Compatible ou pas?
Bonsoir à toutes et à tous.
Le rassemblement autour de Delanoë a donc eu lieu, cet après-midi à la Mutualité. Lionel Jospin était présent, au premier rang. Quelques strauss-kahniens ont été aperçus, dont Alain Richard et le maire de Grenoble, Michel Destot. Bertrand a été prudent, et il a eu raison: pas de déclaration intempestive pour annoncer sa candidature, ni à la direction du PS, encore moins à la présidentielle. Très bien. Mais peut-être y pense-t-il très fort? Et quand cela arrive, cela se voit.
J'ai apprécié aussi qu'il joue collectif, ne parte pas dans une échappée solitaire. Bref, je crois que le rendez-vous a été, pour lui, une réussite. Et pour nous, et pour le Parti? Réponse dans quelques mois, lors du congrès, et après, quand il faudra reprendre le pouvoir à la droite. Qu'est-ce que la politique, sinon mettre ses talents, sa volonté, sa notoriété au service d'un projet collectif? Si Bertrand y parvient, il aura gagné, parce qu'il nous aura fait gagner, en se mettant à la première place, ou ailleurs, nous verrons bien. Il faut poser son sac là où on peut être utile. Et faire gagner son camp. Sinon on ne sert à rien.
Les journalistes l'ont taquiné sur son outing libéral, que j'ai salué sur ce blog. Ségolène a été plus sévère en affirmant que libéral ET socialiste, c'est "complétement incompatible". Voilà le genre de polémique que je n'aimerais pas voir fleurir dans les semaines et les mois qui viennent, des querelles de mots en vue de se distinguer et de se positionner. Mettez Ségolène et Bertrand à la même table, autour d'un verre, au bout de 30 minutes, ils s'entendront sur le même programme. En revanche, avec Emmanuelli, Mélenchon et Fabius, les trois représentants de notre aile gauche, ce sera beaucoup plus difficile, pour ne pas dire impossible. Normal. Le congrès de Reims doit déboucher sur ce que connait toute organisation démocratique: une majorité et une minorité, que je souhaite partager entre le socialisme moderne et le socialisme classique.
Sur le libéralisme, les choses sont simples, tout est dans la définition du mot, pas dans le mot en lui-même: si être libéral signifie l'affaiblissement des services publics, le règne du laisser faire, l'exploitation économique, le pillage du tiers-monde, je ne suis pas libéral, je suis même antilibéral. Mais si le libéralisme, c'est l'adhésion à l'économie de marché, la défense de la concurrence et de la performance, le développement de la production, la recherche de l'efficacité, la critique de l'étatisme et du collectivisme, la volonté de faire de la liberté la valeur fondamentale de notre société, alors oui, je suis libéral. De ce point de vue, libéralisme et socialisme ne sont pas incompatibles. Reportez-vous, dans les archives de ce blog, à mes réflexions de cet été. C'est exactement ce que je disais.
Mais tout ça, c'est de la philo, pas de la politique. L'essentiel, je le redis, c'est que Delanoë et Royal sont politiquement compatibles. L'essentiel aussi, c'est que la proclamation de notre libéralisme allume une ceinture de feu entre nous et l'extrême gauche , qui a fait depuis quelques années de l'antilibéralisme son cheval de bataille. J'en connais à Saint-Quentin, côté socialiste, qui vont se brûler les doigts. Ils n'avaient qu'à ne pas jouer avec les allumettes durant les municipales. Et je soufflerai s'il le faut sur les braises pour qu'ils se consument entièrement...
En tout cas, Delanoë a fait fort en se proclamant libéral. Même DSK n'était pas allé aussi loin, aussi ostensiblement. Qu'en a pensé Lionel, lui qui avait fait la moitié du chemin dans cette direction? Toujours est-il que le PS, après Royal, avec Delanoë, vient de faire un sacré bond en avant.
Bonne soirée.
