dorénavant d’agir a priori, d’attaquer les inégalités à la racine, avant même qu’elles ne se créent. Cette lutte est fondée sur un principe simple : il faut donner plus à ceux qui ont moins. Donner plus de capital public à ceux qui ont moins de capital social. C’est un grand retour aux services publics que nous proposons : le socialisme de l’émancipation passe par des réformes novatrices en matière d’éducation, de logement, d’urbanisme, de santé.
Deux conditions sont nécessaires à la mis en œuvre de ces trois socialismes. D’abord, la croissance, parce que c’est avec elle que les Français reprendront confiance dans l’avenir. Ensuite l’Europe, aujourd’hui en panne. Il nous faut la relancer : elle est la seule à avoir la taille suffisante pour peser sur les enjeux contemporains. L’avenir de la France passe par l’Europe. Socialisme de la redistribution, socialisme de la production, socialisme de l’émancipation : voilà les trois piliers sur lesquels nous voulons bâtir la social-démocratie française. Le réformisme de gauche n’est pas condamné à l’accompagnement social du libéralisme. Il peut et doit être un « réformisme radical ».
à partir de la note 41 rédigée par DSK en juillet 2004 pour la fondation Jean Jaurès
http://fondatn7.alias.domicile.fr/affiche_page.php4?Id=364&IdSite=1&IdRub=120
DSK a inventé le renouveau social démocrate. D'autres s'en sont inspirés. Il faut toujours rendre à DSK ce qui appartient à DSK.
Les commentaires indigents accompagnent la notoriété, c'est classique.
By jpbb, at 10:54 PM
Non moi je crois que DSK a repris les propositions de jpbb sur la social-démocratie et ça c'est un scandale.
Ce n'est pas le tout de piquer les idées de jpbb encore faut-il les comprendre pour que cela fasse sens.
Je pense néanmoins que Fabius, comme DSK,qui tous deux sont quand meme un peu limités intellectuellement, sont sur la bonne voie et qu'ils vont finir par comprendre jpbb.
By Anonyme, at 2:02 PM
La croyance est insuffisante pour étayer une démonstration.
Recommence petit scarabée, et fais mieux la prochaine fois.
By jpbb, at 2:51 PM
Comme dirait l'autre l'essentiel c'est le principal et on s'est bien compris. Tu veux démontrer quoi? Parce que tu crois vraiment que Laurent Fabius est allé chercher ses idées chez toi?
By Anonyme, at 4:26 PM
Arrêtez de vous chamailler, vous n'êtes plus des enfants, quoi!
By Emmanuel Mousset, at 4:35 PM
jpbb au goulag, vite!
By Anonyme, at 5:37 PM
Constater n'est pas croire. Tout le monde peut se connecter sur le Net, Fabius s'alligne sur mes propositions, c'est parfait.
Les idées et les concepts sont faits être repris, cela ne me pose aucun problème.
By jpbb, at 9:00 PM
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