L'Aisne avec DSK

12 juillet 2008

Le retour de Dreyfus.

La folle semaine d'Ingrid Betancourt se termine-t-elle? Pas sûr... La France en tout cas aura été remuée dans les profondeurs par cette libération, et pas toujours à son honneur. Il y a eu, entendue plusieurs fois, régulièrement, autour de moi, et autour de vous j'en suis sûr, cette sale rumeur que j'ai évoquée il y a quelques jours dans un billet: Les circonstances de sa libération, sa bonne santé physique ont fait naître chez certains, chez beaucoup ( beaucoup trop) , un détestable doute. Et si on nous cachait quelque chose? Et si cette libération n'était pas aussi glorieuse qu'elle n'y parait? Et si Ingrid elle-même n'était pas l'héroïne qu'on croit?

Et si, et si, et si: C'est à ces mots qu'on reconnait une opinion publique suspicieuse et en réalité suspecte, car malade. De quoi? D'elle-même, de ses propres fantasmes. L'opinion voulait une victime, elle a une héroïne, elle attendait un martyr, elle découvre une battante, elle espérait une jeune femme moderne, elle s'étonne de voir une croyante priant à genou, demandant à voir le pape et se rendant à Lourdes. Une partie de l'opinion s'est investie durant des années, psychologiquement, s'est identifiée à un personnage qui ne lui renvoie pas l'image qu'elle croyait mériter.

Pourtant, l'affaire était lourde de sens: Une franco-colombienne prisonnière au fin fond de la jungle, émouvant le monde entier, suscitant une incroyable mobilisation, obligeant à ne pas oublier dans une société si vite oublieuse, le combat en quelque sorte du bien contre le mal, voilà une histoire parfaitement édifiante qui aurait dû le rester jusqu'à sa fin. Mais une image pieuse a été bousculée par une autre, un décalage provoquant le malaise. Certains se préparaient à recevoir la Pasionaria et ont cru reconnaître la Sainte Vierge. La déception a été à la mesure de la passion: Ne voyait-on pas Ingrid ministre, députée européenne et pourquoi pas (je l'ai entendu à la radio, certes sous forme de boutade, mais révélatrice) candidate à la présidence de la République française?

Dans une France qui ne croit plus en grand-chose, qui rejette l'aventure européenne, Ingrid prenait figure de sauveur, de rédemptrice. A la veille de partir en vacances, avant que la nation ne s'assoupisse pendant presque deux mois, nous tenions celle qui allait faire sortir notre pays de sa marginalisation, de sa désespérance, nous avions enfin une figure universelle, en ces temps de mondialisation. C'est raté, Ingrid Betancourt est restée elle-même, sans égard pour la mission à laquelle l'opinion l'avait inconsciemment (car tout ça est une histoire d'inconscient collectif) élevée.

La libération d'Ingrid Betancourt, c'est le retour d'Alfred Dreyfus, dont nous fêterons les 100 ans l'an prochain. Elle revient de l'enfer de la jungle, lui de l'Ile du Diable, tous les deux après plusieurs années de détention, où leurs bourreaux n'ont eu qu'un seul objectif: Faire oublier leur existence. Pour Betancourt, pour Dreyfus, dans des circonstances politiques et historiques bien évidemment différentes, l'opinion s'est scandalisée et puissamment mobilisée, mais le retour de l'innocent a provoqué des déceptions. Dreyfus, comme Betancourt, est resté lui-même: froid, distant, figé, discipliné, maladroit, non séducteur, sans lyrisme. Sa personne n'a pas été à la hauteur du personnage qu'on avait imaginé. Betancourt, c'est pareil, mais en sens inverse: Elle est expressive, séductrice, chaleureuse, médiatique, l'opinion la rêvait humble, discrète, soumise, bref victime... et pas bigote! En un siècle, l'opinion a permuté: Avec Dreyfus elle attendait un héros, elle a reçu une victime, avec Betancourt elle attendait une victime, elle a accueilli un héros.


Bonne fin d'après-midi.

12 Comments:

  • Le retour à la réalité est bien difficile, quand on s'est autant bercé d'illusions.

    Certains de gauche particulierement pensaient faire libérer la petite fille spirituelle du che en lutte contre l'imprérialisme retenue par d'immondes tortionnaires.

    Et finalement, c'est grace à dieu et à la vierge qu'elle a tenu
    et les descendants spirituels du che, c'était ses immondes tortionnaires.

    Visiblement s'intéresser au bien etre de son prochain oui, mais s'il est de gauche.
    l'affaire dreyfus transcendait les partis
    l'affaire Betancourt est une polémique interne à la gauche déçue, battue, impuissante, inefficace et désabusée.

    Vous verrez bientot on nous expliquera que la sarkozyste papiste, elle n'avait qu'à rester dans sa jungle.

    Ce n'est pas la France qui ne croit plus en rien, c'est une partie du pays qui a cru aux mensonges communistes et socialistes et qui refusent d'admettre qu'on lui a menti alors elle préfère s'obstiner et s'aveugler.

