Alcoolos et bobos.
Bonjour à toutes et à tous.
La lecture de la presse nationale de ce dimanche est édifiante. Deux journaux abordent ce qu'il est convenu d'appeler des "phénomènes de société". Drôle de phénomènes, en effet! En voilà deux:
Dans le Journal du Dimanche, Roselyne Bachelot nous parle d'alcoolisme. Un phénomène nouveau? Oui, dans les formes qu'il prend depuis quelques temps. Je l'ai évoqué dans un récent billet, à propos de violentes beuveries à Saint-Quentin lors de la Fête de la Musique (la police a renforcé ses effectifs pour ce 14 juillet). Autrefois, il n'y a pas si longtemps, l'alcoolo était un adulte, de sexe masculin, souvent manuel, environ la cinquantaine, "pilier de bistrot", c'est-à-dire client régulier et consommateur fréquent, qui se targuait de "tenir l'alcool" même si son comportement était vaguement hésitant. Aujourd'hui, l'alcoolo est jeune, parfois très jeune, autant fille que garçon, et adepte du bing drinking, le mot chic et branché pour qualifier la biture, la cuite. L'alcoolo new look est sobre dans la semaine et s'enivre le samedi soir. Du coup, il se perçoit comme un joyeux fêtard et pas comme le sinistre alcoolique qu'il est pourtant.
Que propose la Ministre de la Santé pour lutter contre ce fléau sanitaire et social? 4 mesures:
1- Interdiction totale de la vente d'alcool aux mineurs. On se demande pourquoi on ne l'a pas fait plus tôt tellement la mesure semble évidente.
2- Interdiction des open-bars et leur forfait alcool, véritable encouragement au vice alcoolique.
3- Interdiction de la consommation aux abords des établissements scolaires. Il m'arrive de croiser des lycéens canettes de bière à la main.
4- Interdiction de la vente d'alcool dans les stations-service. Là encore, une mesure de bon sens.
Certes, l'accumulation des interdits me gêne un peu, en bon soixante-huitard que je suis, mais s'il faut en passer par là... Je termine ce chapitre par une anecdote: En novembre dernier, j'ai organisé une journée philo "Guerre et Paix" au Chemin des Dames, avec visite de la Caverne du Dragon. Les responsables de l'établissement m'ont conseillé d'éviter l'alcool pour les participants, afin que la visite se déroule correctement. Et ils parlaient d'expérience! Si l'alcool perturbe dans un cadre pourtant studieux, quelles nuisances ne génère-t-il pas dans un cadre festif!
Dans le Parisien, le "phénomène de société" abordé, c'est la "bobologie" dont se plaignent les sapeurs-pompiers de Paris, à la veille de la fête nationale. Là encore, le fait est ancien mais a pris une tournure inédite. Un pompier a pour mission de lutter contre le feu ou d'intervenir dans des accidents graves. Or depuis une quinzaine d'années, les appels pour bobos (migraines, écorchures, hématomes,...) se sont multipliés par 4! Autrefois, la grande échelle pour sauver le chat dans l'arbre était aussi rarissime que pittoresque. Sinon, le pin-pon annonçait un malheur qui faisait parfois accourir une petite foule. Aujourd'hui, les interventions des voiture rouges et des hommes casqués se sont banalisées.
Du coup, des missions élargies ont affaibli l'image de ce service public, qui souffre autant des pierres qu'on lui jette dans certains quartiers que de la désinvolture avec laquelle on fait appel à lui au moindre bobo. Le premier cas relève de la pure et simple délinquance, le deuxième cas est plus grave, il signifie un abaissement inquiétant du sens civique. Les pompiers sont pour un rien sollicités parce qu'ils sont gratuits et que les citoyens se croient alors tout permis. Ce phénomène confirme aussi un constat déplorable: La fragilisation de la population, que notre heureuse société de confort a déshabitué de la petite souffrance. Hyper-protégés, les citoyens ne sont plus guère autonomes et, désemparés, font plus souvent appel aux pompiers. Les héroïques "soldats du feu" se sont transformés en infirmières ou en assistantes sociales! Ainsi va notre société...
Il y a aussi une raison objective et politique à cette évolution négative: Le transfert en 1986 des activités de police-secours aux pompiers, sans doute nécessaire, mais qui a dilué leur identité. Quelle solution contre la bobologie? On va vers une facturation de certaines interventions. C'est embêtant pour un service public qu'on rémunérait auparavant en achetant son traditionnel calendrier. Mais comment faire autrement?
