L'Aisne avec DSK

18 mai 2008

La bataille de la mémoire.

Bonsoir à toutes et à tous.

A ceux qui se plaignent du tintouin autour des 40 ans de Mai 68, que doivent-ils dire des 90 ans de la fin de la Première guerre mondiale! 1968 a produit la société d'aujourd'hui, mais 1918? Le dernier poilu vient de mourir, alors que les soixante-huitards occupent des postes de pouvoir. Les geignards oublient une chose: la mémoire collective structure aussi une société. Il est donc normal d'évoquer, de célébrer les évènements passés, 1918 ou 1968. Celui-ci, j'en ai suffisamment parlé, à celui-là maintenant, à partir de deux faits récents: l'adoption d'un voeu unanime du Conseil général de l'Aisne le 16 avril pour la reconnaissance des "fusillés pour l'exemple", le rassemblement hier à Craonne de quatre associations pour la réhabilitation de ces soldats condamnés.

La bataille de la mémoire se poursuit, parfois dans la confusion, comme toute bataille. Tout a commencé dans les années 50, avec l'incroyable interdiction du film de Stanley Kubrick, "Les sentiers de la gloire", qui abordait le drame des français fusillés par d'autres français. Il a fallu attendre Lionel Jospin, Premier ministre, pour que la question soit politiquement posée au plus haut niveau de l'Etat, avec la polémique qui a suivi. Bon signe: la vraie mémoire est vivante et fait réagir.

Aujourd'hui, la polémique se poursuit mais se déplace. La manifestation de samedi à Craonne était organisée par la Libre Pensée, la Ligue des Droits de l'Homme, l'Union pacifiste et l'Arac (anciens combattants proche du PCF). L'orientation était donc singulière. Ces organisations se battent pour la "réhabilitation" et reprochent, si j'ai bien compris, au Conseil général d'en rester à la simple "reconnaissance". Quelle différence? La reconnaissance permettrait l'inscription des fusillés sur les monuments aux morts, considérés alors comme des soldats à part entière, des victimes comme les autres. La réhabilitation, je comprends moins, sauf que le terme est symboliquement plus fort. Antoine Crestani, président de l'Arac de l'Aisne, demande que "les fusillés pour l'exemple soient considérés au même titre que les morts pour la France". Pour rajouter à la confusion, le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants est favorable à la réhabilitation, mais au cas par cas.

J'ai un peu de mal à m'y retrouver. Ce que je sais, c'est que la bataille de la mémoire est loin d'être terminée, que des clivages idéologiques insoupçonnés continuent de s'exercer, que l'Histoire n'est pas un sage musée aux étagères bien rangées. N'en déplaise à Xavier Bertrand, qui ne cesse de répéter que l'idéologie est son ennemie. Pour moi et beaucoup d'autres, l'idéologie est notre amie, parce que c'est la vie.


Bonne soirée.

2 Comments:

  • voir sur www.rue89.com un débat hautement intéressant sur le sujet ( j'ai bien peur qu'ici ça ne tourne- comme bien souvent- à la foire d'empoigne)

    By Anonymous Anonyme, at 7:10 AM  

  • C'est à vous de faire en sorte, par vos commentaires éclairés, que ça ne tourne pas à la foire d'empoigne. Quoique la polémique, comme l'idéologie, fassent partie de la vie. Il ne faut donc pas les craindre.

    Merci en tout cas pour la référence.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:27 AM  

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