Le rassemblement autour de Delanoë a donc eu lieu, cet après-midi à la Mutualité. Lionel Jospin était présent, au premier rang. Quelques strauss-kahniens ont été aperçus, dont Alain Richard et le maire de Grenoble, Michel Destot. Bertrand a été prudent, et il a eu raison: pas de déclaration intempestive pour annoncer sa candidature, ni à la direction du PS, encore moins à la présidentielle. Très bien. Mais peut-être y pense-t-il très fort? Et quand cela arrive, cela se voit.
J'ai apprécié aussi qu'il joue collectif, ne parte pas dans une échappée solitaire. Bref, je crois que le rendez-vous a été, pour lui, une réussite. Et pour nous, et pour le Parti? Réponse dans quelques mois, lors du congrès, et après, quand il faudra reprendre le pouvoir à la droite. Qu'est-ce que la politique, sinon mettre ses talents, sa volonté, sa notoriété au service d'un projet collectif? Si Bertrand y parvient, il aura gagné, parce qu'il nous aura fait gagner, en se mettant à la première place, ou ailleurs, nous verrons bien. Il faut poser son sac là où on peut être utile. Et faire gagner son camp. Sinon on ne sert à rien.
Les journalistes l'ont taquiné sur son outing libéral, que j'ai salué sur ce blog. Ségolène a été plus sévère en affirmant que libéral ET socialiste, c'est "complétement incompatible". Voilà le genre de polémique que je n'aimerais pas voir fleurir dans les semaines et les mois qui viennent, des querelles de mots en vue de se distinguer et de se positionner. Mettez Ségolène et Bertrand à la même table, autour d'un verre, au bout de 30 minutes, ils s'entendront sur le même programme. En revanche, avec Emmanuelli, Mélenchon et Fabius, les trois représentants de notre aile gauche, ce sera beaucoup plus difficile, pour ne pas dire impossible. Normal. Le congrès de Reims doit déboucher sur ce que connait toute organisation démocratique: une majorité et une minorité, que je souhaite partager entre le socialisme moderne et le socialisme classique.
Sur le libéralisme, les choses sont simples, tout est dans la définition du mot, pas dans le mot en lui-même: si être libéral signifie l'affaiblissement des services publics, le règne du laisser faire, l'exploitation économique, le pillage du tiers-monde, je ne suis pas libéral, je suis même antilibéral. Mais si le libéralisme, c'est l'adhésion à l'économie de marché, la défense de la concurrence et de la performance, le développement de la production, la recherche de l'efficacité, la critique de l'étatisme et du collectivisme, la volonté de faire de la liberté la valeur fondamentale de notre société, alors oui, je suis libéral. De ce point de vue, libéralisme et socialisme ne sont pas incompatibles. Reportez-vous, dans les archives de ce blog, à mes réflexions de cet été. C'est exactement ce que je disais.
Mais tout ça, c'est de la philo, pas de la politique. L'essentiel, je le redis, c'est que Delanoë et Royal sont politiquement compatibles. L'essentiel aussi, c'est que la proclamation de notre libéralisme allume une ceinture de feu entre nous et l'extrême gauche , qui a fait depuis quelques années de l'antilibéralisme son cheval de bataille. J'en connais à Saint-Quentin, côté socialiste, qui vont se brûler les doigts. Ils n'avaient qu'à ne pas jouer avec les allumettes durant les municipales. Et je soufflerai s'il le faut sur les braises pour qu'ils se consument entièrement...
En tout cas, Delanoë a fait fort en se proclamant libéral. Même DSK n'était pas allé aussi loin, aussi ostensiblement. Qu'en a pensé Lionel, lui qui avait fait la moitié du chemin dans cette direction? Toujours est-il que le PS, après Royal, avec Delanoë, vient de faire un sacré bond en avant.
Bonne soirée.
7 Comments:
et forcément pas un mot sur les défilés du jour contre les suppressions de poste.
