La flamme de la liberté.

Je passe cet après-midi devant mon bureau, à préparer les 40 ans de Mai 68 dans l'Aisne. Pas mal de boulot. En même temps, j'ai l'oreille collé à France-Info, à l'écoute des péripéties de la flamme olympique dans sa traversée de Paris, qui s'éteint et qui se rallume, au milieu d'une escorte de policiers. Je souhaite vivement que les incidents se multiplient toute la journée, et après, et pendant les JO. Paris, il ne fallait pas rater ça: la ville de la Révolution, de la Commune, de la Libération et de ce mois de Mai sur lequel je suis en train de travailler, cette capitale qui n'est pas seulement française mais qui appartient au monde entier, elle devait se révolter au passage de la flamme, elle l'a fait, très bien, il faut continuer.

Car le régime chinois a enfanté un monstre. Ce n'est pas une métaphore, je prends les mots très au sérieux, je ne joue pas avec. Ce pays a conservé du communisme la tyrannie et du capitalisme l'exploitation. Cuba est communiste mais pas encore capitaliste, la Russie est capitaliste mais plus communiste, la Chine est les deux à la fois, hydre à deux têtes. Voilà le monstre à abattre. D'autant qu'elle est promise à un bel avenir. Ses produits envahissent la planète, elle sera demain peut-être, après-demain sûrement, à un moment ou à un autre du troisième millénaire, une superpuissance comme l'a été l'URSS et comme le sont encore les USA. C'est pourquoi rien de ce qui est chinois ne peut nous laisser indifférent.

Il ne s'agit pas de donner des leçons, l'Europe a engendré aussi, il n'y a pas si longtemps, ses monstres, nazisme en tête. Et la Chine est un grand peuple et une grande civilisation. Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera? Non, Alain Peyreffite a eu tort de reprendre le mot de Napoléon. La Chine s'éveille, le monde s'émerveille, voilà mon souhait, car le monstre peut disparaitre ici comme il a disparu ailleurs. Ces Jeux Olympiques doivent participer à cette prise de conscience, au changement des mentalités, au développement dans cette immense contrée des droits de l'homme, de la liberté et de la démocratie. Le monde sera tourné vers la Chine, profitons en pour agir. Et puis, il existe là-bas une classe moyenne en cours de formation, qui rassemble déjà plusieurs centaines de millions de personnes, et qui portera les idéaux démocratiques. Liberté pour la Chine, autonomie pour le Tibet, voilà le combat.

Dans un réflexe très franco-français, nous nous demandons s'il faut boycotter ou pas. Cessons de nous torturer les méninges. Pendant ce temps, on ne fait rien. Or la réponse est là: il faut de toute façon faire quelque chose, susciter un maximum d'initiatives, dont le boycott fait partie. Mais ne focalisons pas sur lui. Quoi qu'il arrive, les Jeux auront lieu. Ne pas y aller et protester, c'est bien, mais y aller et témoigner, c'est bien aussi. Pas d'exclusive, un seul mot d'ordre: agir, briser le silence de la répression. Pour le moment, faisons comprendre que la flamme olympique doit se transformer en flamme de la liberté.


Bon après-midi.