Haro sur la parité!
Bonsoir à toutes et à tous.
Les lecteurs les plus fidèles se souviennent de mon billet du 8 mars dernier, journée mondiale des femmes, où j'avais pris la défense de la loi sur la parité, que nous devons à un gouvernement de gauche. Eh bien, en lisant L'Aisne Nouvelle de samedi, je découvre un article qui m'oblige à repartir au combat. Mais la vie politique est ainsi faite! La journaliste Karine Perocheau s'est adressée aux élus municipaux pour recueillir leur avis sur la parité. Le résultat est stupéfiant: personne n'est vraiment pour, et la gauche ne manifeste pas un enthousiasme fou!
Vincent Savelli, vice-président au conseil d'agglomération, est le premier à s'exprimer, avec le mérite de la franchise et l'avantage de la clarté: "La parité des compétences, oui! Celle des sexes, non!" Je ne comprends pas bien: la parité des sexes, c'est un homme, une femme. Mais la "parité des compétences", je ne vois pas. Peut-être un intelligent, un imbécile. Dans ce cas, il sera encore plus difficile de recruter dans la première catégorie qu'il est difficile pour les sexes de recruter dans la seconde.
Françoise Jacob, adjointe à l'enseignement, affirme ne pas aimer le mot "parité". Mais l'article précise qu'elle est "loin du militantisme". Ceci explique peut-être cela. Moi, qui suis très près du militantisme, je défends la parité, qui ne va pourtant pas dans le sens de mes intérêts. Mais on ne fait pas de la politique pour défendre ses intérêts!
Marie-Laurence Maitre, adjointe à l'administration générale et au personnel, émet de mêmes réserves envers la loi du 6 juin 2000 sur la parité: "Je trouve désobligeant qu'une loi force le monde politique à se féminiser." Non Madame, il n'y a rien de "désobligeant" à cela, c'est le rôle de la loi, la grandeur de la politique de faire évoluer les mentalités, car celles-ci, voyez-vous, n'évoluent pas d'elles-mêmes. C'est peut-être dommage mais c'est ainsi, c'est la dure réalité.
Tonalité identique chez Colette Blériot, conseillère générale et membre de la majorité municipale: "Le principe de parité n'est pas très valorisant". Mais si Madame, ce principe met en valeur l'égalité homme-femme, il a été une grande révolution du gouvernement Jospin, et sans lui la situation de discrimination envers les femmes n'aurait pas bougé.
Le sénateur-maire Pierre André y va aussi de sa réflexion, en soulignant que ses "dix plus proches collaborateurs sont des collaboratrices". Sauf que des collaboratrices ne sont pas des élues dotées d'un pouvoir. Quant à la parité, il émet le même jugement, peu positif, que les membres de son équipe: "Ce n'est pas très flatteur pour les femmes". Mais pourquoi, Monsieur le Maire, croire que la loi dévalorise les femmes qui arrivent ainsi en politique? La loi est un instrument d'émancipation, pas de soupçon. Vous raisonnez mal: il faut prendre cette loi pour ce qu'elle est, une mesure d'égalité, et pas pour ce qu'elle n'est pas, une faveur contestable accordée à un sexe. Ce ne sont pas les femmes qui sont ainsi promues, ce sont les hommes qui sont empêchés. Et reconnaissez que parmi le personnel politique mâle, les incompétents étaient présents alors que la parité n'existait pas. Celle-ci va peut-être dégrossir leurs rangs.
Heureusement, Pierre André se rattrape un peu plus loin, en affirmant ceci, qui me va: "[La parité] leur permet d'accéder depuis quelques années à des fonctions très importantes, alors qu'autrefois, on avait tendance à les confiner dans le social ou la petite enfance." Comme quoi le bon sens finit par l'emporter! Et Vincent Savelli n'est pas en reste: "Pendant plus de 2.000 ans, on les a laissées sur la touche [les femmes], il est normal que le changement de mentalité prenne plusieurs années." Oui, mais grâce à la loi sur la parité, et pas à l'opération du Saint Esprit!
Savelli, Jacob, Maitre, Blériot, André, sont des hommes et des femmes de droite, je peux comprendre leur hostilité envers la parité. Mais la gauche? Mais un socialiste? Eh bien le chef de file de l'opposition défend mollement, très mollement, la parité: "Les femmes arrivent désormais à s'imposer en politique, mais il est dommage qu'il faille une loi pour qu'elles y parviennent." Si on suit ce raisonnement, il est "dommage" de passer par la loi pour faire avancer les conditions sociales des salariés, puisque le progrès devrait être naturel et les patrons accommodants. Non, la vie politique n'est pas ainsi faite, il faut se battre et utiliser la loi comme un instrument d'émancipation. Ne pas le regretter mais s'en réjouir!
Mais il y a plus surprenant encore dans les propos de Jean-Pierre Lançon, conseiller municipal socialiste d'opposition: "Je déconseille à mes jeunes collaborateurs (trices) de s'engager en politique s'ils ont des enfants en bas âge, par exemple. D'expérience, je sais que ce type d'engagement peut mettre en l'air une famille." C'est stupéfiant, pour deux raisons:
- Il ne faut pas prendre son cas personnel, qui n'intéresse personne, pour une généralité.