Peut etre parce qu'il y avait bcp moins de monde au plan national qu'il y aura de supporters de foot au stade de France.
C'est triste un mouvement protestataire qui meurt, encore plus quand il n'était pas justifié.
que de temps et d'énergie encore et toujours gaspillé.
à force d'échecs, c'est comme ça qu'on détruit les enthousiasmes.
By grandourscharmant, at 10:40 PM
Ségolène confond évidemment libéralisme et ultra-libéralisme. Le libéralisme, c'est poser des règles pour disposer d'un cadre dans lequel la liberté d'entreprend au niveau économique puisse s'épanouir. L'ultra libéralisme, c'est ne pas en poser du tout et laisser faire n'importe quoi. Ce n'est donc qu'une illustration supplémentaire de l'amateurisme de l'ex-candidate. Michel Rocard lors du forum de la rénovation de La Villette avait été extrêmement clair à ce sujet. Je partage ton point de vue sur une majorité et une minorité au sein du nouveau PS qui doit sortir du congrès de Reims. Delanoë et Royal sont politiquement compatibles avec 80 % du PS qui a pris le virage de la pensée sociale démocrate. La minorité rassemblera l'aile gauche.
Delanoë est en pointe vis-à-vis de Royal, c'est manifeste. Il a eu la finesse de ne pas se déclarer, laissant Ségolène patauger sur le devant de la scène, l'isolant dans sa stratégie de conquête du pouvoir. Elle a perdu son statut d'intouchable, et on peut dire ouvertement tout le bien que l'on pense d'elle, c'est devenu la grande mode du moment d'ailleurs...
Fallait pas jouer avec le feu.
By jpbb, at 10:47 PM
L'ours,
Je ne peux pas parler de tout. J'ai fait 4 billets aujourd'hui, ça ne vous suffit pas? Vous voulez ma mort ou quoi?
Et puis, quand je parle des manifs, vous me le reprochez, et quand je me tais, vous me le reprochez aussi. Faudrait savoir!
L'énergie d'un militant est renouvable et infinie. Ne vous inquiétez pas pour lui.
By Emmanuel Mousset, at 12:32 AM
savoir reconnaitre ses échecs est une bonne chose.
je vous conseille le sondage du parisien du jour
Royal ferait elle une bonne présidente ? oui 32% non 58%
Delanoe ferait il un bon président ?
oui 34% non 47%
Les sondages ne sont qu'un instantané, une indication
mais semble t il,
ils annoncent un président pas forcément populaire et une opposition qui ne l'est guere plus.
By grandourscharmant, at 10:24 AM
J'ai toujours dit, depuis un an, sur ce blog, que la gauche devait gagner en popularité, que le travail était immense et qu'il ne fallait pas seulement se réjouir de l'impopularité de Sarkozy. Ce sondage n'est pas pour moi une surprise, il confirme ce que je pense.
By Emmanuel Mousset, at 11:35 AM
Sur le "complètement incompatible" de Ségolène, ça m'a d'abord déçu de sa part.
Mais la dépêche AFP ne reprend pas la totalité de l'interview, qui est plus nuancée.
Royal y pointe le fait qu'EN FRANCE, le mot "libéral" signifie "capitaliste". Elle dénonçait donc un risque de confusion sémantique, et non pas le fond idéologique de Delanoë.
Bref, c'est une tempête dans un verre d'eau.
Car c'est surtout (seulement ?) sur le fonctionnement du Parti qu'ils divergent vraiment.
By Anonyme, at 9:53 PM
Bonjour Thierry.
"Tempête dans un verre d'eau", c'est certain. Et tu fais bien de rappeler la distinction libéralisme-capitalisme (... sauf en France). Le capitalisme est un mode de production économique qui génére souvent l'exploitation, le libéralisme est un mode d'organisation de la société, pas seulement économique mais aussi politique et culturel.
Je suis libéral... mais je ne suis pas capitaliste!
By Emmanuel Mousset, at 9:21 AM
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