Les carpes et les lapins.
Bonsoir à toutes et à tous.
"Les carpes et les lapins", ça pourrait être une fable de La Fontaine. C'est l'expression que j'ai entendue le plus souvent lors de la journée des Reconstructeurs à Paris. Mais détournée de son sens péjoratif, renvoyée ironiquement à l'attention des mauvaises langues qui ont ainsi qualifié le rassemblement d'aujourd'hui entre strauss-kahniens et fabiusiens, partisans d'Aubry et de Montebourg, avec dans la salle des observateurs du NPS d'Hamon et Emmanuelli. Bref, que du beau monde! Et quelques surprises sans lesquelles il n'y a pas de bonne réunion:
Les poperénistes étaient là, pas effarouchés de se retrouver au milieu de sociaux-démocrates. J'ai apercu (nous étions un bon millier) Vidalies et Maurel. Même Lienneman était de la partie, Laignel idem. L'état-major fabiusien était au grand complet, Bartolone et Weber au premier rang. Laurent n'était attendu qu'au déjeuner, il a fait une entrée très étudiée, sous des applaudissements nourris, en fin de matinée. Je craignais que Moscovici, qu'on disait fâché avec cette initiative, ne vienne pas: il était là et s'est proclamé lui aussi "reconstructeur". Il ne manquait finalement que DSK! Mais Washington, c'est un peu loin...
Ce que je retiens d'abord de ce genre de rencontre, ce sont les formidables numéros d'orateurs. Je sais que certains camarades s'en agacent, dénoncent les "égos". C'est idiot, c'est de la jalousie mal placée. Quelqu'un qui parle bien, qui fait passer un message, ça n'est pas donné à tout le monde, c'est un art, ça m'a toujours fasciné. Fabius clair, précis, efficace, Montebourg lyrique, astucieux, Cambadélis éloquent, puissant, Weber passionné, structuré, Aubry faisant vibrer la corde sensible, et bien d'autres, excellents. Ce n'est pas que ça mais c'est d'abord ça la politique: parler et savoir parler. Je me suis régalé. Et je me suis mis, moi aussi, à l'école des grands, en faisant une petite intervention sur la réforme des statuts et le cumul des mandats, qui m'a valu quelques applaudissements. On y a tous droit, n'est-ce pas?
Sur le fond, ce rassemblement très réussi a incontestablement une dimension "historique" dans l'histoire du Parti. Tant de courants, qui s'affrontaient il n'y a pas si longtemps, aujourd'hui discutaient, échangeaient et trouvaient des convergences. Ca devrait être banal entre socialistes, et pourtant ce n'est pas si fréquent. Fabius et DSK à la même tribune, parlant dans le même sens, ça remonte, si ma mémoire est bonne, à 2004, dans les sous-sols de l'Assemblée Nationale, lors d'une rencontre en vue de préparer le congrès de Dijon, confrontés que nous étions à l'offensive du NPS de Peillon et Montebourg. C'était il y a 4 ans seulement, une autre époque! C'est fou comme les situations peuvent en politique changer. C'est pourquoi rien n'y est jamais définitif et désespérant. Après tout, il y a 4 ans, un fabiusien était un social-démocrate, un moderniste, pas très éloigné d'un strauss-kahnien. Pour les fabiusiens, n'assiste-t-on pas à un retour aux origines, cette gauche moderne qu'a voulu incarner Fabius depuis 1984?
Pendant la réunion, pris par son état d'esprit, observant les uns et les autres intervenir sans acrimonie, je n'ai pu m'empêcher de penser à Saint-Quentin, où un tel brassage d'idées, une telle ouverture aux autres semblent absolument impossibles. Et c'est pourtant ce que j'ai voulu, à l'automne 2007, en appelant au rassemblement des courants en vue des municipales, afin de mettre de côté nos différends et rechercher ensemble une candidature unanime, tentative qui a lamentablement échoué. Un jour, j'en suis sûr, cet esprit qui a soufflé à Paris viendra sur Saint-Quentin. Mais quand?
