Films et lectures.
Bonjour à toutes et à tous.
Par ce beau dimanche, je veux consacrer mon premier billet à un thème dominical, mes derniers films et lectures. Mais vous allez voir, je ne quitte pas la politique...
J'ai revu cette nuit (je me suis mis à l'horaire Bertrand, j'ai dormi seulement cinq heures) un film très années 70, qui m'a rappelé les ciné-clubs de mon adolescence: Z, de Costa-Gavras, avec Montand. Un film qui a un peu vieilli mais qui tient encore le coup et se laisse regarder avec plaisir. Le cinéma politique est un genre difficile, qui tourne vite à la propagande. Costa-Gavras est, je crois, l'inventeur du cinéma politique grand public. Et c'est pas mal réussi. Cinéaste de gauche, mais surtout cinéaste réformiste: il dénonce les dictatures d'Amérique du Sud et le rôle de la CIA (Etat de siège), la Grèce des colonels (Z), le goulag soviétique (L'aveu), le régime de Vichy (Sections spéciales) mais ne prône jamais une posture révolutionnaire. Ses héros, ce sont des hommes de droit, avocats, juges, des pacifistes, pas des guerilleros.
Autre film: Hoffa, de Dany DeVito, avec un Nicholson méconnaissable dans son rôle de leader syndicaliste des camionneurs américains soutenu par la Mafia. Drôle de syndicalisme, à la fois efficace, social et délinquant. Je pense alors à Xavier Bertrand, qui récuse "l'idéologie" et veut mettre du "pragmatisme" partout. Hoffa lui aussi est un pragmatique, qui se scandalise d'être soupçonné de communisme. Mais on voit bien ici les limites d'un syndicalisme purement corporatiste, donc ouvert aux pires déviances. Contre Bertrand, je soutiens que l'idéologie est nécessaire à la politique et à la vie.
Mes lectures maintenant, philosophiques d'abord: je viens de découvrir un philosophe pourtant classique, connu, encore vivant et très âgé, Pierre Hadot, au parcours atypique puisqu'il a commencé prêtre puis a quitté la religion pour l'étude des philosophies antiques, sans passer par l'agrégation. Sa thèse, passionnante: les philosophes, en particulier ceux de l'Antiquité, n'ont pas construit des systèmes abstraits mais ont proposé des "exercices spirituels" pour changer leur vie. Ainsi, selon Hadot, la philosophie est moins une activité théorique que pratique. Evidemment, la notion d' "exercices spirituels" pour qualifier les écrits philosophiques est sujette à discussion, rappelant plus la méditation religieuse que la réflexion métaphysique.
Mais la thèse d'Hadot se défend. En étudiant de près les textes anciens, en les remettant dans leur contexte, en restituant leur sens exact, on se sent porté vers son hypothèse. Bref, lisez vite La philosophie comme manière de vivre, paru chez Albin Michel en 2001. La lecture est très abordable et très agréable, les idées sont stimulantes. Pour les Saint-Quentinois, l'ouvrage est disponible à la bibliothèque municipale. J'ai le sentiment que Pierre Hadot va être ma lecture de l'été. J'ai passé commande, au lycée, de ses ouvrages principaux (dont une étude sur Marc-Aurèle et mes chers stoïciens). A coup sûr, je vous en reparlerai en juillet-août.
Dernière lecture, un cran très en dessous, bien sûr: Deception Point, de Dan Brown, chez JC Lattès, 2006. Tout le monde connait son DaVinci Code, que j'ai aimé, mais moyennement. Anges et Démons, j'ai abandonné au bout de 100 pages. Deception Point est son roman le moins connu et pourtant le plus intéressant. C'est de la littérature populaire très bien faite. Je vous raconte: une météorite est découverte dans les glaces de l'Arctique, dans laquelle se trouvent... des traces de vie sous forme d'insectes fossilisés. En réalité, il s'agit d'une supercherie à finalité politique. L'enjeu: l'avenir de la NASA, partagé entre maintien de l'établissement public, privatisation de la conquête spatiale ou inclusion de l'agence dans l'armée. Comme quoi même la littérature populaire peut conduire à la réflexion politique...
Bonne fin de matinée.