    By Blogger grandourscharmant, at 9:29 PM  

  • L'affaire Betancourt elle aussi transcende les partis, la gauche et la droite. Tous se sont mobilisés pour sa libération, elle a remercié Sarkozy mais dîné avec son grand ennemi Villepin. De toute façon, son vrai libérateur, c'est Uribe.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:02 AM  

  • Est ce si choquant qu'elle dine avec un homme qui est son ami et qu'elle connait depuis qu'ils ont fait leur études ensemble.

    Villepin n'a jamais été l'ennemi de Sarkozy, ni meme son rival.

    By Blogger grandourscharmant, at 12:46 PM  

  • Ah bon, Villepin n'a jamais été le rival ni l'ennemi de Sarkozy? Je vois que votre stupidité est en pleine forme. Vous devez vous entraîner je suppose pendant le week-end.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:32 PM  

  • Nous sommes bien en train de parler politiques
    votre inclination pour les hauts fonctionnaires n'est un secret pour personne
    mais si un haut fontionnaire peut etre un tres bon ministre,
    cela n'est pas forcément suffisant pour en faire un bon politique capable de se faire élire.
    Et pour exercer un mandat électif, il faut se faire élire.

    By Blogger grandourscharmant, at 2:30 PM  

  • Ma remarque ne portait pas là-dessus. Vous l'avez esquivée. Ca ne me surprend pas. J'ai la confirmation que je recherchais.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 3:24 PM  

  • Si je ce que je vous apporte dites moi ce que vous attendez de moi,
    je ferai peut etre l'effort de vous dire ce que vous voulez entendre.

    Le point sur lequel portait votre remarque m'aura échappé.

    Ils auraient peut etre pu etre en rivalité pour la succession de JPR
    mais il me semble qu'il n'était pas dans les intentions du Président JC de nommer NS à ce poste
    et comme DDV ne s'est pas présenté à la présidence du parti, ni à celle de la république.

    Apres si vous avez des informations plus précises donnez les
    cela vous permettra de vous rassurer et de démontrer que je ne suis pas infaillible.

    By Blogger grandourscharmant, at 4:20 PM  

  • Tout le monde s'aime à droite et tout le monde se déteste à gauche, c'est votre vision de droite de l'histoire.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:12 PM  

  • quel est donc ce glissement sémantique ?
    pourquoi vous mettez vous à parler d'amour ?

    Je croyais que notre débat portait sur la question des rivalités.
    Connaissez vous intiment messieurs NS et DDV pour savoir ce qu'ils pensent réellement l'un de l'autre ?

    Vous m'auriez parlé de rivalités à Reims par exemple à droite
    je vous aurais fait remarquer que vous enfonciez des portes ouvertes.

    Et puisqu'il faut le dire comme vous n'avez pas l'air de le savoir
    oui il doit forcément y avoir à droite des gens qui ne s'aiment pas, pourquoi cela serait différent de ce qui se passe à gauche.
    Apres, si personne n'en fait état à droite peut etre que finalement tout le monde s'aime.

    Mais sous prétexte que vous vous etes répandu à longueur de blog sur votre détestation de JPL ou d'AF,
    je devrais faire de meme.
    Pardonnez moi d'avoir cette pudeur là et de garder mes sentiments personnels pour moi.
    Je n'ai pas envie d'etre traduit devant la commission des conflits de l'ump.

    Pour vous, il y assez peu de doutes que vous adorez certaines personnes de la majorité municipale et que vous détestez plutot celles de l'opposition.

    Mais sincérement ne caricaturez pas mes positions, vous ne faites que vous ridiculiser.

    Ah si seulement vous connaissiez le sport,
    vous sauriez qu'on peut ne pas se faire de cadeaux sur le terrain à l'image des rugbymen
    et pourtant aimer profondément ses adversaires.

    Mais vous etes une petite boule de haines qui pensent surtout à détester avant d'aimer.
    D'ailleurs il suffit de voir ceux que vous prétendez aimer pour se rendre compte que c'est plutot de la soumission qu'autre chose.

    Il suffit de voir la méchanceté avec laquelle vous me traitez au lieu de vous réjouir du privilège de ma présence.

    Vous vous plaignez du silence de la droite et quand vous avez quelqu'un de droite avec qui dialoguer, vous n'avez d'autre ambition que de vouloir le chasser.

    By Blogger grandourscharmant, at 7:16 PM  

  • "Il suffit de voir la méchanceté avec laquelle vous me traitez au lieu de vous réjouir du privilège de ma présence"

    ca le reprend !
    mégalo va!

    "quand vous avez quelqu'un de droite avec qui dialoguer"

    il a le culot de présenter ses interventions comme une inivite au dialogue.

    ce type est malade.

    By Anonymous Anonyme, at 8:11 PM  

  • L'ours,

    Vous compliquez tout parce que vous avez tort. Mais avoir tort, ce n'est pas si grave, on s'en remet. Je pose une évidence: Sarkozy et Villepin ont été des rivaux. Tout le monde le sait. Rassurez-vous, au PS, on trouve aussi de tels conflits. C'est la vie! Mais pourquoi vous acharner autant à le nier?

    Allez, acceptez, et passons à autre chose.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:14 PM  

  • Soyez fou
    osez l'hypothese que j'ai raison

    qu'est ce que cela pourrait signifier ?

    By Blogger grandourscharmant, at 9:20 PM  

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