Quant aux Reconstructeurs, quel sera leur destin? Je ne sais pas ce que deviendront ces carpes et ces lapins, mais ils pèseront, c'est certain, sur le congrès et l'avenir du PS. Martine Aubry, qui était, sans doute volontairement, la dernière intervenante, a été la plus applaudie, notamment quand elle a cité toutes les réformes accomplies par le PS, afin de nous redonner la fierté, parfois oubliée, d'être socialiste. Je crois que tout est là, et c'est aussi mon combat saint-quentinois: la fierté d'être socialiste, contre tous ceux, à l'extrême gauche, qui n'ont jamais cessé de nous culpabiliser, hélas avec succès, tous ceux qui nous font croire qu'ils sont beaucoup plus à gauche que nous.
Deux idées m'ont semblé prometteuses: la construction d'un grand parti de toute la gauche, d'une grande organisation qui rassemble tous les réformistes face à l'extrême gauche; l'instauration de primaires pour choisir notre candidat à la présidentielle. Et maintenant, reparlons de tout ça... dans l'Aisne! Carpes et lapins de tout le département, réunissez-vous!
Bonne soirée.
"Les carpes et les lapins", ça pourrait être une fable de La Fontaine. C'est l'expression que j'ai entendue le plus souvent lors de la journée des Reconstructeurs à Paris. Mais détournée de son sens péjoratif, renvoyée ironiquement à l'attention des mauvaises langues qui ont ainsi qualifié le rassemblement d'aujourd'hui entre strauss-kahniens et fabiusiens, partisans d'Aubry et de Montebourg, avec dans la salle des observateurs du NPS d'Hamon et Emmanuelli. Bref, que du beau monde! Et quelques surprises sans lesquelles il n'y a pas de bonne réunion:
Les poperénistes étaient là, pas effarouchés de se retrouver au milieu de sociaux-démocrates. J'ai apercu (nous étions un bon millier) Vidalies et Maurel. Même Lienneman était de la partie, Laignel idem. L'état-major fabiusien était au grand complet, Bartolone et Weber au premier rang. Laurent n'était attendu qu'au déjeuner, il a fait une entrée très étudiée, sous des applaudissements nourris, en fin de matinée. Je craignais que Moscovici, qu'on disait fâché avec cette initiative, ne vienne pas: il était là et s'est proclamé lui aussi "reconstructeur". Il ne manquait finalement que DSK! Mais Washington, c'est un peu loin...
Ce que je retiens d'abord de ce genre de rencontre, ce sont les formidables numéros d'orateurs. Je sais que certains camarades s'en agacent, dénoncent les "égos". C'est idiot, c'est de la jalousie mal placée. Quelqu'un qui parle bien, qui fait passer un message, ça n'est pas donné à tout le monde, c'est un art, ça m'a toujours fasciné. Fabius clair, précis, efficace, Montebourg lyrique, astucieux, Cambadélis éloquent, puissant, Weber passionné, structuré, Aubry faisant vibrer la corde sensible, et bien d'autres, excellents. Ce n'est pas que ça mais c'est d'abord ça la politique: parler et savoir parler. Je me suis régalé. Et je me suis mis, moi aussi, à l'école des grands, en faisant une petite intervention sur la réforme des statuts et le cumul des mandats, qui m'a valu quelques applaudissements. On y a tous droit, n'est-ce pas?
Sur le fond, ce rassemblement très réussi a incontestablement une dimension "historique" dans l'histoire du Parti. Tant de courants, qui s'affrontaient il n'y a pas si longtemps, aujourd'hui discutaient, échangeaient et trouvaient des convergences. Ca devrait être banal entre socialistes, et pourtant ce n'est pas si fréquent. Fabius et DSK à la même tribune, parlant dans le même sens, ça remonte, si ma mémoire est bonne, à 2004, dans les sous-sols de l'Assemblée Nationale, lors d'une rencontre en vue de préparer le congrès de Dijon, confrontés que nous étions à l'offensive du NPS de Peillon et Montebourg. C'était il y a 4 ans seulement, une autre époque! C'est fou comme les situations peuvent en politique changer. C'est pourquoi rien n'y est jamais définitif et désespérant. Après tout, il y a 4 ans, un fabiusien était un social-démocrate, un moderniste, pas très éloigné d'un strauss-kahnien. Pour les fabiusiens, n'assiste-t-on pas à un retour aux origines, cette gauche moderne qu'a voulu incarner Fabius depuis 1984?
