Le piège du mur.
J'ai bien fait d'attendre la presse d'aujourd'hui et son compte-rendu du conseil municipal avant de vous parler plus complètement de l'affaire du mur. Des choses se sont passées après mon départ, ce que retiennent ce matin les journaux locaux. Des choses assez surprenantes. C'était, vous le savez, le 2ème conseil municipal du mandat et son 1er dossier lourd, la construction du mur entre le stade Debrésie et l'aire d'accueil des gens du voyage. J'avais annoncé que l'opposition serait jugée sur ses réactions face à ce problème. Je n'ai pas été déçu, mais le dénouement a été totalement inattendu. Jugez-en plutôt:
Pierre André, qui avait les moyens de faire passer ce dossier, a décidé de le refiler... à l'opposition, ce que le Courrier Picard appelle un "coup d'éclat" et un "cadeau empoisonné". On ne saurait mieux dire. Après avoir affirmé "Nous avons tout essayé", il a plié devant les critiques de l'opposition, renonçant au mur. C'est bien sûr une ruse, un stratagème, qui n'est pas nouveau. Il y a quelques années, lorsque la conseillère d'opposition Martine Bonvicini avait fait remarqué au maire que Saint-Quentin ne participait pas à la journée sans voiture et que c'était un tort, il avait rétorqué en lui demandant de l'organiser elle-même!
Ces réactions ne sont pas normales, même si elles sont habiles. La majorité doit assumer les responsabilités que lui a confiées la population et ne pas se défausser des dossiers litigieux ou contestables sur l'opposition. C'est une facilité condamnable. L'opposition est là pour s'opposer, c'est-à-dire pour critiquer et proposer, pas pour gérer un problème à la place de la majorité. On peut éventuellement regretter qu'elle ne propose rien, mais on ne peut pas l'obliger à exercer une responsabilité qui n'est pas la sienne. Ou alors, c'est qu'il n'y a plus de distinction entre majorité et opposition, clivage pourtant essentiel au fonctionnement démocratique.
Mais tout cela, Pierre André le sait aussi bien que moi. Il connait son opposition, il veut ruser avec elle. Et celle-ci tombe elle-même dans le piège. Elle aurait dû immédiatement, dans les mêmes termes que je viens de le faire, s'appuyant sur les mêmes principes, dénoncer cette propositions. Jean-Pierre Lançon a essayé manifestement de rattraper le coup, en répondant au maire: "Je ne dis pas que c'est simple, mais avant d'envisager ce mur, je suis prêt à une médiation, avec vous. Allons-y, reprenons le dialogue, ensemble." Trop tard, le piège s'était refermé, Pierre André a refusé, peu ému par cet oecuménisme inattendu et tardif. Sa réplique a été définitive: "Je pense que vous avez toutes les capacités pour régler ce problème, vous qui donnez toujours des leçons". L'ironie signale l'homme qui se réjouit d'avoir jouer un bon tour, un sale tour à l'opposition.
Comment va-t-elle maintenant se sortir de là? Ce sera bingo pour la droite, elle aura fait la démonstration que la gauche ne trouve pas de solution, alors que celle-ci n'est pas en situation d'en trouver, n'exerçant pas le pouvoir. Le dossier reviendra alors entre les mains de la droite triomphante. Qu'est-ce qui a entraîné l'opposition dans ce guêpier? Pas d'abord Pierre André mais elle-même, victime de sa propre virulence. Le maire, trop content et très malin, a sauté sur l'occasion. Olivier Tournay, dans la presse du week-end, avait dénoncé, premier faux pas, premier excès, le "mur de la honte". Puis Carole Berlemont a attaqué durement, en conseil municipal, parlant de provocation et s'estimant choquée, réclamant une solution plus humaine et plus digne, allant jusqu'à expliquer les jets de pierre par le sentiment d'exclusion. Du pain béni pour André, qui est un vieux renard: "Ils n'en veulent pas, eh bien qu'ils se débrouillent", voilà en substance le stratagème, un peu gros, mais assez efficace.