Par ce beau dimanche, je veux consacrer mon premier billet à un thème dominical, mes derniers films et lectures. Mais vous allez voir, je ne quitte pas la politique...
J'ai revu cette nuit (je me suis mis à l'horaire Bertrand, j'ai dormi seulement cinq heures) un film très années 70, qui m'a rappelé les ciné-clubs de mon adolescence: Z, de Costa-Gavras, avec Montand. Un film qui a un peu vieilli mais qui tient encore le coup et se laisse regarder avec plaisir. Le cinéma politique est un genre difficile, qui tourne vite à la propagande. Costa-Gavras est, je crois, l'inventeur du cinéma politique grand public. Et c'est pas mal réussi. Cinéaste de gauche, mais surtout cinéaste réformiste: il dénonce les dictatures d'Amérique du Sud et le rôle de la CIA (Etat de siège), la Grèce des colonels (Z), le goulag soviétique (L'aveu), le régime de Vichy (Sections spéciales) mais ne prône jamais une posture révolutionnaire. Ses héros, ce sont des hommes de droit, avocats, juges, des pacifistes, pas des guerilleros.
Autre film: Hoffa, de Dany DeVito, avec un Nicholson méconnaissable dans son rôle de leader syndicaliste des camionneurs américains soutenu par la Mafia. Drôle de syndicalisme, à la fois efficace, social et délinquant. Je pense alors à Xavier Bertrand, qui récuse "l'idéologie" et veut mettre du "pragmatisme" partout. Hoffa lui aussi est un pragmatique, qui se scandalise d'être soupçonné de communisme. Mais on voit bien ici les limites d'un syndicalisme purement corporatiste, donc ouvert aux pires déviances. Contre Bertrand, je soutiens que l'idéologie est nécessaire à la politique et à la vie.
Mes lectures maintenant, philosophiques d'abord: je viens de découvrir un philosophe pourtant classique, connu, encore vivant et très âgé, Pierre Hadot, au parcours atypique puisqu'il a commencé prêtre puis a quitté la religion pour l'étude des philosophies antiques, sans passer par l'agrégation. Sa thèse, passionnante: les philosophes, en particulier ceux de l'Antiquité, n'ont pas construit des systèmes abstraits mais ont proposé des "exercices spirituels" pour changer leur vie. Ainsi, selon Hadot, la philosophie est moins une activité théorique que pratique. Evidemment, la notion d' "exercices spirituels" pour qualifier les écrits philosophiques est sujette à discussion, rappelant plus la méditation religieuse que la réflexion métaphysique.
Mais la thèse d'Hadot se défend. En étudiant de près les textes anciens, en les remettant dans leur contexte, en restituant leur sens exact, on se sent porté vers son hypothèse. Bref, lisez vite La philosophie comme manière de vivre, paru chez Albin Michel en 2001. La lecture est très abordable et très agréable, les idées sont stimulantes. Pour les Saint-Quentinois, l'ouvrage est disponible à la bibliothèque municipale. J'ai le sentiment que Pierre Hadot va être ma lecture de l'été. J'ai passé commande, au lycée, de ses ouvrages principaux (dont une étude sur Marc-Aurèle et mes chers stoïciens). A coup sûr, je vous en reparlerai en juillet-août.
Dernière lecture, un cran très en dessous, bien sûr: Deception Point, de Dan Brown, chez JC Lattès, 2006. Tout le monde connait son DaVinci Code, que j'ai aimé, mais moyennement. Anges et Démons, j'ai abandonné au bout de 100 pages. Deception Point est son roman le moins connu et pourtant le plus intéressant. C'est de la littérature populaire très bien faite. Je vous raconte: une météorite est découverte dans les glaces de l'Arctique, dans laquelle se trouvent... des traces de vie sous forme d'insectes fossilisés. En réalité, il s'agit d'une supercherie à finalité politique. L'enjeu: l'avenir de la NASA, partagé entre maintien de l'établissement public, privatisation de la conquête spatiale ou inclusion de l'agence dans l'armée. Comme quoi même la littérature populaire peut conduire à la réflexion politique...
Bonne fin de matinée.