Pendant la réunion, pris par son état d'esprit, observant les uns et les autres intervenir sans acrimonie, je n'ai pu m'empêcher de penser à Saint-Quentin, où un tel brassage d'idées, une telle ouverture aux autres semblent absolument impossibles. Et c'est pourtant ce que j'ai voulu, à l'automne 2007, en appelant au rassemblement des courants en vue des municipales, afin de mettre de côté nos différends et rechercher ensemble une candidature unanime, tentative qui a lamentablement échoué. Un jour, j'en suis sûr, cet esprit qui a soufflé à Paris viendra sur Saint-Quentin. Mais quand?
Quant aux Reconstructeurs, quel sera leur destin? Je ne sais pas ce que deviendront ces carpes et ces lapins, mais ils pèseront, c'est certain, sur le congrès et l'avenir du PS. Martine Aubry, qui était, sans doute volontairement, la dernière intervenante, a été la plus applaudie, notamment quand elle a cité toutes les réformes accomplies par le PS, afin de nous redonner la fierté, parfois oubliée, d'être socialiste. Je crois que tout est là, et c'est aussi mon combat saint-quentinois: la fierté d'être socialiste, contre tous ceux, à l'extrême gauche, qui n'ont jamais cessé de nous culpabiliser, hélas avec succès, tous ceux qui nous font croire qu'ils sont beaucoup plus à gauche que nous.
Deux idées m'ont semblé prometteuses: la construction d'un grand parti de toute la gauche, d'une grande organisation qui rassemble tous les réformistes face à l'extrême gauche; l'instauration de primaires pour choisir notre candidat à la présidentielle. Et maintenant, reparlons de tout ça... dans l'Aisne! Carpes et lapins de tout le département, réunissez-vous!
Bonne soirée.
10 Comments:
C'est le passage de la facilité des courants à un rassemblement autour d'une stratégie de prise de pouvoir à laquelle tout le monde doit se soumettre au PS. Le calendrier est déjà défini, Moscovici est pressenti pour être le futur secrétaire, il reste à prendre en compte le réel même si cela implique de prendre un virage à 180 degrés vis-à-vis du marxisme. Nous avons jusqu'à septembre pour définir clairement notre projet et le proposer à l'ensemble des militants.
By jpbb, at 10:14 PM
Bon mais alors sur le fond il s'est passé quoi à part les formidables "numéros d'orateurs".
Parce que c'est pas le tout de savoir que l'un a été "précis", l'autre "lyrique", le 3éme "passionné" et le 4éme"puissant", la question c'est qu'est ce qu'ils ont dit?
Une fois de plus on est sur la forme et donc on reste sur sa faim.
Je vous ai même trouvé très fan, genre adolescent admirateur de vedettes.
By Anonyme, at 8:31 AM
C'est parce que vous ne savez pas lire entre les lignes, une fois de plus vous montrez que vous n'en êtes pas capable.
By jpbb, at 10:02 AM
Il est bien évident que personne n'a oublié la visite mémorable de l'ancien ministre de l'intérieur l'année derniere.
Il est je crois la derniere personnalité socialiste a etre venu.
Vous glosiez des cars ump pour aller à Chantilly voir le président
toujours est il que l'ump réussit à mobiliser bien plus de gens que ne l'a fait le ps l'année derniere pour une réunion publique locale avec personnalité.
finalement plutot que de tenir ce blog, il serait peut etre plus utile que vous alliez à la rencontre des gens sur le terrain pour essayer de les convaincre.
By grandourscharmant, at 11:36 AM
A l'anonyme qui a faim:
J'ai a plusieurs reprises sur ce blog développé les analyses des Reconstructeurs. Reportez-vous y, et ne faites pas la carpe...