- Cet avis revient à priver les jeunes générations de tout engagement politique et à réserver cette activité aux générations avancées ou aux retraités. Là encore, il est inutile de prendre son cas personnel et d'en faire une généralité.
Je sais que la parité est contestée, y compris dans les rangs de la gauche. Je me souviens d'une réunion du CIDF (Centre d'information sur les droits des femmes) où une responsable de l'UFAL (Union familiale des associations laïques) s'en était prise furieusement à la loi Jospin. Et je l'ai retrouvée, durant les municipales, sur la liste de gauche, au titre du Parti des Travailleurs! Où sont les vrais émancipateurs?
Bonne soirée.
Les lecteurs les plus fidèles se souviennent de mon billet du 8 mars dernier, journée mondiale des femmes, où j'avais pris la défense de la loi sur la parité, que nous devons à un gouvernement de gauche. Eh bien, en lisant L'Aisne Nouvelle de samedi, je découvre un article qui m'oblige à repartir au combat. Mais la vie politique est ainsi faite! La journaliste Karine Perocheau s'est adressée aux élus municipaux pour recueillir leur avis sur la parité. Le résultat est stupéfiant: personne n'est vraiment pour, et la gauche ne manifeste pas un enthousiasme fou!
Vincent Savelli, vice-président au conseil d'agglomération, est le premier à s'exprimer, avec le mérite de la franchise et l'avantage de la clarté: "La parité des compétences, oui! Celle des sexes, non!" Je ne comprends pas bien: la parité des sexes, c'est un homme, une femme. Mais la "parité des compétences", je ne vois pas. Peut-être un intelligent, un imbécile. Dans ce cas, il sera encore plus difficile de recruter dans la première catégorie qu'il est difficile pour les sexes de recruter dans la seconde.
Françoise Jacob, adjointe à l'enseignement, affirme ne pas aimer le mot "parité". Mais l'article précise qu'elle est "loin du militantisme". Ceci explique peut-être cela. Moi, qui suis très près du militantisme, je défends la parité, qui ne va pourtant pas dans le sens de mes intérêts. Mais on ne fait pas de la politique pour défendre ses intérêts!
Marie-Laurence Maitre, adjointe à l'administration générale et au personnel, émet de mêmes réserves envers la loi du 6 juin 2000 sur la parité: "Je trouve désobligeant qu'une loi force le monde politique à se féminiser." Non Madame, il n'y a rien de "désobligeant" à cela, c'est le rôle de la loi, la grandeur de la politique de faire évoluer les mentalités, car celles-ci, voyez-vous, n'évoluent pas d'elles-mêmes. C'est peut-être dommage mais c'est ainsi, c'est la dure réalité.
Tonalité identique chez Colette Blériot, conseillère générale et membre de la majorité municipale: "Le principe de parité n'est pas très valorisant". Mais si Madame, ce principe met en valeur l'égalité homme-femme, il a été une grande révolution du gouvernement Jospin, et sans lui la situation de discrimination envers les femmes n'aurait pas bougé.
Le sénateur-maire Pierre André y va aussi de sa réflexion, en soulignant que ses "dix plus proches collaborateurs sont des collaboratrices". Sauf que des collaboratrices ne sont pas des élues dotées d'un pouvoir. Quant à la parité, il émet le même jugement, peu positif, que les membres de son équipe: "Ce n'est pas très flatteur pour les femmes". Mais pourquoi, Monsieur le Maire, croire que la loi dévalorise les femmes qui arrivent ainsi en politique? La loi est un instrument d'émancipation, pas de soupçon. Vous raisonnez mal: il faut prendre cette loi pour ce qu'elle est, une mesure d'égalité, et pas pour ce qu'elle n'est pas, une faveur contestable accordée à un sexe. Ce ne sont pas les femmes qui sont ainsi promues, ce sont les hommes qui sont empêchés. Et reconnaissez que parmi le personnel politique mâle, les incompétents étaient présents alors que la parité n'existait pas. Celle-ci va peut-être dégrossir leurs rangs.
Heureusement, Pierre André se rattrape un peu plus loin, en affirmant ceci, qui me va: "[La parité] leur permet d'accéder depuis quelques années à des fonctions très importantes, alors qu'autrefois, on avait tendance à les confiner dans le social ou la petite enfance." Comme quoi le bon sens finit par l'emporter! Et Vincent Savelli n'est pas en reste: "Pendant plus de 2.000 ans, on les a laissées sur la touche [les femmes], il est normal que le changement de mentalité prenne plusieurs années." Oui, mais grâce à la loi sur la parité, et pas à l'opération du Saint Esprit!