Alcoolos et bobos, les maux d'aujourd'hui.
Bon dimanche, soignez-vous bien,
et ne buvez pas trop.
La lecture de la presse nationale de ce dimanche est édifiante. Deux journaux abordent ce qu'il est convenu d'appeler des "phénomènes de société". Drôle de phénomènes, en effet! En voilà deux:
Dans le Journal du Dimanche, Roselyne Bachelot nous parle d'alcoolisme. Un phénomène nouveau? Oui, dans les formes qu'il prend depuis quelques temps. Je l'ai évoqué dans un récent billet, à propos de violentes beuveries à Saint-Quentin lors de la Fête de la Musique (la police a renforcé ses effectifs pour ce 14 juillet). Autrefois, il n'y a pas si longtemps, l'alcoolo était un adulte, de sexe masculin, souvent manuel, environ la cinquantaine, "pilier de bistrot", c'est-à-dire client régulier et consommateur fréquent, qui se targuait de "tenir l'alcool" même si son comportement était vaguement hésitant. Aujourd'hui, l'alcoolo est jeune, parfois très jeune, autant fille que garçon, et adepte du bing drinking, le mot chic et branché pour qualifier la biture, la cuite. L'alcoolo new look est sobre dans la semaine et s'enivre le samedi soir. Du coup, il se perçoit comme un joyeux fêtard et pas comme le sinistre alcoolique qu'il est pourtant.
Que propose la Ministre de la Santé pour lutter contre ce fléau sanitaire et social? 4 mesures:
1- Interdiction totale de la vente d'alcool aux mineurs. On se demande pourquoi on ne l'a pas fait plus tôt tellement la mesure semble évidente.
2- Interdiction des open-bars et leur forfait alcool, véritable encouragement au vice alcoolique.
3- Interdiction de la consommation aux abords des établissements scolaires. Il m'arrive de croiser des lycéens canettes de bière à la main.
4- Interdiction de la vente d'alcool dans les stations-service. Là encore, une mesure de bon sens.
Certes, l'accumulation des interdits me gêne un peu, en bon soixante-huitard que je suis, mais s'il faut en passer par là... Je termine ce chapitre par une anecdote: En novembre dernier, j'ai organisé une journée philo "Guerre et Paix" au Chemin des Dames, avec visite de la Caverne du Dragon. Les responsables de l'établissement m'ont conseillé d'éviter l'alcool pour les participants, afin que la visite se déroule correctement. Et ils parlaient d'expérience! Si l'alcool perturbe dans un cadre pourtant studieux, quelles nuisances ne génère-t-il pas dans un cadre festif!
Dans le Parisien, le "phénomène de société" abordé, c'est la "bobologie" dont se plaignent les sapeurs-pompiers de Paris, à la veille de la fête nationale. Là encore, le fait est ancien mais a pris une tournure inédite. Un pompier a pour mission de lutter contre le feu ou d'intervenir dans des accidents graves. Or depuis une quinzaine d'années, les appels pour bobos (migraines, écorchures, hématomes,...) se sont multipliés par 4! Autrefois, la grande échelle pour sauver le chat dans l'arbre était aussi rarissime que pittoresque. Sinon, le pin-pon annonçait un malheur qui faisait parfois accourir une petite foule. Aujourd'hui, les interventions des voiture rouges et des hommes casqués se sont banalisées.
Du coup, des missions élargies ont affaibli l'image de ce service public, qui souffre autant des pierres qu'on lui jette dans certains quartiers que de la désinvolture avec laquelle on fait appel à lui au moindre bobo. Le premier cas relève de la pure et simple délinquance, le deuxième cas est plus grave, il signifie un abaissement inquiétant du sens civique. Les pompiers sont pour un rien sollicités parce qu'ils sont gratuits et que les citoyens se croient alors tout permis. Ce phénomène confirme aussi un constat déplorable: La fragilisation de la population, que notre heureuse société de confort a déshabitué de la petite souffrance. Hyper-protégés, les citoyens ne sont plus guère autonomes et, désemparés, font plus souvent appel aux pompiers. Les héroïques "soldats du feu" se sont transformés en infirmières ou en assistantes sociales! Ainsi va notre société...
