L'Aisne avec DSK

25 mai 2008

Sous la plage, les pavés.

Si les adultes ont été modérément mobilisés lors de la manifestation de jeudi dernier, il n'en a pas été de même pour les lycéens. Plus de 300 étaient dans les rues de Saint-Quentin. Même si L'Aisne Nouvelle, sous la plume de Damien Le-Than, a raison de s'étonner de cette mobilisation tardive par rapport à Chauny ou Château-Thierry. Dans le reste de la France, le mouvement lycéen a débuté il y a un mois et demi. Pourquoi seulement maintenant chez nous, dans la ville dont le maire-adjoint est une figure gouvernementale de premier plan?

En vérité, nous sommes confrontés à une préoccupante atonie des forces progressistes. Les réseaux sont largement dévitalisés, parfois passés sous le contrôle de la droite. Ses 60% au bout de 13 ans de pouvoir municipal ne s'expliquent pas autrement. L'usure ne l'a pas touchée, seulement une baisse normale étant donné les circonstances nationales. Tant que la gauche n'aura pas reconstitué ses forces, ses réseaux, elle aura beau faire, elle ne l'emportera pas politiquement, elle se consolera dans la médiocre satisfaction du "c'est pas si mal que ça". Pierre André lui aussi peut se dire la même chose, mais en rigolant. Ce discours de lucidité que je tiens, qui aujourd'hui est prêt à l'entendre vraiment et à en tirer toutes les conséquences?

Dans la commémoration de Mai 68, les partis de gauche n'ont guère été présents. C'est notre histoire, tout de même! La CGT a présenté je crois une exposition à la Bourse du Travail, Jean-Luc Tournay a participé à mon débat au Centre social de Neuville, Lutte Ouvrière et la CFDT étaient présentes à Guise lors de la journée départementale. J'ai entendu dire qu'une sensibilité d'extrême gauche préparait une soirée musicale au Centre social du Vermandois pour la fin du mois. Mais tout ça ne pèse pas très lourd. Cette faiblesse de la gauche est bien sûr ancienne. Ce n'est pas une raison pour s'y soumettre. Au contraire, c'est un motif pour faire changer cette situation.

N'y aurait-il que le MJS, Mouvement des Jeunes Socialistes, qui secoue un peu le cocotier endormi? Il semble bien. En tout cas, l'animateur fédéral, Alexandre Grard, et ses amis sont très actifs, font parler d'eux et entraînent du monde dans la rue. Ne disait-on pas en Mai 68 que la jeunesse sauverait le monde? Ne pourrait-elle pas sauver déjà la gauche saint-quentinoise? Mais le parallèle avec 1968 s'arrête là, malgré le clin d'oeil de L'Aisne Nouvelle dans sa rubrique "Noir sur blanc" de ce week-end. 68 à Saint-Quentin, bien sûr que non, ni nulle part ailleurs. Le mouvement lycéen demande des postes de profs, en 68, la jeunesse contestait l'enseignement, avec ce slogan dont il faut relativiser la violence mais qui exprime le degré et la nature de la contestation d'alors: "Ne dites plus Monsieur le professeur, dites Crève salope!" Le plus turbulent de nos lycéens n'oserait pas aller jusque là.

Non, s'il reste un parfum de Mai 68 ces jours-ci à Saint-Quentin, ce sera plutôt mardi soir, dans l'opération "Immeubles en fête", à l'occasion de la fête des voisins. Rappelez-vous le film de Doyon, L'an 01: parmi les décisions qui changeaient la vie, qui abolissaient le "métro-boulot-dodo", il y avait la visite au voisin, à celui qui est tout près et qu'on ne connaît pas, à qui on n'a rien à dire mais avec lequel on va parler. Ca, c'est 68, la parole libérée. "Parlez à vos voisins" est d'ailleurs un slogan de l'époque. A part ça, je crains que Saint-Quentin ne soit très loin de Mai 68. "Sous les pavés la plage"? Chez nous, chaque été, sur la place de l'Hôtel-de-Ville, il y a une plage artificielle, mais le slogan doit être inversé: Sous la plage, le bitume. Tout un symbole...


Bonne fin d'après-midi.

6 Comments:

  • Non Emmanuel,
    sous la plage de la place de l'hôtel de ville, ce n'est pas le bitume, mais ....
    le parking payant de la Municipalité PC/Lançon !
    Votez pour la gratuité du parking Lançon !
    signez à l'adresse :
    www.gaucherouge.com
    Pierre

    By Anonymous Anonyme, at 8:27 PM  

  • Pierre,

    Je m'étais arrêté au bitume, je n'avais pas creusé plus profond...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:36 PM  

  • trés profond comme d'hab ces reflexions, le parking payant de l'hospital ne touche pas plus que ça nos 2 intervenants...

    By Anonymous Anonyme, at 9:27 PM  

  • Si, le parking payant de l'hôpital me touche autant que le parking payant de la place de l'Hôtel-de-Ville. Et vous, qu'est-ce qui vous touche?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:01 PM  

  • mousse en slip de bain sur la plage de saint quentin, voila ce qui me touche.

    By Anonymous Anonyme, at 10:27 PM  

  • Vous n'êtes pas un homme de goût. Rien ne vaut une plage naturelle. Mais vous êtes peut-être un fan de Xavier, l'inventeur de la plage artificielle?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:10 PM  

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