Dans mon billet, j'ai rappelé deux idées fondamentales: le parti de toute la gauche et les primaires pour la présidentielle. Ce n'est pas rien!
Qu'est-ce que vous avez contre les adolescents enthousiastes? Vous préférez les vieux grognons qui se plaignent de tout? Dans votre genre peut-être?
Bon appêtit.
By Emmanuel Mousset, at 12:31 PM
L'ours,
Je sais, votre UMP est formidable, votre Xavier est super et vos cars sont remplis.
Laissez-moi tenir ce blog, vous n'allez pas à votre tour vous mettre en tête de me faire arrêter. Vous n'y arriverez pas.
Et il n'est pas contradictoire de rédiger un blog et d'aller sur le terrain, ce que je fais.
By Emmanuel Mousset, at 12:37 PM
si on a plus le droit de s'interroger sans etre considéré comme une rabat-joie
tout n'est surement pas parfait à l'ump, mais il n'y a pas de hasard non plus.
N'allez surtout pas prendre exemple sur ce qui fonctionne,
continuez avec ce qui ne fonctionne pas.
finalement est ce que vos activités associatives et personnelles ne nuisent pas à votre action politique ?
apres vous savez, c'est une question d'état d'esprit moi quand quelque chose ne fonctionne pas, j'essaie de comprendre comment pourquoi et ce qu'il faudrait améliorer ou changer.
Je ne suis pas sur que vous soyez dans cette démarche.
By grandourscharmant, at 1:15 PM
Je suis constamment dans cette démarche.
Mais je veux retenir une bonne question que vous venez de poser (ça vous arrive!): Mes activités associatives ne nuisent-elles pas à mon action politique?
J'ai envie d'ajouter: et réciproquement...
La question est trop personnelle pour que j'y réponde personnellement. Je vous laisse cette tâche.
By Emmanuel Mousset, at 2:23 PM
vous connaissez ma position
vous n'etes pas un acteur politique mais un commentateur.
Votre hostilité à l'autorité et à la hiérarchie est un handicap rédhibitoire à l'action politique.
et votre narcissisme vous empeche de vous mettre au service des autres,
vous pensez trop au plaisir à court terme pour pouvoir vous inscrire dans la durée.
L'histoire me donnera peut etre tort mais à part accident, les choses sont ainsi.
Votre ambition personnelle de vous faire plaisir prend le pas sur tout le reste, vous faites ce que vous aimez
or servir en politique c'est aussi savoir faire ce qu'on n'aime pas.
Et je ne suis pas sur que vous en soyez capable.
Vous avez trop besoin d'adhésion et de reconnaissance.
car il est facile de critiquer l'opposition en place sur ses erreurs et ses faiblesses,
mais si ce sont eux qui se retrouvent à dialoguer avec le maire, c'est de votre faute pas de la leur.
Vous auriez pu rejoindre l'équipe du maire et etre élu
vous auriez pu rejoindre l'équipe de jpl et etre élu
vous auriez pu présenter votre propre liste et démontrez qui était majoritaire de vous ou de jpl
les possibilités de vous retrouver sur le terrain ont été nombreuses
et vous avez préféré les tribunes et le café du commerce.
Choisir c'est savoir renoncer
et vous n'etes pas homme à renoncer.
By grandourscharmant, at 6:17 PM
Monsieur l'Abbé (l'ours),
Votre prêche m'invite à la repentance, à la contrition, à l'humilité, au renoncement, au refus de la jouissance.
Désolé l'Abbé, ce n'est pas en ce 40ème anniversaire de Mai 68 que je vais suivre vos fariboles réactionnaires, que vous devriez garder pour les vôtres. Moi, je suis en dehors de tout ça.
En 1968, sur les murs, on a vu ce slogan: "Vive moi". Eh oui, pourquoi pas, au lieu des "vive Pétain", "vive de Gaulle" ou même "vive Mitterrand".
Désolé l'ours, vos sermons sont joliment dits, mais nous n'avons pas les mêmes valeurs.
By Emmanuel Mousset, at 9:56 PM
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