Un mur d'incompréhension.

Bonsoir à toutes et à tous.

Mon attention s'est portée, dans la presse locale d'aujourd'hui, sur l'article de Loïc Chaux dans L'Union. Pourquoi? Parce qu'il est question, une fois de plus, des gens du voyage, mais cette fois de façon positive, sans querelle de clocher ou... de mur. D'abord, quand nous parlons de "gens du voyage", on ne sait pas de qui il s'agit, tellement cette expression est générique. L'incompréhension commence là, le mur s'installe dans les têtes. Près de Fayet se sont installées une quarantaine de caravanes, appartenant à des Tziganes soudés par leur foi religieuse, le protestantisme évangélique. De là à les confondre avec des Témoins de Jéhova ou je ne sais quelle secte, il n'y a qu'un pas. Combien d'ignorants ou de médisants le franchissent? A nouveau s'abat le mur de l'ignorance.

Loïc Chaux décrit la vie de ces nomades. Ils resteront une semaine, se sont présentés dès leur arrivée à la mairie de Saint-Quentin (à qui appartient l'emplacement), vont consacrer leur temps à préparer trois offices religieux. Leur électricité provient de leur propre groupe électrogène. Leur eau, ils l'achètent à la mairie de Saint-Quentin. Une vie certes différente mais tranquille et respectueuse, j'ai presque envie de dire: une existence évangélique, sous la direction du pasteur Pierre Helfritte, voilà ce qui ressort de l'article. Nous sommes très loin de l'image des enfants lanceurs de pierre et des adultes vandalisant l'aire d'accueil près du stade Debrésie. A Fayet, pas besoin de mur, semble-t-il.

Semble-t-il, car quand je lis les propos du maire de Fayet, Guy Dambre, dans L'Union, je suis stupéfait et je me dis que là-bas aussi il y a un mur, peut-être le plus puissant de tous les murs, le mur des préjugés. Ecoutez ce qu'ose déclarer le premier magistrat, hélas, de cette localité:

"Ils sont arrivés sans prévenir personne... Et puis les gens ne sont pas tranquilles: on les voit naviguer dans le village depuis dimanche. Ce qu'ils font? Ils épient! La population n'est jamais tranquillisée. Pour moi, ils repèrent. En général, 15 jours après leur départ, il y a des vols."

Monsieur le Maire, voilà une affirmation qui pourrait bien vous conduire devant la Justice. Vos paroles sont fausses et discriminatoires, le savez-vous? Karim Saïdi, correspondant de la HALDE, pourrait à l'occasion vous le rappeler, si cette affaire lui était soumise. Vos administrés sont inquiets? C'est à vous de les rassurer, en tenant des paroles de vérité et pas des mensonges:

- Les Tziganes n'ont prévenu personne de leur présence? Faux, ils sont allés en mairie de Saint-Quentin.

- Ils se promènent dans les rues de votre village? Et alors, c'est interdit? Et pourquoi en déduisez-vous qu'ils épient?

- 15 jours après leur départ, il y a des vols? C'est quoi, un vol dont on se rend compte 15 jours après? Je vais vous le dire: c'est n'importe quoi! Combien de plaintes pour vol déposées? Aucune...

J'aimerais que les uns et les autres se souviennent que les Tziganes font partie des populations qui ont été persécutées par les nazis, à cause de leur différence. J'aimerais que le droit à la différence, dans le respect des lois communes, soit un principe de la République.


Bonne soirée.