Combien de fois faudra-t-il que je le dise? Avec la droite saint-quentinoise, qui se sait puissante et se croit donc tout permis, il faut jouer au plus fin, au plus malin. Mais pas tomber dans l'opposition frontale, qui donne les conséquences que l'on voit aujourd'hui... dès le premier dossier un peu important. L'opposition ne gagnera en crédibilité, surtout sur des dossiers aussi délicats, que par son travail et ses propositions dans les commissions municipales, pas par des discours d'indignation, aussi légitimes soient-ils, en conseil municipal, mais qui finissent par se retourner contre ceux qui les profèrent.
Bon après-midi.
Pierre André, qui avait les moyens de faire passer ce dossier, a décidé de le refiler... à l'opposition, ce que le Courrier Picard appelle un "coup d'éclat" et un "cadeau empoisonné". On ne saurait mieux dire. Après avoir affirmé "Nous avons tout essayé", il a plié devant les critiques de l'opposition, renonçant au mur. C'est bien sûr une ruse, un stratagème, qui n'est pas nouveau. Il y a quelques années, lorsque la conseillère d'opposition Martine Bonvicini avait fait remarqué au maire que Saint-Quentin ne participait pas à la journée sans voiture et que c'était un tort, il avait rétorqué en lui demandant de l'organiser elle-même!
Ces réactions ne sont pas normales, même si elles sont habiles. La majorité doit assumer les responsabilités que lui a confiées la population et ne pas se défausser des dossiers litigieux ou contestables sur l'opposition. C'est une facilité condamnable. L'opposition est là pour s'opposer, c'est-à-dire pour critiquer et proposer, pas pour gérer un problème à la place de la majorité. On peut éventuellement regretter qu'elle ne propose rien, mais on ne peut pas l'obliger à exercer une responsabilité qui n'est pas la sienne. Ou alors, c'est qu'il n'y a plus de distinction entre majorité et opposition, clivage pourtant essentiel au fonctionnement démocratique.
Mais tout cela, Pierre André le sait aussi bien que moi. Il connait son opposition, il veut ruser avec elle. Et celle-ci tombe elle-même dans le piège. Elle aurait dû immédiatement, dans les mêmes termes que je viens de le faire, s'appuyant sur les mêmes principes, dénoncer cette propositions. Jean-Pierre Lançon a essayé manifestement de rattraper le coup, en répondant au maire: "Je ne dis pas que c'est simple, mais avant d'envisager ce mur, je suis prêt à une médiation, avec vous. Allons-y, reprenons le dialogue, ensemble." Trop tard, le piège s'était refermé, Pierre André a refusé, peu ému par cet oecuménisme inattendu et tardif. Sa réplique a été définitive: "Je pense que vous avez toutes les capacités pour régler ce problème, vous qui donnez toujours des leçons". L'ironie signale l'homme qui se réjouit d'avoir jouer un bon tour, un sale tour à l'opposition.
Comment va-t-elle maintenant se sortir de là? Ce sera bingo pour la droite, elle aura fait la démonstration que la gauche ne trouve pas de solution, alors que celle-ci n'est pas en situation d'en trouver, n'exerçant pas le pouvoir. Le dossier reviendra alors entre les mains de la droite triomphante. Qu'est-ce qui a entraîné l'opposition dans ce guêpier? Pas d'abord Pierre André mais elle-même, victime de sa propre virulence. Le maire, trop content et très malin, a sauté sur l'occasion. Olivier Tournay, dans la presse du week-end, avait dénoncé, premier faux pas, premier excès, le "mur de la honte". Puis Carole Berlemont a attaqué durement, en conseil municipal, parlant de provocation et s'estimant choquée, réclamant une solution plus humaine et plus digne, allant jusqu'à expliquer les jets de pierre par le sentiment d'exclusion. Du pain béni pour André, qui est un vieux renard: "Ils n'en veulent pas, eh bien qu'ils se débrouillent", voilà en substance le stratagème, un peu gros, mais assez efficace.
Combien de fois faudra-t-il que je le dise? Avec la droite saint-quentinoise, qui se sait puissante et se croit donc tout permis, il faut jouer au plus fin, au plus malin. Mais pas tomber dans l'opposition frontale, qui donne les conséquences que l'on voit aujourd'hui... dès le premier dossier un peu important. L'opposition ne gagnera en crédibilité, surtout sur des dossiers aussi délicats, que par son travail et ses propositions dans les commissions municipales, pas par des discours d'indignation, aussi légitimes soient-ils, en conseil municipal, mais qui finissent par se retourner contre ceux qui les profèrent.
