La solitude d'un chef.
Bonsoir à toutes et à tous.
Ce qui arrive au chef de l'Etat est assez incroyable: il est de moins en moins un chef. Elu en partie sur le thème de l'autorité, il peine de plus en plus à se faire obéir. Son Premier ministre, qui devrait être son premier soutien, est entré dans une sourde résistance et rivalise avec le président dans les sondages. Plusieurs ministres n'en font qu'à leur tête, et le font souvent très mal. On a parfois l'impression qu'une moitié du gouvernement combat l'autre moitié. C'est tout de même du jamais vu. Nicolas Sarkozy a beau sermonner, en public ou en privé, rien ne change, les "couacs", comme il les appelle, se multiplient. L'aveu est révélateur, l'impuissance présidentielle s'étale au grand jour. A vouloir en faire trop, n'aurait-il pas fini par ne plus rien contrôler?
Xavier Bertrand est son pompier de service, chargé d'éteindre les feux intempestifs. Mais il est entouré de pyromanes. Les députés de l'UMP ne suivent plus, se rebellent, alors qu'ils devraient constituer un bataillon de choc. Leur indiscipline s'est manifestée à plusieurs reprises ces dernières semaines. Sarkozy ne tient plus rien, même pas son parti. Le secrétaire général parle et le pompier de service passe derrière, un peu tard, l'incendie est lancé. C'est l'histoire des 35 heures, hier. Vous me direz peut-être qu'au PS, la situation n'est pas meilleure, et vous aurez raison. Sauf que le PS n'est pas à la tête de l'Etat, n'a pas en charge la politique du pays.
Que se passe-t-il donc du côté de la droite? Lâché par une partie des siens, Nicolas Sarkozy est surtout abandonné par une majorité des Français, qui ne croit plus en lui. Pourtant, il y a un an, tout avait si bien commencé! Plus fondamentalement, je me pose une question: qu'est-ce qui fait qu'en politique on est suivi, qu'est-ce qui fait qu'on est délaissé? J'ai beaucoup observé autour de moi, depuis 13 ans que je suis au Parti socialiste. Qu'est-ce qui amène un homme politique à s'attirer des partisans qui lui permettront la victoire? L'intelligence? Je ne pense pas, sinon, à droite, Juppé aurait été préféré à Sarkozy. Le charisme? Je ne pense pas non plus, sinon, toujours à droite, Séguin aurait été chef depuis longtemps, au lieu de se morfondre à la Cour des Comptes.
A mon modeste niveau, quels sont les ressorts que j'ai vus à l'oeuvre dans le regroupement autour d'une personne? Certainement pas les convictions! Qui d'ailleurs peut se targuer d'avoir de véritables convictions? En politique, beaucoup ont plutôt de vagues intuitions, qui les conduisent à soutenir untel plutôt qu'untel. Et encore, ce ne sont pas les motifs principaux, qui sont en réalité au nombre de trois, ni plus, ni moins:
1- Le besoin de reconnaissance: mais oui! C'est dérisoire et un peu infantile, je sais, mais c'est ainsi. Etre à telle place sur telle liste, recevoir une petite récompense, s'entendre cité dans un discours, ce sont souvent de modestes choses qui favorisent les grands ralliements. C'est avec la vanité qu'on mène les gens par le bout du nez.
2- La crainte: c'est fou comme les gens ont peur, se font obséquieux envers les vrais ou faux puissants. Je suis strauss-kahnien, mais d'idées, pas pour la personne. J'apprécie l'intelligence et la personnalité de l'homme, mais mon estime s'arrête là. Si je voulais dire merde à Strauss, je le lui dirais.
3- L'espoir: c'est le motif le plus puissant, celui qui explique qu'en politique on est entouré ou déserté, l'espoir d'amener son camp à la victoire. Pourquoi Ségolène Royal, en 2006, a-t-elle connu un fantastique engouement? Parce que de nombreux sondages la donnaient gagnante. Pourquoi Nicolas Sarkozy, depuis quelques semaines, est-il confronté au désamour des siens? Parce qu'ils prennent conscience qu'il peut les faire perdre, lui qui les a pourtant fait gagner.
Pourquoi la section de Saint-Quentin du Parti socialiste ne parvient-elle pas à faire émerger un leader, pourquoi s'enfonce-t-elle dans la division? Parce qu'aucun de ses membres n'est perçu comme pouvant lui faire remporter les élections. Sera leader celui ou celle dont les adhérents sentiront qu'il pourra les conduire à la victoire. Alors, il n'y aura plus d'hésitation: les adversaires d'hier deviendront les supporters du moment, si ce moment est celui de la possible victoire. Car il n'y a qu'elle qui compte en politique. Le reste ne sont que des commentaires, comme celui que je suis en train de vous faire.
Bonne soirée.
