Chagrin d'école.
Bonsoir à toutes et à tous.
Je ne sais pas chez vous, mais chez moi, à Saint-Quentin, il fait très, très chaud. A mes collègues qui ont le nez dans leurs paquets de copies du bac, j'invite à faire un break, et de méditer, en ma compagnie, quelques pensées bien senties de Daniel Pennac, dont je viens de lire "Chagrin d'école", paru en décembre 2007, ayant eu le prix Renaudot et un beau succès de librairie. J'ai trouvé mon exemplaire par hasard. Où ça? Bien sûr dans la bibliothèque de mon lycée...
L'ouvrage a plu aux enseignants, parce que Pennac ne se plaint pas, est heureux dans sa peau et sa tête de prof. Ca nous change des témoignages geignards sur la vie au sein de l'Education Nationale! Les anciens élèves que sont tous les Français ont aimé parce que Pennac s'avoue cancre, mais un cancre qui est devenu prof! Voilà qui rassure tout un chacun sur lui-même et sur ses enfants: on peut être mauvais élève et réussir dans la vie, devenir même bon enseignant. Formidable, n'est-ce pas!
Le style Pennac est fait d'aphorismes nettement repérables. Je vous en cite quelques-uns, en guise d'apéritif (il fait tellement chaud):
"Tout le mal qu'on dit de l'école nous cache le nombre d'enfants qu'elle a sauvés des tares, des préjugés, de la morgue, de l'ignorance, de la bêtise, de la cupidité, de l'immobilité ou du fatalisme des familles." (p. 26) Très juste.
"On ne peut pas imaginer Sisyphe heureux avec un paquet de copies!" (p. 61) Non, non et non, corriger les copies, c'est notre boulot, et tout le métier me plaît: moi, j'aime ça, corriger les copies.
"C'est cela, enseigner: c'est recommencer jusqu'à notre nécessaire disparition de professeur." (p.70) Tellement vrai.
"Ce n'est pas rien, une année de scolarité fichue: c'est l'éternité dans un bocal." (p.71) Une pensée qui me laisse perplexe...
"La première qualité d'un professeur, c'est le sommeil. Le bon professeur est celui qui se couche tôt." (p.135) Aïe, je me couche tard!
"Si leurs marques étaient des médailles, les gosses de nos rues sonneraient comme des généraux d'opérette." (p.234) Oh que oui!
"Paradoxe de l'enseignement gratuit hérité de Jules Ferry, l'école de la République reste aujourd'hui le dernier lieu de la société marchande où l'enfant client doive payer de sa personne, se plier au donnant-donnant: du savoir contre du travail, des connaissances contre des efforts, l'accès à l'universalité contre l'exercice solitaire de la réflexion, une vague promesse d'avenir contre une pleine présence scolaire, voilà ce que l'école exige de lui." (p.292) Bien vu.
Lisez, réfléchissez, retenez... et retournez à vos copies.
Bonne soirée.
Je ne sais pas chez vous, mais chez moi, à Saint-Quentin, il fait très, très chaud. A mes collègues qui ont le nez dans leurs paquets de copies du bac, j'invite à faire un break, et de méditer, en ma compagnie, quelques pensées bien senties de Daniel Pennac, dont je viens de lire "Chagrin d'école", paru en décembre 2007, ayant eu le prix Renaudot et un beau succès de librairie. J'ai trouvé mon exemplaire par hasard. Où ça? Bien sûr dans la bibliothèque de mon lycée...
L'ouvrage a plu aux enseignants, parce que Pennac ne se plaint pas, est heureux dans sa peau et sa tête de prof. Ca nous change des témoignages geignards sur la vie au sein de l'Education Nationale! Les anciens élèves que sont tous les Français ont aimé parce que Pennac s'avoue cancre, mais un cancre qui est devenu prof! Voilà qui rassure tout un chacun sur lui-même et sur ses enfants: on peut être mauvais élève et réussir dans la vie, devenir même bon enseignant. Formidable, n'est-ce pas!
Le style Pennac est fait d'aphorismes nettement repérables. Je vous en cite quelques-uns, en guise d'apéritif (il fait tellement chaud):
"Tout le mal qu'on dit de l'école nous cache le nombre d'enfants qu'elle a sauvés des tares, des préjugés, de la morgue, de l'ignorance, de la bêtise, de la cupidité, de l'immobilité ou du fatalisme des familles." (p. 26) Très juste.
"On ne peut pas imaginer Sisyphe heureux avec un paquet de copies!" (p. 61) Non, non et non, corriger les copies, c'est notre boulot, et tout le métier me plaît: moi, j'aime ça, corriger les copies.
