L'Aisne avec DSK

23 mai 2008

Une histoire de réac.

Une histoire de fou, je ne vois pas comment la qualifier autrement, cette décision du Parlement de rendre possible la non-mixité à l'école. Jusqu'où la droite va-t-elle aller dans les mesures réactionnaires? J'emploie, comme toujours, les mots avec soin: réactionnaire, celui qui veut retourner à un ordre ancien, revenir à une situation passée. Allons-y pour la séparation garçons-filles, que notre société et son système éducatif avaient abolie dans les années 60. Comment ne pas y voir une revanche sur Mai 68, en plein milieu de son quarantième anniversaire? Car le mouvement est né d'une revendication très particulière, presque anecdotique mais combien lourde de signification, dans la société puritaine de ce temps: que les garçons puissent aller, sur le campus de Nanterre, dans le bâtiment des filles. Vous vous rendez compte: des étudiants, la plupart majeurs, n'avaient pas à l'époque cette permission! Quelle époque! Les vrais nostalgiques de 68 ne sont pas ceux qu'on croit, mais les défenseurs de ce monde-là.

Histoire de fou, parce que les auteurs de cette régression n'ont même pas le courage et l'honnêteté de l'assumer, ils se réfugient derrière... une directive européenne qui serait à l'origine de cette décision. Incroyable! A nouveau, l'Europe devient le bouc émissaire, comme les Fêtes du Bouffon à Saint-Quentin ont failli être privées de leur mémorable soupe à cause d'une directive européenne sur les branchements de gaz! Là où on navigue en pleine folie, c'est que l'éducation n'a jamais fait partie des prérogatives européennes. Ce n'est donc pas une directive qui peut nous imposer la non-mixité.

De plus, et l'on monte d'un cran dans l'univers de la folie, les accusateurs de l'Europe pointent du doigt une directive "anti-discriminations" qui les obligerait à remettre en question la mixité. Mais dites-moi: séparer les garçons et les filles, vous appelez ça comment? Moi, je qualifie cet acte de discriminatoire. Discriminer, au sens propre, c'est distinguer, séparer. Bref, des petits malins nous expliquent qu'une loi contre les discriminations impose une discrimination. Une histoire de fou, vous dis-je!

La mixité, il ne faut pas y toucher, pour quatre raisons:

1- Par principe: se mélanger est mieux que s'éloigner les uns des autres. L'esprit de clan, de caste, non, je n'aime pas ça. Car ce n'est pas républicain. L'entre soi est un principe bourgeois auquel nous devons opposer la fraternité.

2- Pour une raison psychologique: garçons et filles doivent apprendre à se connaître, dès le plus jeune âge. Les séparer n'est vraiment pas les aider dans leur construction personnelle, dans leur rapport les uns avec les autres. Les isoler selon le sexe, ce serait faire naître des fantasmes, qui naissent toujours de la méconnaissance de l'autre.

3- Pour une raison pédagogique: il est bon qu'il y ait émulation scolaire entre garçons et filles. Les statistiques montrent que les filles sont un peu meilleures. A elles de donner l'exemple, d'élever le niveau des classes. Mais ne constituons pas de ghettos. Je me vois mal en train de faire cours à une classe de mecs ou à une classe de nanas.

4- Pour une raison sociale: la non-mixité est une fumisterie vouée à l'échec, dans une société où garçons et filles, en dehors de l'école, sont ensemble, se fréquentent. Comment croire qu'elle aurait des vertus quand la rencontre, le mélange, le partage, le métissage irriguent par bonheur toute notre société.

Une vraie histoire de fou, une triste histoire de réac.


Bonne nuit.

11 Comments:

  • tu as raison, et pourtant le très réac jpbb n'y est pour rien! dingue, non?

    By Anonymous Anonyme, at 10:22 PM  

  • s'opposer à la liberté de choix au nom de l'ordre et de la morale,
    c'est ça etre réactionnaire.

    By Blogger grandourscharmant, at 9:14 AM  

  • C'est quoi la "liberté de choix"? La loi est la loi. Elle impose un principe, en l'occurrence celui de mixité. Si on a le choix, il n'y a plus de loi.

    L'ours, vous n'êtes pas gaulliste, vous êtes un anarchiste de droite. C'est ce qui fait votre charme.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:32 AM  

  • Un âne a besoin d'un maître pour survivre.

    By Blogger jpbb, at 10:37 AM  

  • Le retour du vieux fou!

