L'Aisne avec DSK

04 juin 2008

Pouvoir d'achat.

Bonsoir à toutes et à tous.

L'actualité et mes activités passent trop vite, je n'ai pas le temps de tout vous raconter. Il faudrait plusieurs vies pour tout faire, tout écrire, tout réfléchir! Donc je vous parle ce soir du café citoyen qui a eu lieu lundi soir au Manoir, sur le thème du pouvoir d'achat. Comme tous les thèmes à la mode, je suis méfiant, pour ne pas dire réticent. Surtout lorsque c'est la droite qui l'a imposé. Reprendre les thématiques de l'adversaire politique, même quand c'est pour le mettre face à ses contradictions et à son échec, ce n'est jamais bon ni habile.

Pourtant, se battre pour le pouvoir d'achat, en particulier de ceux qui en ont peu, semble un objectif de gauche. En apparence, oui. En réalité, je ne crois pas. Réduire le citoyen à son pouvoir d'acheter, c'est le réduire à un consommateur. Cette vision de l'homme n'est pas celle de la gauche parce qu'elle n'est pas humaniste. L'argent qu'on gagne est certes fait pour être utilisé, mais pas nécessairement dépensé à acheter. On peut épargner, investir, le consacrer à l'éducation de ses enfants, par exemple. Le pouvoir d'achat peut être un terrible piège pour les plus pauvres, la spirale destructrice de la consommation et de l'endettement. Qui veut se battre pour ça?

En quoi le pouvoir d'achat mesure-t-il la "qualité de la vie", comme l'a fait remarquer excellemment un participant à ce café citoyen? L'école, le transport, la santé et tout ce que nous offrent les services publics, souvent gratuitement ou à bas prix, tout cela n'entre pas dans notre pouvoir d'achat. Cette notion est faussement scientifique. Elle prétend quantifier ce qu'on ne peut pas quantifier, le confort d'une existence, l'amélioration d'une vie. Qu'on ne s'y trompe pas, surtout à gauche: l'augmentation du pouvoir d'achat n'est pas du côté du progrès social. Ce fameux pouvoir est un faux pouvoir, qui vous donne d'un côté et vous reprend de l'autre. Ou alors, soyons clairs et précis: si l'on veut lutter pour la baisse des prix, c'est autre chose, à laquelle j'adhère, parce que là, on est sur un thème concret, bien cerné.

Pourquoi la droite brandit-elle le pouvoir d'achat comme un étendard? Parce qu'elle sait que le mot d'ordre va plaire, qu'il est populaire. C'est pourtant un cache-sexe, un trompe-l'oeil, chargé de dissimuler ce que la droite ne veut absolument pas voir aborder et ce que la gauche devrait au contraire exploiter: la question de la hausse des salaires et la réduction des inégalités. Parler de la valeur-travail, ça ne me gêne pas, au contraire. Je crois même que c'est essentiel. Mais pas en termes moraux. En termes économiques et sociaux: combien vaut le travail? Combien mérite d'être payée telle tâche? Qui doit voir son salaire augmenté? Quelles rémunérations doivent être revues à la baisse?

Il y a pour la gauche un vaste chantier, un immense travail, qui devrait ébaucher notre futur programme. Car il faut revaloriser le travail, pas à coup d'heures supplémentaires comme le fait Sarkozy, mais en augmentant les salaires des professions tellement ingrates et mal rétribuées que des centaines de milliers de postes restent vacants. Oui, voilà ce que j'attends d'une réflexion de gauche. Mais ça viendra, j'en suis certain.


Bonne soirée.

1 Comments:

  • L'économie est au service du social, et ce n'est pas en privilégiant la rente comme le fait Nicolas Sarkozy qu'on peut développer l'ensemble de la société. Avec une économie atone, il s'oblige à faire des coupes dans l'investissement en direction du social, allant vers une société figée qui se recroqueville sur elle-même. À l'évidence, cela dénote un manque total de vision et d'anticipation. C'est sans doute un bon avocat, capable de s'intéresser à des détails secondaires et d'y perdre son temps, mais ce n'est pas un architecte en charge de transformer le monde. Un an aura suffi pour s'en rendre compte.

    Je crois qu'il faut voir le pouvoir d'achat non pas seulement en terme de poids brut de caddie à la sortie du supermarché, mais comme carburant permettant d'augmenter l'autonomie de la personne humaine. Avec des sous, on peut se cultiver, soigner sa santé par une bonne hygiène de vie, qui a un coût fatalement, se loger dans un endroit agréable, vivre en diminuant son stress, etc. Que des bonnes choses. Les ânes en profiteront pour acheter du tabac et d'autres drogues et se foutre la santé en l'air. ;-)
    Il ne faut donc pas opposer le pouvoir d'achat, qui permet le pire comme le meilleur à la socialisation de la société. Avoir des crèches, des hôpitaux, des écoles, des infrastructures en excellent état, qui puissent servir à tous est évidemment du domaine du social, sans oublier les bibliothèques publiques.

    Tout le monde veut plus de pouvoir d'achat. On ne peut pas augmenter artificiellement les salaires, car l'argent procède d'un cycle dans la société. Mais on doit augmenter les postes de travail intéressant et bien payé. On doit être gagnant sur toute la ligne. La réduction des inégalités doit se faire par le haut, c'est le credo des sociaux-démocrates réformistes, et pas par le bas, ce qui constitue le mot d'ordre de la gogoche style LCR. La droite actuelle se contente d'augmenter la rente. Nous voulons favoriser le travail et faire chuter la rente. Il est là le clivage entre la gauche et la droite. Travailler mieux pour gagner plus et non s'abrutir au travail pour des clopinettes.

    By Blogger jpbb, at 3:59 PM  

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