Bon après-midi.
8 Comments:
pour résumer, l'opposition est stupide et toi intelligent, car seul, tu destabiliserais la majorité!
trop fort et trop modeste
By Anonyme, at 4:42 PM
Emmanuel, en marge de Saint-Quentin:
PROPOSITIONS D’AMENDEMENTS
TEXTE ORIGINAL (Art. 14) :
Le Parti socialiste est féministe et agit en faveur de l’émancipation des femmes. Il œuvre pour l’égalité entre les femmes et les hommes et la mixité de la société. Il garantit aux femmes, l’accès aux droits fondamentaux (santé, éducation, contraception, IVG), et condamne la marchandisation du corps humain.
Il combat les atteintes à l’intégrité et à la dignité humaines en raison du sexe ou de l’orientation sexuelle.
EXPOSE DES MOTIFS DES AMENDEMENTS :
Nous sommes très inégaux devant l’infertilité dont les causes principales sont l’hérédité et l’exposition aux polluants. L’accès à l’Assistance Médicale à la Procréation est un enjeu majeur en termes de lutte contre les inégalités d’accès aux soins qui est remis en cause par la droite qui voudrait le faire sortir du domaine de la solidarité, voir l’interdire comme en Italie.
La marchandisation du corps humain est un concept très flou et ambigu qui d’une part ne permet pas de lutter contre les dérives que nous condamnons (scandales du sang contaminé et de l’hormone de croissance, prostitution…) et qui d’autre part peut-être détourné pour porter atteinte aux libertés individuelles (dons de produits du corps humain, représentation du corps féminin…). En effet, la marchandisation du corps humain commencerait déjà par le travail (le travail étant le produit du corps).
Nos valeurs socialistes sur cette question sont plus précises et condamnent :
• L’exploitation de la personne humaine
• Le non respect du consentement libre et éclairé avant toute action impliquant le corps humain
• L’atteinte à la dignité de la personne humaine
• L’utilisation à but lucratif du corps humain et de ses parties en tant que tels.
Enfin, toutes ces condamnations ne se limitent pas à l’identité ou l’orientation sexuelle, mais concernent l’ensemble de l’humanité.
AMENDEMENT 1 :
Le Parti socialiste est féministe et agit en faveur de l’émancipation des femmes. Il œuvre pour l’égalité entre les femmes et les hommes et la mixité de la société. Il garantit aux femmes l’accès aux droits fondamentaux (santé, éducation, contraception, IVG, Assistance Médicale à la Procréation).
AMENDEMENT 2 :
Il combat les atteintes à l’intégrité et à la dignité humaines et toute forme d’exploitation de la personne. Il rappelle son attachement inconditionnel au respect du consentement libre et éclairé avant toute action sur le corps humain, et à ce que le corps humain et ses parties ne doivent pas être, en tant que tels, sources de profit.
By jpbb, at 4:48 PM
avant d'amander, tu ferais mieux de prendre ta carte
By Anonyme, at 5:32 PM
avant de faire des commentaires verifie ton orthographe..."amender" et non amander.
By Anonyme, at 5:36 PM
A espiègle:
Vous exagérez un peu. Seul, non, mais avec une opposition vraiment socialiste, adoptant une autre stratégie, oui. Le problème n'est pas psychologique ou moral (la force et la modestie), mais politique.
By Emmanuel Mousset, at 6:55 PM
Au dernier anonyme:
une virgule est nécessaire derrière "commentaire", de plus démarrer une phrase avec une majuscule serait plus judicieux.
Sinon, je suggère à jpbb de prendre effectivement sa carte...àl'UMP evidemment.
By Anonyme, at 9:15 PM
Jpbb, pour parler à EM le contacter à l'adresse suivante: emmanuel.mousset@wanadoo.fr
....et si vous n'avez rien à dire sur le sujet du jour, foutez nous la paix.
By Anonyme, at 9:52 PM
C'est l'histoire d'un troll... etc. :-)
By jpbb, at 10:07 AM
Enregistrer un commentaire
<< Home