"C'est cela, enseigner: c'est recommencer jusqu'à notre nécessaire disparition de professeur." (p.70) Tellement vrai.
"Ce n'est pas rien, une année de scolarité fichue: c'est l'éternité dans un bocal." (p.71) Une pensée qui me laisse perplexe...
"La première qualité d'un professeur, c'est le sommeil. Le bon professeur est celui qui se couche tôt." (p.135) Aïe, je me couche tard!
"Si leurs marques étaient des médailles, les gosses de nos rues sonneraient comme des généraux d'opérette." (p.234) Oh que oui!
"Paradoxe de l'enseignement gratuit hérité de Jules Ferry, l'école de la République reste aujourd'hui le dernier lieu de la société marchande où l'enfant client doive payer de sa personne, se plier au donnant-donnant: du savoir contre du travail, des connaissances contre des efforts, l'accès à l'universalité contre l'exercice solitaire de la réflexion, une vague promesse d'avenir contre une pleine présence scolaire, voilà ce que l'école exige de lui." (p.292) Bien vu.
Lisez, réfléchissez, retenez... et retournez à vos copies.
Bonne soirée.
9 Comments:
quel est cet étrange phénoméne qui fait que les profs ont des mégas états d'âme et les élèves aussi .
pour avoir monté un clash entre les deux parties .
je suis horrifiée , lorsque mon fils 3éme doit ABSOLUMENT savoir ce qu'il fera pus tard .
Qui connait l'avenir ?
qu'est ce qui a fait que même ces supers moments ( enfance adolescence,jeune adulte) deviennent du brin .
j'étais une bonne élève, curieuse et avide de découvrir les matières , les pistes que l'on me donnait . énormes problémes de discipline mais qui ne m'empéchait pas de tirerla substantifique moelle des éléments qui m'étaient communiqués par la voie des profs, lesquels étaiet suffisamment intelligents pour ne pas juger mon attitude mais ce que je vallais . Par contre, les profs : rien à branler quant à leur statut de prof : compétence, rigueur, intelligence et personnalité, voilà ce qui me plaisait. val
By Anonyme, at 11:21 AM
Val,
Pennac n'est pas du genre "états d'âme", et moi non plus! Son livre est plutôt le témoignage d'un prof sur un métier dont on parle beaucoup et qu'on connait finalement très mal. C'est pourquoi j'ai idée d'ouvrir en septembre un blog sur mon modeste destin de prof de philo. Ca pourrait être utile et intéressant.
By Emmanuel Mousset, at 12:41 PM
L education nationale question politique majeurez
ce que j en perçois de l 'exterieur me plonge dans une grande perpléxité; certains enseignants restent etrangement ignorants de la réalité professionnelle ou vont evoluer les jeunes par eux formés. Pennac un heros de la culture"prof"
By yvesgerin, at 2:56 PM
à lire dans le parisien
« Clients ou partenaires ? » A la question initiale de son étude, Georges Fotinos apporte cette réponse catégorique : « On est loin du partenariat, alors qu'il n'y a pas de réussite scolaire sans coopération. » Du coup, les parents se comportent comme des clients... mécontents.
http://www.leparisien.fr/home/info/vivremieux/articles/IL-FAUT-RECONCILIER-LES-PARENTS-ET-LES-PROFS_298587827
By grandourscharmant, at 9:44 PM
Les enseignants râlent. A la fois contre les parents jugés « démissionnaires » et contre ceux qui voudraient se mêler de tout, y compris de leur façon de faire classe.
les parents trop absent ou trop présent finalement ?
By grandourscharmant, at 9:45 PM
Les parents qui sont absents sont ceux qui devraient être présents. Et certains qui sont présents feraient mieux d'être absents.
By Emmanuel Mousset, at 12:07 AM
prenez un peu de hauteur
ça vous évitera de dire n'importe quoi
http://fr.news.yahoo.com/rtrs/20080626/tsc-astronomie-mars-011ccfa.html
By grandourscharmant, at 11:08 AM
ça doit etre dur d'etre prof quand meme, je vous plains
tout le monde est contre vous
il n'y a que des méchants, qui ne pense rien qu'à vous embeter.
partant du principe qu'il y a des parents démissionnaires et que certains enseignants sont eux meme parents
trouve t on chez les enseignants des parents démissionnaires où sont ils épargnés par ce fléau ?
pareil pour les parents trop interventionnistes.
By grandourscharmant, at 12:30 PM
A GOC:
Pouvez-vous mettre fin, s'il vous plaît, à votre charabia psychologisant et moraliste?
By Emmanuel Mousset, at 9:48 PM
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