Qui est le leader?

Bonjour à toutes et à tous.

Qui est le leader? C'est la première question qu'il faut se poser en politique, sauf chez les anarchistes, qui récusent tout pouvoir. Je ne connais pas de groupe politique sans leader. Ou alors c'est le foutoir, dans lequel dominent les plus malins. A Saint-Quentin, la droite est forte parce qu'elle a un leader fort, Pierre André, respecté de tous, y compris de Xavier Bertrand, qui est pourtant plus fort que lui, en tant que ministre. Mais Bertrand est intelligent: sans leader qui rassemble, qui assure la cohésion de l'équipe, pas d'avenir. C'est ce que les socialistes saint-quentinois ont du mal à comprendre. A moins qu'ils fassent semblant.

On me répète souvent que la division chez eux est quasi héréditaire, que jamais un leader n'est sorti de leurs rangs, qu'il a fallu aller le chercher ailleurs. Sans doute, mais je ne crois pas à la fatalité. Nous souffrons aussi d'une culture faussement "égalitariste", qui laisse croire qu'un leader est un chef, qu'un chef n'est pas loin d'un tyran, bref qu'il est progressiste de s'en passer. C'est un trompe-l'oeil: à défaut de leader reconnu publiquement et qui assume cette charge, on fait appel à des apparatchiks extérieurs à Saint-Quentin et qui sont les vrais décideurs (mais pas les payeurs!).

Nonobstant ces remarques, qui est le leader à Saint-Quentin? Il en faut un, même si ça ne s'invente pas. Alors qui? Les personnes ne comptent pas, sinon le leader, ce serait... moi. Ce sont les titres qui importent, c'est-à-dire ce qu'on représente. Je vois trois possibilités:

1- On prend le grade le plus élevé. Chez nous, pas de doute, c'est la députée européenne. C'est le leader "naturel". Mais l'étiquette ne suffit pas. Il faut la volonté et la psychologie d'un leader. Les a-t-elle? Il ne semble pas. Son heure aurait pu sonner en 2003. La députée nationale avaient été battues à deux reprises, le courant poperéniste faisait élire pour la première fois un secrétaire de section de son bord, Philippe Maillot, passé depuis et très vite aux oubliettes. Elle n'a pas su, pas pu, pas voulu, pas cru s'imposer à ce moment-là, qui ne reviendra pas. En politique comme à l'armée, après l'heure, c'est plus l'heure. Sa discrétion presque ostentatoire dans la vie locale et pendant les municipales confirment son inaptitude au poste de leader.

2- On prend le premier de la liste municipale, qui même battu est élu. Le problème, cette fois-ci, c'est qu'il a été récusé majoritairement par la section, qu'il ne peut donc, en aucun cas, représenter. C'est un socialiste en quelque sorte indépendant, comme il l'a d'ailleurs déjà été, qui n'incarne que lui-même et ses nouveaux amis trotskystes. Ses propos et prises de position n'engagent pas la section, je ne me sens pas l'obligation de les défendre, j'ai au contraire le devoir de les critiquer, et je ne m'en prive pas. C'est la condition pour qu'une nouvelle gauche apparaisse, dans les années qui viennent.

3- On retient et on suit le secrétaire de section. C'est le seul qui représente le Parti, qui peut parler en son nom, puisqu'il a été élu pour ça. De plus, au-delà du titre, il a le soutien de la majorité des socialistes. Je ne reconnais que lui comme leader socialiste à Saint-Quentin. Quand j'ai retiré ma candidature en octobre, c'est son avis que j'ai suivi. Quand j'ai accepté de figurer sur la liste en janvier, c'est son point de vue que j'ai adopté. Quand il a pensé inutile de créer une crise et un sursaut en mars, c'est cette ligne que j'ai finalement rejointe. La politique n'est pas faite d'avis personnels, qui ne pèsent pas lourds (j'en sais quelque chose!), mais de décisions collectives. Si un leader accepté par tous n'est pas là pour trancher dans la multitude des décisions possibles, tout va à vau-l'eau, rien ne se fait.


Bon après-midi.