Savelli, Jacob, Maitre, Blériot, André, sont des hommes et des femmes de droite, je peux comprendre leur hostilité envers la parité. Mais la gauche? Mais un socialiste? Eh bien le chef de file de l'opposition défend mollement, très mollement, la parité: "Les femmes arrivent désormais à s'imposer en politique, mais il est dommage qu'il faille une loi pour qu'elles y parviennent." Si on suit ce raisonnement, il est "dommage" de passer par la loi pour faire avancer les conditions sociales des salariés, puisque le progrès devrait être naturel et les patrons accommodants. Non, la vie politique n'est pas ainsi faite, il faut se battre et utiliser la loi comme un instrument d'émancipation. Ne pas le regretter mais s'en réjouir!
Mais il y a plus surprenant encore dans les propos de Jean-Pierre Lançon, conseiller municipal socialiste d'opposition: "Je déconseille à mes jeunes collaborateurs (trices) de s'engager en politique s'ils ont des enfants en bas âge, par exemple. D'expérience, je sais que ce type d'engagement peut mettre en l'air une famille." C'est stupéfiant, pour deux raisons:
- Il ne faut pas prendre son cas personnel, qui n'intéresse personne, pour une généralité.
- Cet avis revient à priver les jeunes générations de tout engagement politique et à réserver cette activité aux générations avancées ou aux retraités. Là encore, il est inutile de prendre son cas personnel et d'en faire une généralité.
Je sais que la parité est contestée, y compris dans les rangs de la gauche. Je me souviens d'une réunion du CIDF (Centre d'information sur les droits des femmes) où une responsable de l'UFAL (Union familiale des associations laïques) s'en était prise furieusement à la loi Jospin. Et je l'ai retrouvée, durant les municipales, sur la liste de gauche, au titre du Parti des Travailleurs! Où sont les vrais émancipateurs?
Bonne soirée.
5 Comments:
le 8 Mars j'étais encore contre le mot parité car il renferme en lui même la discrimination sexiste. Et puis la plongée historique dans l'évolution du droit des femmes à travers l'histoire m'a conduite à admettre une évidence : il fallait légiférer pour avancer. Les droits acquis aux femmes sont passés par la loi : avoir une ame ( loi canonique) sortir de la tutelle du mâle ( loi 1965) avoir la propriété de son corps ( loi newirt loi weil). Comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.... Ben oui je suis pour la loi sur la parité.
Une loi est l'expression de la démocratie , j'en déduis donc que le droits des femmes est l'essence même de la démocratie . VAL
By Anonyme, at 10:33 AM
je rajoute que je comprends totalement la réaction des femmes qui s'opposent à la parité dans la mesure où il est inadmissible qu'il faille encore se justifier d'être femme.
Simple rappel : le droit de vote des femmes en france a été voté par un gouvernement provisoire d'aprés guerre alors que condorcet le préconisait en son temps . Les femmes allaient bien à l'échafaud alors pourquoi ne pouvaient elles pas voter ? Une simple observation : la turquie a accordé le droit de vote aux femmes avant la france......
Les femmes ont assumé l'économie française en temps de guerre alors pourquoi les a t on remises dans leur cuisine en 1950?
ET il y a encore un énorme travail à accomplir , ici , en france. Charité bin ordonnée comence par soi même ..... Ben légiférons puisque tout passe par là . VAL
By Anonyme, at 10:47 AM
"cf. commentaires dans le billet, le congrés c'est parti"
Je trouve comme même ce commentaire grave, infondé et discriminatoire.
Ce sont tout de même, des méthodes propre à l'extreme droite.
Des agissements propre aux "couilles molles" car ils n'ont même pas le courage, de signer leurs commentaires, alors que moi je le fais...
Ce qu'il fallait comprendre dans ce commentaire : comme tu habites dans le quartier Europe et tu t'appelles Mourad donc, tu as automatiquement crever des pneus.
Mais il se trouve que je n'ai
jamais agi de la sorte et je dénonce toute forme de dégradation des biens d'autrui, public et privé...
Une derniere remarque, je me suis fait crever mes pneus à deux reprises et, je compte sur anonyme pour me donner les noms des auteurs, mais pas automtiquement mohamed ou mamoudou ou encore d'autres habitants des quartiers...
MOURAD
By Anonyme, at 11:08 AM
Si tu es en tête de liste, le plus malin de la bande, la parité ne peut pas aller contre tes intérêts, par contre elle peut évincer des gens compétents au profit d'une cruche. Mais aucune étude n'indique que les femmes sont globalement plus bêtes que les hommes. Un peu moins vindicatives, et encore, on connaît tous, même au PS, des femmes à l'ambition dévorante prêtes à tout pour y arriver. Donc cette loi sur la parité respecte juste une loi biologique fondamentale, il faut une femme et il faut un homme pour créer du neuf. Je suis donc tout comme toi pour. Les vrais émancipateurs sont sociaux démocrates réformistes, tu n'en doutais pas j'espère... ;-)
By jpbb, at 12:45 PM
Heureux Val de te retrouver sur ce blog. Législation et éducation, les deux vont ensemble.
Mourad, je t'approuve: le commentaire est évidemment discriminatoire. Soyons plus forts que ceux qui veulent nous blesser.
Jpbb, Val, tout le monde se lève pour la parité!
By Emmanuel Mousset, at 1:10 PM
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