L'Aisne avec DSK

01 avril 2008

Vivre et mourir.

Bonjour à toutes et à tous.

Le café citoyen d'hier soir au Manoir, pour lequel j'ai abrégé ma présence au conseil municipal, portait sur un sujet d'apparence morbide ou futile: "Obsèques civiles ou religieuses?" C'est peut-être cette apparence qui explique le peu de participants. Pourtant, c'est une question sérieuse qui s'adresse aux vivants, les morts l'ayant déjà réglé.

La mort est tellement douloureuse qu'on en oublie le problème matériel, financier et moral des funérailles auquel nous serons tous confrontés. Même décédés, notre présence se fera sentir et pèsera sur nos proches. Que faire de notre corps quand nous ne serons plus là? Car lui, que nous avons pour la plupart d'entre nous tant aimé, restera. Le confier à la terre, au feu, à la science? J'ai longtemps caressé le projet de devenir squelette dans une salle de classe, jusqu'à ce que j'apprenne que leurs os étaient de plastique. Enseignant post mortem, quel beau destin pourtant!

Et quelle cérémonie souhaite-t-on, si on en souhaite une? Pourquoi ne pas être enterré chez soi? On n'échappe pas à la société, chacun dans sa case, et à la fin dans son cercueil. En visitant le cimetière du Père-Lachaise dimanche, je me suis rappelé combien la lutte des classes se prolongeait jusque dans le royaume des morts: les riches veulent montrer qu'ils sont riches, quelques génies étonnent par la modestie de leurs sépultures, et tous les autres se contentent de l'ordinaire. Il n'y a que dans les couloirs sinistres du funérarium que l'égalité reprend ses droits, les cendres reposant dans des urnes identiques.

Maurice Camhi, l'un des animateurs du café citoyen et libre penseur, avait apporté un article paru dans le magazine La Raison, n° 498, février 2005, consacré aux funérailles laïques, qui donne les informations essentielles, que je vous résume:

Le code des opérations funéraires contient... 1.152 pages! Comme quoi la mort fait couler beaucoup de larmes et autant d'encre. Deux dates et deux lois sont à retenir:

- La loi de 1905 qui transfère le service extérieur des pompes funèbres de l'église à la commune, en garantissant aux citoyens le libre choix de leurs funérailles. Mais les communes ont préféré concéder cette activité à des entreprises privées, qui au fil du temps ont laissé s'installer le quasi monopole d'une seule entreprise.

- La loi de 1993: elle abroge ce monopole et permet aux familles le libre choix de l'opérateur funéraire. Le secteur des obsèques a donc été privatisé. Mais ne faudrait-il pas en faire au contraire un service public? C'est une question que je me suis toujours posé. Mourir devrait ne rien coûter, d'autant que le dernier souffle nous coûte déjà la vie. Hier, à cette remarque, mon voisin de table m'a répondu: La vie a un prix, la mort aussi...

Autre grand problème, l'organisation de la cérémonie: l'opérateur funéraire conseille mais n'impose rien, c'est la famille qui décide de tout. N'importe qui peut présider, n'importe où, dans un domicile privé ou une salle municipale, et n'importe comment, en passant un film, des chansons, ... La liberté y gagne, le mort ne se plaint pas, mais la notion de rite s'efface peu à peu, puisque celui-ci réclame une unité, une cohérence, une répétion, une dimension collective qui disparaissent quand chacun fait ce qu'il veut, aménage l'enterrement à son goût.

Dernier problème: les "dernières volontés". Elles devraient être les premières, elles sont souvent le cadet de nos soucis. Nous sommes suffisamment tracassés par la vie, nous n'allons pas nous embarrasser avec la mort. Pourtant il est sage d'y penser, soit par testament, soit pas contrat obsèques à valeur testamentaire auprès d'un opérateur funéraire ou d'un organisme financier. Celui-ci, banque, mutuelle, caisse de retraite, propose souvent un "package funéraire" mais qui ne respecte pas nécessairement les dernières volontés du défunt.

Et que faire quand ces dernières volontés sont inexistantes? Pour La Raison, face à une absence de prescriptions ou d'inclinations attestées, ce sont les funérailles civiles qui devraient s'imposer. Ce n'est pas ce qui se passe dans la plupart des cas, où la famille s'adresse à l'église.

Je cause, je cause, j'écris, j'écris, mais je n'ai rien prévu pour mon propre enterrement. Peut-être parce que je crois avoir encore toute la vie devant moi. C'est une saine croyance. Et puis, je ne voudrais pas redonner espoir à mes adversaires politiques de se voir débarrassés de moi aussi vite.


Bonne matinée.

2 Comments:

  • Les riches ne veulent pas montrer qu'ils sont riches, cette volonté n'existe pas. Du simple fait qu'ils sont riches ils ont les moyens de vivre à leur guise et de satisfaire au mieux leur désir. La sociale démocratie ayant comme but de désaliéner les hommes à la misère matérielle et intellectuelle, son but est de rendre tout le monde riche. Il ne peut donc y avoir pour nous opposition pauvre-riche ni lutte des classes, il ne peut y avoir qu'un combat contre la pauvreté et l'exclusion.

    By Blogger jpbb, at 12:14 PM  

  • Il ne faut pas confondre les riches et les nouveaux riches.
    Des prétentieux, ils y en a partout, même chez les pauvres.

    By Blogger jpbb, at 12:16 PM  

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