Ce qui arrive au chef de l'Etat est assez incroyable: il est de moins en moins un chef. Elu en partie sur le thème de l'autorité, il peine de plus en plus à se faire obéir. Son Premier ministre, qui devrait être son premier soutien, est entré dans une sourde résistance et rivalise avec le président dans les sondages. Plusieurs ministres n'en font qu'à leur tête, et le font souvent très mal. On a parfois l'impression qu'une moitié du gouvernement combat l'autre moitié. C'est tout de même du jamais vu. Nicolas Sarkozy a beau sermonner, en public ou en privé, rien ne change, les "couacs", comme il les appelle, se multiplient. L'aveu est révélateur, l'impuissance présidentielle s'étale au grand jour. A vouloir en faire trop, n'aurait-il pas fini par ne plus rien contrôler?
Xavier Bertrand est son pompier de service, chargé d'éteindre les feux intempestifs. Mais il est entouré de pyromanes. Les députés de l'UMP ne suivent plus, se rebellent, alors qu'ils devraient constituer un bataillon de choc. Leur indiscipline s'est manifestée à plusieurs reprises ces dernières semaines. Sarkozy ne tient plus rien, même pas son parti. Le secrétaire général parle et le pompier de service passe derrière, un peu tard, l'incendie est lancé. C'est l'histoire des 35 heures, hier. Vous me direz peut-être qu'au PS, la situation n'est pas meilleure, et vous aurez raison. Sauf que le PS n'est pas à la tête de l'Etat, n'a pas en charge la politique du pays.
Que se passe-t-il donc du côté de la droite? Lâché par une partie des siens, Nicolas Sarkozy est surtout abandonné par une majorité des Français, qui ne croit plus en lui. Pourtant, il y a un an, tout avait si bien commencé! Plus fondamentalement, je me pose une question: qu'est-ce qui fait qu'en politique on est suivi, qu'est-ce qui fait qu'on est délaissé? J'ai beaucoup observé autour de moi, depuis 13 ans que je suis au Parti socialiste. Qu'est-ce qui amène un homme politique à s'attirer des partisans qui lui permettront la victoire? L'intelligence? Je ne pense pas, sinon, à droite, Juppé aurait été préféré à Sarkozy. Le charisme? Je ne pense pas non plus, sinon, toujours à droite, Séguin aurait été chef depuis longtemps, au lieu de se morfondre à la Cour des Comptes.
A mon modeste niveau, quels sont les ressorts que j'ai vus à l'oeuvre dans le regroupement autour d'une personne? Certainement pas les convictions! Qui d'ailleurs peut se targuer d'avoir de véritables convictions? En politique, beaucoup ont plutôt de vagues intuitions, qui les conduisent à soutenir untel plutôt qu'untel. Et encore, ce ne sont pas les motifs principaux, qui sont en réalité au nombre de trois, ni plus, ni moins:
1- Le besoin de reconnaissance: mais oui! C'est dérisoire et un peu infantile, je sais, mais c'est ainsi. Etre à telle place sur telle liste, recevoir une petite récompense, s'entendre cité dans un discours, ce sont souvent de modestes choses qui favorisent les grands ralliements. C'est avec la vanité qu'on mène les gens par le bout du nez.
2- La crainte: c'est fou comme les gens ont peur, se font obséquieux envers les vrais ou faux puissants. Je suis strauss-kahnien, mais d'idées, pas pour la personne. J'apprécie l'intelligence et la personnalité de l'homme, mais mon estime s'arrête là. Si je voulais dire merde à Strauss, je le lui dirais.
3- L'espoir: c'est le motif le plus puissant, celui qui explique qu'en politique on est entouré ou déserté, l'espoir d'amener son camp à la victoire. Pourquoi Ségolène Royal, en 2006, a-t-elle connu un fantastique engouement? Parce que de nombreux sondages la donnaient gagnante. Pourquoi Nicolas Sarkozy, depuis quelques semaines, est-il confronté au désamour des siens? Parce qu'ils prennent conscience qu'il peut les faire perdre, lui qui les a pourtant fait gagner.
Pourquoi la section de Saint-Quentin du Parti socialiste ne parvient-elle pas à faire émerger un leader, pourquoi s'enfonce-t-elle dans la division? Parce qu'aucun de ses membres n'est perçu comme pouvant lui faire remporter les élections. Sera leader celui ou celle dont les adhérents sentiront qu'il pourra les conduire à la victoire. Alors, il n'y aura plus d'hésitation: les adversaires d'hier deviendront les supporters du moment, si ce moment est celui de la possible victoire. Car il n'y a qu'elle qui compte en politique. Le reste ne sont que des commentaires, comme celui que je suis en train de vous faire.
Bonne soirée.
2 Comments:
Impatient de voir les nouvelles idées du PS et une 4 ème débacle de suite...
Rendez vous dans 4 ans !
By Manu les bons tuyaux..., at 4:01 PM
Tout le monde a compris que l'anonyme farceur n'a rien à voir avec moi. Il prend ses désirs pour des réalités, laissons le dans son doux délire.
By Emmanuel Mousset, at 8:58 PM
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