5 mensonges, 5 vérités.
Le problème de l'Europe, c'est qu'elle est gangrenée par des idées fausses, que tout le monde colporte, y compris parfois des européistes, sans réagir. Il en résulte une opinion publique de plus en plus, et insensiblement, anti-européenne. Ces idées fausses, ces préjugés sont au nombre de cinq, auxquels je vais répondre:
1- L'Europe a le tort d'être une construction exclusivement économique.
C'est faux pour deux raisons:
a- Le point de départ de l'Europe, ce n'est pas l'économie, c'est le désir de paix entre les nations du continent. Voilà un objectif hautement politique.
b- A chaque étape de la construction européenne, il est question de ses valeurs, et pas seulement d'économie. Prenez la Constitution de 2005: les principes moraux et philosophiques étaient nombreux dans le texte du traité.
Et puis, même en supposant que l'Europe s'intéresse prioritairement à l'économie, en quoi serait-ce déshonorant ou négatif? L'économie, c'est aussi une dimension importante dans la vie des sociétés.
2- L'Europe se fait sans les citoyens.
C'est archi-faux. L'Union européenne est hyper-démocratique. Je ne connais aucune construction politique de cette ampleur qui se soit élaborée de façon aussi démocratique. Prenez les Etats-Unis d'Amérique. C'est une grande démocratie, mais qui s'est forgée dans les guerres contre les indiens. L'Europe, à chaque étape de sa construction, passe par des procédures démocratiques, qu'elles soient référendaires ou parlementaires (dans la pure tradition démocratique, l'avis d'un Parlement élu est plus démocratique qu'un référendum de nature plébiscitaire). Je dirais même que l'Europe est trop démocratique, puisque la décision d'un seul pays, l'Irlande, qui ne représente que 1% de la population européenne, suffit à bloquer le processus de ratification du Traité de Lisbonne.
3- L'Europe est rejetée par les peuples.
Non, l'Europe est rejetée par certains peuples, pas par tous. L'Espagne et le Luxembourg, qui valent bien la France et l'Irlande, ont voté oui. Ne mettons donc pas tous les peuples dans le même sac. Au final, si chaque peuple pouvait s'exprimer, je crois que la majorité d'entre eux adhérerait à l'Union européenne.
4- L'Europe est mal aimée par les plus pauvres.
Là encore, profonde erreur. Ce qui est vrai, c'est que les classes populaires ont délaissé l'Europe, parce qu'elles ne voient pas en elle un recours à ses problèmes sociaux (normal, ces questions étant essentiellement réglées au niveau national, et pas européen). Mais cette désaffection existe depuis longtemps, au moins depuis 1992, avec le traité de Maastrich. Le nouveau depuis, c'est le détachement des classes moyennes vis-à-vis de la construction européenne. Et c'est très inquiétant, parce qu'il s'agit là d'un rejet quasi culturel de l'Europe, non pas la défense d'intérêts particuliers qui se sentiraient menacés.
5- Il faut se soumettre à la volonté du peuple et donc abandonner l'Europe telle qu'elle existe.
Non, il faut écouter le peuple, mais ne pas s'y soumettre. Nicolas Sarkozy a obtenu plus de 53% des voix l'an dernier. Est-ce à dire que nous allons tous devenir sarkozistes parce que la majorité électorale en a décidé ainsi? Bien sûr que non. Même raisonnement pour l'Europe. La victoire du non ne doit pas nous conduire à accepter et à adopter le non.
Répétez autour de vous ces cinq vérités, dénoncez ces cinq mensonges, et la cause européenne pourra enfin songer à progresser.
Bonne fin d'après-midi.
1- L'Europe a le tort d'être une construction exclusivement économique.
C'est faux pour deux raisons:
a- Le point de départ de l'Europe, ce n'est pas l'économie, c'est le désir de paix entre les nations du continent. Voilà un objectif hautement politique.
b- A chaque étape de la construction européenne, il est question de ses valeurs, et pas seulement d'économie. Prenez la Constitution de 2005: les principes moraux et philosophiques étaient nombreux dans le texte du traité.
Et puis, même en supposant que l'Europe s'intéresse prioritairement à l'économie, en quoi serait-ce déshonorant ou négatif? L'économie, c'est aussi une dimension importante dans la vie des sociétés.
2- L'Europe se fait sans les citoyens.
