Nos hussards noirs.
Bonsoir à toutes et à tous.
J'ai animé hier après-midi un stage à l'IUFM de Laon sur le thème de la responsabilité, devant un public d'instituteurs et professeurs des écoles. Je vous livre en vrac quelques réflexions que j'ai soumises à débat:
La responsabilité de l'élève et de l'enseignant sont-elles de même nature? Responsable, étymologiquement, c'est celui qui est apte à répondre, qui maîtrise donc le langage. Est-ce le cas de l'enfant? La responsabilité prend son sens dans la durée: s'engager, promettre, tenir parole. L'enfant a-t-il la même perception du temps que l'adulte? Etre responsable, c'est assumer une part de pouvoir. Laquelle faut-il donner à l'enfant? La responsabilité s'exerce à l'égard d'autrui, dont on est responsable, qu'on a "sous" sa responsabilité. Mais ne commence-t-elle pas dans la responsabilité de soi, de son corps, de sa santé, de son apparence? Le "poids" des responsabilités n'en fait pas une partie de plaisir. On les fuit plus qu'on ne les recherche. Comment alors donner aux élèves le "goût" des responsabilités? Responsabilité individuelle et collective, l'une et l'autre sont-elles nécessaires? Travailler, n'est-ce pas être naturellement responsable de ce qu'on fait? L'école doit-elle former des enfants-citoyens? Et comment y parvenir dans une société qui a fait l'enfant roi? Etc.
Les échanges ont été riches, fructueux, motivés, pleins d'idées, de suggestions, de critiques. Nos enseignants des écoles ont de l'énergie à revendre, des propositions à faire, de l'ambition pour leurs élèves. Rien à voir avec l'image parfois véhiculée d'un corps enseignant fatigué, blasé, déprimé. La République est toujours vivante dans les classes. Et c'est heureux, parce que si l'esprit républicain n'y soufflait plus, c'est toute la société qui serait déstabilisée. Les maîtres ont la belle et grande volonté de rendre les élèves fiers de ce qu'ils sont et font. C'est peut-être le plus important. Leur pédagogie passe par mille petites choses, des trucs, des trouvailles qui conduisent les enfants et les classes vers la réussite.
L'une m'a particulièrement marqué, racontée par une instit: quand un élève a bien travaillé, bien agi, elle lui serre la main. J'ai été surpris, c'est inhabituel, un enseignant dit bonjour ou au revoir, il ne salue pas ainsi ses élèves. Et pourtant, la poignée de main a quelque chose de beau: elle signifie le remerciement, la récompense, elle élève celui qui la reçoit, elle fait s'incliner, par respect, l'adulte qui la donne, elle établit une égalité temporaire et méritée, sans nulle démagogie, entre l'enfant et l'enseignant. C'est un grand moment de dignité que de voir le professeur et l'élève se saluer ainsi. Quelle misère de constater que la poignée de main, entre adultes, a tendance à se perdre: on se fait de ridicules "bisous" ou bien une embrassade à l'américaine. Dans mon milieu socialiste, il y a même des hommes qui se font entre eux la bise! Il paraît que c'est à la mode... Mais moi, ces baisers me font plutôt penser à Judas...
Charles Péguy disait de nos instituteurs qu'ils étaient "les hussards noirs de la République". Je n'ai jamais beaucoup aimé ce terme, dont tout le monde a oublié le sens précis. Mais je constate qu'un siècle après, ils sont toujours là, nos hussards noirs, debouts, enthousiastes, combatifs.
Bonne soirée.
J'ai animé hier après-midi un stage à l'IUFM de Laon sur le thème de la responsabilité, devant un public d'instituteurs et professeurs des écoles. Je vous livre en vrac quelques réflexions que j'ai soumises à débat:
La responsabilité de l'élève et de l'enseignant sont-elles de même nature? Responsable, étymologiquement, c'est celui qui est apte à répondre, qui maîtrise donc le langage. Est-ce le cas de l'enfant? La responsabilité prend son sens dans la durée: s'engager, promettre, tenir parole. L'enfant a-t-il la même perception du temps que l'adulte? Etre responsable, c'est assumer une part de pouvoir. Laquelle faut-il donner à l'enfant? La responsabilité s'exerce à l'égard d'autrui, dont on est responsable, qu'on a "sous" sa responsabilité. Mais ne commence-t-elle pas dans la responsabilité de soi, de son corps, de sa santé, de son apparence? Le "poids" des responsabilités n'en fait pas une partie de plaisir. On les fuit plus qu'on ne les recherche. Comment alors donner aux élèves le "goût" des responsabilités? Responsabilité individuelle et collective, l'une et l'autre sont-elles nécessaires? Travailler, n'est-ce pas être naturellement responsable de ce qu'on fait? L'école doit-elle former des enfants-citoyens? Et comment y parvenir dans une société qui a fait l'enfant roi? Etc.