    By Anonymous Anonyme, at 11:57 AM  

  • anarchiste parce que je prefere la liberté à l'ordre ?

    remet on en cause la mixité parce que maintenant dans l'école publique, on pourra avoir des classes non mixtes
    comme le pratiquait illégalement les profs de sport ?

    et jusqu'où doit aller la mixité ?
    imposer des joueuses chez les joueurs de foot,
    obliger des hommes à tomber enceint ?

    tout cela n'est pas sérieux.

    Mais si vous dites que la loi est la loi et bien soit,
    sauf que maintenant la loi qui doit etre respecté, c'est qu'on a le droit à des classes non mixtes
    et comme vous aimez respectez la loi,
    vous n'aurez d'autre choix que de respecter cette loi.

    quand je disais qu'il n'y avait ni débat ni discussion à avoir
    à moins bien sur que vous vouliez une république à la carte,
    les lois qui vous conviennent sont respectables, les autres on ne les respecte pas.

    l'anarchiste c vous car vous ne voulez suivre que vos propres lois pas les lois de la société dans laquelle vous vivez.

    dura lex, sed lex

    By Blogger grandourscharmant, at 5:29 PM  

  • Ce sont vos propos qui ne sont pas sérieux. Que les hommes veuillent se retrouver entre eux, dans une équipe de foot ou une loge maçonnique, c'est leur droit, comme c'est le droit des femmes de faire du shopping entre copines.

    Il n'y a aucune atteinte au principe laïque de la mixité là-dedans. C'est tout simplement le droit d'aller avec qui l'on veut. Sinon, l'homosexualité, au nom de la mixité, serait interdite, ce qui serait, convenez-en, une absurdité!

    A l'école, il y a des toilettes pour les garçons et des toilettes pour les filles. Cette séparation porte-t-elle atteinte à la mixité? Bien sûr que non. C'est simplement une question de pudeur. Ne mélangez pas tout.

    En ce qui concerne la loi, je la respecterai, comme je respecte n'importe quelle loi, même si je me battrai pour qu'une majorité de gauche abroge cet alinéa. Je précise que cette loi n'impose pas des classes non mixtes (elle ne va tout de même pas jusque là), elle les propose. Mes collègues feront ce qu'ils voudront, mais moi, ce sera non.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:03 PM  

  • Je suis sûre que tu n'appliqueras pas cela dans tes classes et heureusement car la mixité aussi bien des sexes que des religions où des idées aide les enfants dès leurs jeunes âges à se socialiser et accepter les différences ; cette volonté de séparation des filles et des garçons peut engendrer de l'intolérance jusqu'au racisme ! alors je dis non aussi

    By Anonymous Anonyme, at 6:17 PM  

  • Martine,

    La grande majorité des enseignants feront comme moi. Qui a envie de revenir aux collèges de garçons et aux collèges de jeunes filles? Personne. C'est une histoire de fou, comme hélas en produisent de temps en temps notre société et la vie politique.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:16 PM  

  • vous ne parlez que de la forme et vous etes totalement absent du fond.

    si on démontre demain que les classes non mixte ont de meilleurs résultats que les classes mixtes

    que doit on faire ?

    au nom de la sacro-sainte mixité, refuser de remettre en cause le dogme.

    Car cette merveilleuse mixité ne change rien au fait que dans les filieres scientifiques, il y a 80% d'hommes, par contre chez les enseignants et les employés ont est plutot à 60-70% de filles.

    Je peux comprendre qu'on soit hostile à cette idée mais qu'on la combatte avec de l'intelligence, des arguments, des raisonnements pas des slogans et des invectives.

    By Blogger grandourscharmant, at 8:14 PM  

  • Vous charriez, ou alors vous n'avez rien d'autres à dire. J'ai expliqué, dans un billet argumenté, pourquoi j'étais pour la mixité. Et vous me dites maintenant que je suis dans la forme et pas dans le fond! Qu'est-ce qu'il vous faut, vous alors!

    Que vous ne soyez pas d'accord avec mes arguments, ok, je l'admets. Mais ne me dites pas que je suis dans la forme alors que c'est tout le contraire. La mixité n'est pas chez moi un principe devant lequel je m'agenouille béatement, mais un choix fondé.

    Dans les classes littéraires des lycées, il y a toujours eu une forte majorité de filles. Mais bon sang, c'est la mixité quand même! Ce que je refuse, c'est la séparation des sexes, et Martine vous a expliqué pourquoi. Qu'est-ce qu'il vous faut de plus?

    Ne me cherchez pas un soir d'Eurovision...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:29 PM  

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