C'est archi-faux. L'Union européenne est hyper-démocratique. Je ne connais aucune construction politique de cette ampleur qui se soit élaborée de façon aussi démocratique. Prenez les Etats-Unis d'Amérique. C'est une grande démocratie, mais qui s'est forgée dans les guerres contre les indiens. L'Europe, à chaque étape de sa construction, passe par des procédures démocratiques, qu'elles soient référendaires ou parlementaires (dans la pure tradition démocratique, l'avis d'un Parlement élu est plus démocratique qu'un référendum de nature plébiscitaire). Je dirais même que l'Europe est trop démocratique, puisque la décision d'un seul pays, l'Irlande, qui ne représente que 1% de la population européenne, suffit à bloquer le processus de ratification du Traité de Lisbonne.
3- L'Europe est rejetée par les peuples.
Non, l'Europe est rejetée par certains peuples, pas par tous. L'Espagne et le Luxembourg, qui valent bien la France et l'Irlande, ont voté oui. Ne mettons donc pas tous les peuples dans le même sac. Au final, si chaque peuple pouvait s'exprimer, je crois que la majorité d'entre eux adhérerait à l'Union européenne.
4- L'Europe est mal aimée par les plus pauvres.
Là encore, profonde erreur. Ce qui est vrai, c'est que les classes populaires ont délaissé l'Europe, parce qu'elles ne voient pas en elle un recours à ses problèmes sociaux (normal, ces questions étant essentiellement réglées au niveau national, et pas européen). Mais cette désaffection existe depuis longtemps, au moins depuis 1992, avec le traité de Maastrich. Le nouveau depuis, c'est le détachement des classes moyennes vis-à-vis de la construction européenne. Et c'est très inquiétant, parce qu'il s'agit là d'un rejet quasi culturel de l'Europe, non pas la défense d'intérêts particuliers qui se sentiraient menacés.
5- Il faut se soumettre à la volonté du peuple et donc abandonner l'Europe telle qu'elle existe.
Non, il faut écouter le peuple, mais ne pas s'y soumettre. Nicolas Sarkozy a obtenu plus de 53% des voix l'an dernier. Est-ce à dire que nous allons tous devenir sarkozistes parce que la majorité électorale en a décidé ainsi? Bien sûr que non. Même raisonnement pour l'Europe. La victoire du non ne doit pas nous conduire à accepter et à adopter le non.
Répétez autour de vous ces cinq vérités, dénoncez ces cinq mensonges, et la cause européenne pourra enfin songer à progresser.
Bonne fin d'après-midi.
3 Comments:
Les peuples ne recouvrent pas exactement la notion de construction européenne qui concerne les États. Tu as sur la frontière les Catalans et les Basques dont une partie est espagnole et l'autre française. Se référer aux peuples est donc une notion frauduleuse, au minimum il faut parler de nations.
Nous avons donc l'empilement suivant, l'individu qui fait partie d'un peuple de par sa culture et son appartenance, c'est donc identitaire, les peuples définissent des nations, plusieurs peuples, Corses bretons alsaciens lorrains comme en France se mélangeant forment une nation, la nation française, qui par le biais de la Loi constitue un État. Les États européens en s'unissant sont dans la construction européenne, concept à géométrie variable, évoluant selon les besoins et les circonstances. Les individus dans le cadre de l'État deviennent des citoyens.
Il faut toujours se méfier quand on en appelle directement à la volonté des peuples concernant l'Europe. C'est en général pour leur planter un coup de couteau dans le dos.
C'est en fait un archaïsme venant aussi bien de l'extrême droite que de l'extrême gauche, qui en s'affranchissant du pouvoir légitime démocratiquement mis en place et incarné par l'État, manipule par ce biais l'opinion publique et les individus, niant du coup les citoyens. Une politique non pas basée sur la raison, mais sur la passion.
By jpbb, at 11:13 AM
La grande affaire de l'Europe, dont personne n'ose parler tellement elle est explosive, c'est la disparition des nations. Pour le dire brutalement (ce serait donc à nuancer): il faut que la France meurt pour que l'Europe vive. Nous avons besoin d'une radicalité européenne. Sinon, rien n'avancera.
By Emmanuel Mousset, at 12:21 PM
Faut la faire mourir à petit feu alors, et le plus tard possible, que cela ne nous empêche pas en attendant de faire évoluer le bien-être pour tous, et l'augmentation de l'autonomie pour chacun. Ce sont des solutions réelles que les citoyens des différentes nations européennes attendent de la construction européenne. C'est à nous de les décrire et d'expliciter comment on les mettra pour de vrai en place.
By jpbb, at 1:21 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home