Les échanges ont été riches, fructueux, motivés, pleins d'idées, de suggestions, de critiques. Nos enseignants des écoles ont de l'énergie à revendre, des propositions à faire, de l'ambition pour leurs élèves. Rien à voir avec l'image parfois véhiculée d'un corps enseignant fatigué, blasé, déprimé. La République est toujours vivante dans les classes. Et c'est heureux, parce que si l'esprit républicain n'y soufflait plus, c'est toute la société qui serait déstabilisée. Les maîtres ont la belle et grande volonté de rendre les élèves fiers de ce qu'ils sont et font. C'est peut-être le plus important. Leur pédagogie passe par mille petites choses, des trucs, des trouvailles qui conduisent les enfants et les classes vers la réussite.
L'une m'a particulièrement marqué, racontée par une instit: quand un élève a bien travaillé, bien agi, elle lui serre la main. J'ai été surpris, c'est inhabituel, un enseignant dit bonjour ou au revoir, il ne salue pas ainsi ses élèves. Et pourtant, la poignée de main a quelque chose de beau: elle signifie le remerciement, la récompense, elle élève celui qui la reçoit, elle fait s'incliner, par respect, l'adulte qui la donne, elle établit une égalité temporaire et méritée, sans nulle démagogie, entre l'enfant et l'enseignant. C'est un grand moment de dignité que de voir le professeur et l'élève se saluer ainsi. Quelle misère de constater que la poignée de main, entre adultes, a tendance à se perdre: on se fait de ridicules "bisous" ou bien une embrassade à l'américaine. Dans mon milieu socialiste, il y a même des hommes qui se font entre eux la bise! Il paraît que c'est à la mode... Mais moi, ces baisers me font plutôt penser à Judas...
Charles Péguy disait de nos instituteurs qu'ils étaient "les hussards noirs de la République". Je n'ai jamais beaucoup aimé ce terme, dont tout le monde a oublié le sens précis. Mais je constate qu'un siècle après, ils sont toujours là, nos hussards noirs, debouts, enthousiastes, combatifs.
Bonne soirée.
6 Comments:
Ce qui me surprend, et je ne suis pas le seul, c'est que lors des réunions de la section, certains et certaines passent devant vous sans vous saluer, tout simplement parce que vous ne partagez pas leurs idées. Si vous êtes dans les papiers de Ferreira, elle vous salue, vous paie un " pot " aux frais de l'Europe, vous invite à boire une " coupe " avant la réunion, ... mais si elle juge que vous êtes dans le camp d'en face, c'est terminé !
notre octogénaire me l'a raconté, elle a été punie pour avoir fait la campagne de Ségolène et d'Odette !
saluer un camarade est la moindre des choses, même si on n'est pas d'accord sur tout.
Pierre
By Anonyme, at 12:13 AM
Bonne remarque, Pierre. Quand on fait de la politique, surtout quand on est élu, il faut saluer tout le monde, et ne pas donner l'impression qu'on privilégie les uns plutôt que les autres.
Le problème, c'est que la logique de courant, qui est surtout une logique de clan, gâche tout. Si l'on doit son pouvoir à son courant, on fera tout pour satisfaire les membres de ce courant, y compris à travers de petits gestes.
Cette remarque est valable pour tout courant qui cesse d'être un courant de pensée pour devenir un clan dont le seul objectif est la conquête ou la conservation des places.
Bonne journée Pierre.
By Emmanuel Mousset, at 8:54 AM
rassurez-moi,
lorsqu'on vous insulte ou vous crache au visage certains usages n'on plus lieu d'être non ?
Et bien qu'anne continue à ne pas dire bonjour cela évitera à bon nombre de socialistes de s'abaisser au niveau de sa perfidie
By Anonyme, at 12:37 PM
c'est du niveau panpan-cul cul, bienvenue chez les bénis oui-oui!
By Anonyme, at 1:57 PM
on doit pas avoir grand chose à foutre à la perme d'anne pour surveiller ce blog
By Anonyme, at 4:27 PM
je ne suis pas Anne, mais un monsieur gréviste qui vous merde.
By Anonyme, at 9:21 PM
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