A quoi jouent-ils?

Bonsoir à toutes et à tous.

Avez-vous suivi le nouveau "couac" du gouvernement? C'était hier, dans le Journal du Dimanche, qui annonçait quelque chose de très inquiétant: les heures supplémentaires (toujours elles!) pourraient être, dans les négociations au sein de l'entreprise, majorées de 10% seulement, au lieu des 25% garantis aujourd'hui nationalement. Rien de surprenant: c'est la logique, je dirais même la révolution Bertrand. Les avantages sociaux des salariés vont être discutés au niveau de l'entreprise, c'est-à-dire, n'en doutons pas, détruits. Notre idéologue en chef a choisi: Plutôt que le dialogue social, faire plaisir à l'UMP dont il est le secrétaire général-adjoint, ne l'oubliez jamais. Bref, détruire ces 35 heures que Bertrand et toute la droite détestent tant.

Sauf que, en ce dimanche où Xavier Bertrand arpentait les allées du rassemblement axonais de l'UMP à Barisis-aux-Bois, en compagnie de Pierre André et de Jean-Pierre Raffarin, il a démenti l'information du JDD. Et François Fillon a suivi dans la même voie. Alors quoi, que se passe-t-il? Le JDD est-il mal informé ou malveillant? C'est une hypothèse, à laquelle pourtant je ne souscris pas. Et pourquoi? Parce que la logique Bertrand, tout ramener au niveau de l'entreprise, conduit à ça, à négocier le taux de rémunération des heures supp à l'intérieur des boîtes. Ce qui serait socialement une catastrophe. Bertrand le sent, puisqu'il dément.

Mais celui qui sait le fin mot de cette histoire louche de "couacs" à répétition sur les 35 heures, c'est François Chérèque. A propos de la fixation du taux des heures supp au niveau de l'entreprise, il affirme: "Le Premier ministre nous dit qu'il n'a jamais réfléchi à ça alors qu'il nous a demandé de négocier là-dessus..." En vérité, nous sommes dans une partie de poker menteur. Le gouvernement sait où il va mais ne le dit pas, parce que c'est politiquement trop risqué. La destruction des 35 heures se fera en douce, telle est la ligne Bertrand-Sarkozy. Cependant, Chérèque ne désarme pas. Il a demandé hier au gouvernement de dissocier la représentativité syndicale et le temps de travail, pour l'instant confondus dans une même loi. Il a exhorté le pouvoir à reprendre le chemin du dialogue. Vous voulez parier? Bertrand répondra non.

Fillon, Bertrand, Sarkozy, sur les 35 heures, à quoi jouent-ils? Je l'ignore, mais ce n'est pas un franc jeu. Et Jacques Julliard, dans le Nouvel Observateur de cette semaine, a raison de s'étonner qu'on présente Bertrand comme un "bon négociateur". Non, c'est le serviteur zélé de Sarkozy, le destructeur des 35 heures. Qu'il fasse attention: Les valets disparaissent parfois avec leurs maîtres, dans un même élan de désapprobation de l'opinion.


Bonne soirée.