8 Comments:
Le lecteur lui dispose d'un appareil psychique qui est lié à son époque, et donc quand il tente de placer un texte dans son contexte, il impose de ce fait une grille de lecture actuelle. Dis autrement, on ne retrouve jamais le sens exact d'un texte initial, car le cadre dans lequel on le lis, et donc où on l'interprète est variable. Le sens d'un texte jaillit dans l'esprit du lecteur et n'est jamais inclus dans le texte lui-même. Un texte est vivant quand un esprit l'interprète.
By jpbb, at 1:15 PM
si il y a un livre qui porte bien son titre,c'est deception point . au ciné on appélerait ça un navet.Dan brown avait écrit ce 1er livre sans succés et avait négocié la réédition de ce livre.
Ange et démons par contre nous apprenait le fonctionnement du vatican et rien que pour ça il y avait un intérêt.
MAIS dis nous, cher EM, fête de la musique oblige, quel est le dernier groupe ou chanteur que tu as écouté. VAL
By Anonyme, at 2:54 PM
VAL me provoque, une fois encore. Elle sait que je ne suis pas mélomane.
Quant à Dan Brown, son bouquin n'est pas si navet que ça. Ou alors, c'est un joli navet. Et le fonctionnement de la NASA vaut bien le fonctionnement du Vatican.
By Emmanuel Mousset, at 3:40 PM
J'ai une profonde admiration pour un prof de latin, qui a pris goût à la technique, et ses livres portant sur l'informatique sont délicieux. C'est avec son aide que j'ai appris à programmer:
http://www.tidbits.com/matt/
Quand tu vois tout ce qu'il a réussi à produire, on peut en conclure que tout est possible. ;-)
L'intérêt de l'informatique, c'est que cela t'oblige à une écriture précise.
Voilà par exemple un programme simpliste :
*** Depart ***
ligne 1 --- Aller ligne deux
ligne 2 --- Aller ligne un
*** Fin ***
Par convention, le programme commence à *** Depart *** et se termine à *** Fin ***. En programmation tout le vocabulaire est défini avec précision, et la machine suit le programme ligne par ligne, elle commence à *** Depart *** et quand elle tombe sur la ligne *** Fin *** elle a fini son travail.
Entre la machine et le programme, il y a l'utilisateur qui l'a écrit, et qui tente de faire faire à la machine une suite d'opération précise. Mais quand on programme, c'est incroyable le nombre de bugs que l'on peut inventer. Dans le cas qui nous préoccupe, tu constates que l'on n’arrive JAMAIS à la ligne *** Fin ***
On a un très bel exemple de boucle infinie. Celle du genre qui bloque la machine, l'écran bleu de Windows est célèbre. Pour comprendre le problème et trouver la solution, il faut que la personne réfléchisse, et suive pas à pas le déroulement du programme pour voir où se situe le bug pour l'éradiquer. Quand elle l'aperçoit, une petite lumière s'allume dans son cerveau, et c'est là qu'elle annonce "Ça y est, j'ai compris, où se situe le problème ". À ce moment, tout se met en perspective, et le contenu (le programme), et le contenant (la machine et le langage utilisé) ont seulement servi de support à la lueur de compréhension, donc au sens qui se situe dans le cerveau même de la personne.
C'est généralisable à n'importe quel texte. Son sens n'apparaît que dans l'esprit du lecteur, après avoir pris naissance dans celui qui l'a composé. Mais il faut alors tenir compte du changement de cadre, ce n'est en général ni dans le même contexte, ni à la même époque, ni par la même personne que l'écriture et la lecture transitent.
By jpbb, at 4:13 PM
Il a encore bien fumé le Jean Pierre!...
Voila un autre exemple de programme simplissime:
***Départ****
ligne 1 tu vas la fermer
ligne 2 ferme la maintenant
ligne 3 prends ton cachet et monte dans ta chambre
***Fin***
Essaye , tu peux le faire , tu vas réussir.
By Anonyme, at 9:41 PM
Attention, pas d'incitation au cannabis sur ce blog, c'est interdit par la loi!
By Emmanuel Mousset, at 10:55 PM
Trois lignes, trois bugs.
Quand on programme, on ne boit pas, ne fume pas, et on évite les cachets. Manifestement, tu l'ignores.
By jpbb, at 11:34 PM
Alors c'est encore plus grave!
By Anonyme, at 1:46 PM
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