Il y a aussi une raison objective et politique à cette évolution négative: Le transfert en 1986 des activités de police-secours aux pompiers, sans doute nécessaire, mais qui a dilué leur identité. Quelle solution contre la bobologie? On va vers une facturation de certaines interventions. C'est embêtant pour un service public qu'on rémunérait auparavant en achetant son traditionnel calendrier. Mais comment faire autrement?
Alcoolos et bobos, les maux d'aujourd'hui.
Bon dimanche, soignez-vous bien,
et ne buvez pas trop.
19 Comments:
L'ignorance frappe encore
aller demander à Freddy à quoi sert la vente des calendriers plutot que de dire n'importe quoi.
Et vous croyez sincérement que dans les internats à l'intérieur des établissements scolaires, il n'y a que du cola dans les bouteilles de cola qu'on trouve sur les tables de chevets ?
Quand on fait n'importe quoi, on a plus de chances de se faire des bobos que quand on ne fait pas n'importe quoi.
Il faudra aussi que vous parliez de tout ces jeunes des tous petits à l'adolescent qui commencent leur journées en se gavant de chips.
Rien n'arrive sans raison.
By grandourscharmant, at 12:38 PM
Vous cherchez la petite bête, comme toujours, grosse bête que vous êtes. C'est dimanche, je vous laisse grogner...
By Emmanuel Mousset, at 1:28 PM
Qui plus est, l'abus d'alcool entraîne chez certains (pas forcement adolescent) l'envie irrépressible d'aller mater les petites culottes de ces dames !
By Anonyme, at 1:39 PM
et pas uniquement de les embrasser ?
By grandourscharmant, at 2:17 PM
Non, pas uniquement. Ah... les addictions !
By Anonyme, at 2:20 PM
vu olivier!
By Anonyme, at 2:21 PM
vu corinne
By Anonyme, at 2:23 PM
peut on parler de fétichisme ?
By grandourscharmant, at 2:32 PM
si ca signe c'est mieux.
on trouve du courage maintenant?
By Anonyme, at 2:35 PM
L'abus d'alcool n'est dangereux que lorsqu'il pousse à la violence, envers soi ou envers autrui. En revanche, une certaine griserie raisonnablement grivoise fait partie de la vie et ne me semble pas condamnable. La lutte légitime contre l'alcoolisme ne doit pas nous faire tomber dans le puritanisme.
By Emmanuel Mousset, at 3:20 PM
c'est vrai mais une griserie régulière presque quotidienne entraîne une perte de conscience face à la réalité.
On fini par conduire sans maîtriser. On fête sans se retenir, se croyant partout chez soi.
Au final, c'est urgence ou cellule de dégrisement.
By Anonyme, at 3:35 PM
Exact, préconisons la fin de la vente d'alcool dans les bars.
By Anonyme, at 4:26 PM
pas seulement dans les bars mais aussi dans les grandes surfaces
By Anonyme, at 4:44 PM
mais pour les bars c'est une bonne idée disparaitrons avec les derniers communistes
By Anonyme, at 4:48 PM
On peut dire ce qu'on veut,
mais les anciens cocos, malgré leur défauts, quand il était question de boire un coup avec eux,
ils savaient vivre.
C'est pas comme les nouveaux du NPA qui préferent d'autres substances au bon vin et avec qui on ne s'amuse plus du tout.
By grandourscharmant, at 5:46 PM
L'ours,
Au lieu de nous parler de ce qu'on boit chez les communistes et de ce qu'on fume chez les trotskistes, parlez-nous plutôt de ce que vous connaissez bien: ce qu'on fait à l'UMP et comment on s'y amuse. A moins qu'il ne s'y passe rien et qu'on ne s'y amuse pas.
By Emmanuel Mousset, at 6:09 PM
EM,
je prefere ne rien dévoiler et vous laisser fantasmer.
Je m'en tiendrais aux éléments publics de ce qui a pu se passer à barisis.
Au vu du nombre, ça ne dois pas etre si mal que ça.
La quantité ne fait pas tout, mais ce n'est pas parce qu'il y a la quantité qu'il n'y a pas aussi la qualité.
By grandourscharmant, at 6:53 PM
En matière publique et politique, je combats les fantasmes, je ne recherche que la vérité. Je réserve les fantasmes à l'espace privé. C'est aussi ma façon d'être laïque.
By Emmanuel Mousset, at 7:15 PM
Il n'y aurait le fantasme de voir SR élue présidente, je vous croirais presque.
By grandourscharmant, at 7:18 PM
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