L'Aisne avec DSK

02 juin 2008

Rénover nos statuts.

Bonjour à toutes et à tous.

La déclaration de principes du PS a beaucoup fait parler d'elle, du coup on a oublié que le vote des sections de jeudi dernier portait aussi sur la réforme des statuts. Et pour cause: autant nos principes ont été profondément refondés, autant les statuts n'ont été que légèrement adaptés. Normal: il est plus simple de rénover notre philosophie générale que de transformer nos règles de vie communes. Cela viendra, mais il faudra du temps. L'objectif, c'est de transformer un appareil en véritable organisation démocratique.

Aujourd'hui, dans bien des sections et fédérations, le Parti est contrôlé par les élus. Il est plus un cartel électoral qu'une force militante. Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner que les adhérents soient peu nombreux. Que le PS se donne pour but de conquérir ou de conserver le pouvoir, à tous les niveaux, je suis pour, nous faisons de la politique pour ça. Mais pas que pour ça: Il faut surtout que notre Parti soit un lieu de brassage d'idées, d'explication de notre politique, de discussion sur la ligne à adopter, de compréhension des désirs de l'opinion. Faute de quoi les militants s'expriment ailleurs, autrement. Comme moi sur ce blog. C'est toujours ce qui arrive lorsqu'on est ni écouté, ni entendu.

Il y a des pratiques auxquelles nous devons renoncer si nous voulons nous rénover. Je pense à trois en particulier:

1- Le recrutement familial. Je désigne par ce terme l'augmentation anormale des effectifs d'une section à l'approche d'un congrès, causée par des adhésions non pas volontaires mais sollicitées, en vue de renforcer artificiellement le pouvoir de tel ou tel courant, le mot clan convenant alors mieux. Je parle de recrutement "familial" parce que ce sont souvent les proches, surtout la famille, mais aussi les amis, pourquoi pas les voisins ou les simples connaissances, qui sont l'objet de cette pratique. Du coup, les résultats des votes sont faussés, puisque les nouveaux adhérents n'ont de socialistes que le nom. Avant chaque scrutin, ils sont soigneusement briefés, on leur dit dans quel sens ils doivent voter. Il va de soi que cette pratique est profondément antidémocratique. Mais comment y mettre un terme?

Il n'est pas scandaleux qu'un membre de votre famille adhère au Parti socialiste. C'est même très bien! A condition que l'adhésion soit libre et non pas suggérée. Comment faire le tri, tout le problème est là. Il y a tout de même des présomptions sérieuses, lorsque l'on constate qu'une section est devenu un conglomérat de familles. Mais la meilleure vérification est dans la présence aux réunions de section. Un adhérent téléguidé n'y vient pas, il ne participe qu'aux votes, puisque c'est la seule raison pour laquelle on l'a "fait" adhérer. C'est pourquoi certaines sections ont des effectifs importants et une vie militante très pauvre. Je suggère que tout adhérent ait l'obligation d'assister à au moins la moitié des réunions dans l'année. Ce n'est qu'un ordre de grandeur que je livre au débat. On peut penser que cette mesure sera dissuasive et que les seuls socialistes de conviction intègreront les sections.

2- Le name dropping. C'est la pratique typiquement socialiste qui consiste, à l'approche d'un congrès, à faire signer les motion ou les contributions par un maximum de militants, essentiellement des élus, si possible avec leurs titres pour faire encore plus impressionnant. Car la quantité et les qualités doivent marquer les esprits, entraîner les hésitants, convertir les sceptiques. C'est alors la chasse à la signature. C'est aussi une façon de verrouiller les opinions des adhérents, de les contrôler, de s'assurer des soutiens fiables. Une fois qu'on a signé, difficile de se dédire...

Cette pratique est elle aussi antidémocratique. Un texte doit être jugé à son contenu, pas au nombre de soutiens qu'il engrange. Il ne faut pas figer le débat avant qu'il n'ait commencé. Chaque adhérent est suffisamment libre et intelligent pour juger par lui-même de ce qu'il va faire, il n'a pas besoin qu'on le lui indique. Ici, la mesure à prendre est très facile: interdire tout simplement le name dropping.

3- La confusion des mandats politiques et électifs. C'est le type de cumul dont on parle le moins et qui est pourtant très fâcheux. Quand un responsable du Parti, surtout à un niveau inférieur de l'appareil, est en même temps un élu, il y a confusion des genres. Un élu agit pour la population qui l'a désigné, un représentant du Parti assume des tâches qui n'ont strictement rien à voir. Il faudrait donc dissocier les deux. D'autant qu'un élu, surtout lorsqu'il dirige un exécutif, a un tel poids politique, de par l'importance de son mandat, qu'il ne pourra qu'influencer la section, inhiber, même involontairement, tout forme de débat, de contestation. Les hommes sont les hommes: sauf exception, ils plient le genou ou courbent la tête devant le pouvoir, même devant le plus petit des pouvoirs. Un socialiste ne devrait pas être ainsi assujetti. Beaucoup hélas le sont.

Que faire alors? Interdire ce cumul des responsabilités. Les modalités resteront à définir, c'est la discussion collective qui les déterminera. Mais il faut aller vers ça, une plus grande liberté laissée au Parti pour débattre, innover, se développer, tout chose qu'un élu ne pourra pas faire. Il ne s'agit bien sûr pas de chasser les élus du Parti, ce serait ridicule et tout aussi dangereux, mais de limiter leur influence parfois stérilisante.

Avec ces trois propositions, nous pourrions faire un bond de géant dans la rénovation.


Bon après-midi.