Réformer la Vème.
La politique ne prend pas de vacances, je vous l'ai dit. Regardez ce qui se passe au Parlement: examen de la loi sur (contre) les 35h, adoption des droits et devoirs (sic) des chômeurs et, last but not least, la réforme constitutionnelle. Je veux vous parler de cette dernière. Ce n'est pas rien, changer la Constitution. La décision devrait être grave, solennelle, unanime. Elle ne sera rien de tout ça. Demandez à votre voisin ce qu'il en sait et ce qu'il en pense, il ne répondra pas parce cette réforme est illisible et inaudible. Vouloir modifier nos institutions, pourquoi pas, mais pas comme ça. On a le sentiment que Nicolas Sarkozy, qui veut tout faire et très vite, a absolument tenu à ce que la réforme de la Constitution soit dans le paquet-cadeau des 60 réformes que notre président se vante de porter à bout de bras.
Il y a quelques mois, sur ce blog, en phase avec un groupe de députés socialistes, j'avais indiqué que les pistes proposées par Nicolas Sarkozy pouvaient conduire à un consensus, pourvu que le dialogue se poursuive et que l'esprit de compromis l'emporte. Car la réforme de la Constitution n'est pas une réforme comme une autre. Il s'agit des règles de vie et de fonctionnement de la République. Là-dessus, la plus large unanimité est souhaitable, à la différence des réformes économiques et sociales, où droite et gauche, majorité et opposition sont des clivages qui retrouvent tout leur sens. Je ne sais pas si l'unanimité était possible. Peut-être ai-je péché par optimisme? Mais elle était souhaitée par de nombreux socialistes. Sauf improbable retournement, elle n'aura pas lieu. Pourquoi?
Le projet constitutionnel de Sarkozy a incontestablement des points positifs. C'est l'éternel problème de la bouteille à moitié pleine et à moitié vide. Sauf que la Constitution française n'est pas une bouteille, ou alors il faudrait qu'elle soit entièrement pleine. Car on ne peut pas faire les choses à moitié lorsqu'il s'agit de la règle commune. La première faiblesse dans ce que nous propose le président, c'est une singulière absence, dont les Français réclament pourtant la présence. En matière constitutionnelle, quelle est la revendication qui vient systématiquement à l'esprit de nos concitoyens? L'interdiction ou la restriction du cumul des mandats, voilà ce que les Français attendent et demandent. Ne pas traiter de cette question, c'est rendre inintéressante la réforme constitutionnelle.
Et puis, cette réforme est négative par ce qu'elle propose, essentiellement ce que Robert Badinter a dénoncé cette semaine, la présentation du chef de l'Etat devant l'Assemblée Nationale. Vous me direz peut-être que c'est symbolique, que la conséquence est mineure, que l'hypocrisie d'un Parlement indépendant de l'Elysée est rompue. Non, en matière de Constitution, la symbolique est particulièrement importante. Il y a rigoureuse séparation des pouvoirs. L'exécutif, en la personne du président de la République, ne doit pas mettre les pieds, au sens propre comme au sens figuré, dans le législatif, le Parlement. De Gaulle, qui doit se retourner dans sa tombe, l'avait bien compris, puisqu'il l'a voulu ainsi.
Ou alors, allons franchement vers le régime présidentiel, la suppression du Premier ministre et la responsabilité directe du président devant la Chambre qu'il ne pourra dissoudre. Alors là oui, le président peut sans problème se présenter devant le Parlement, il le doit même, comme le président américain devant le Congrès. Mais tant que notre régime est parlementaire, non. D'autant que la Vème République a augmenté le pouvoir du président et diminué celui de l'Assemblée. Qu'en sera-t-il quand le président en personne se présentera devant une majorité à ses ordres!
Dernière raison majeure pour ne pas soutenir cette réforme qui réforme si peu: le refus de modifier le mode d'élection des sénateurs, dont tout le monde convient qu'il est inadapté à notre société. Et de Gaulle lui-même (encore lui!) avait compris que le Sénat ne pouvait plus subsister en l'état. Qu'en dit Sarkozy? Rien. Cumul des mandats, indépendance de l'Assemblée, élection des sénateurs, pour ces trois points au moins, la réforme proposée doit être repoussée.
Bon après-midi.
Il y a quelques mois, sur ce blog, en phase avec un groupe de députés socialistes, j'avais indiqué que les pistes proposées par Nicolas Sarkozy pouvaient conduire à un consensus, pourvu que le dialogue se poursuive et que l'esprit de compromis l'emporte. Car la réforme de la Constitution n'est pas une réforme comme une autre. Il s'agit des règles de vie et de fonctionnement de la République. Là-dessus, la plus large unanimité est souhaitable, à la différence des réformes économiques et sociales, où droite et gauche, majorité et opposition sont des clivages qui retrouvent tout leur sens. Je ne sais pas si l'unanimité était possible. Peut-être ai-je péché par optimisme? Mais elle était souhaitée par de nombreux socialistes. Sauf improbable retournement, elle n'aura pas lieu. Pourquoi?
Le projet constitutionnel de Sarkozy a incontestablement des points positifs. C'est l'éternel problème de la bouteille à moitié pleine et à moitié vide. Sauf que la Constitution française n'est pas une bouteille, ou alors il faudrait qu'elle soit entièrement pleine. Car on ne peut pas faire les choses à moitié lorsqu'il s'agit de la règle commune. La première faiblesse dans ce que nous propose le président, c'est une singulière absence, dont les Français réclament pourtant la présence. En matière constitutionnelle, quelle est la revendication qui vient systématiquement à l'esprit de nos concitoyens? L'interdiction ou la restriction du cumul des mandats, voilà ce que les Français attendent et demandent. Ne pas traiter de cette question, c'est rendre inintéressante la réforme constitutionnelle.
Et puis, cette réforme est négative par ce qu'elle propose, essentiellement ce que Robert Badinter a dénoncé cette semaine, la présentation du chef de l'Etat devant l'Assemblée Nationale. Vous me direz peut-être que c'est symbolique, que la conséquence est mineure, que l'hypocrisie d'un Parlement indépendant de l'Elysée est rompue. Non, en matière de Constitution, la symbolique est particulièrement importante. Il y a rigoureuse séparation des pouvoirs. L'exécutif, en la personne du président de la République, ne doit pas mettre les pieds, au sens propre comme au sens figuré, dans le législatif, le Parlement. De Gaulle, qui doit se retourner dans sa tombe, l'avait bien compris, puisqu'il l'a voulu ainsi.
Ou alors, allons franchement vers le régime présidentiel, la suppression du Premier ministre et la responsabilité directe du président devant la Chambre qu'il ne pourra dissoudre. Alors là oui, le président peut sans problème se présenter devant le Parlement, il le doit même, comme le président américain devant le Congrès. Mais tant que notre régime est parlementaire, non. D'autant que la Vème République a augmenté le pouvoir du président et diminué celui de l'Assemblée. Qu'en sera-t-il quand le président en personne se présentera devant une majorité à ses ordres!
Dernière raison majeure pour ne pas soutenir cette réforme qui réforme si peu: le refus de modifier le mode d'élection des sénateurs, dont tout le monde convient qu'il est inadapté à notre société. Et de Gaulle lui-même (encore lui!) avait compris que le Sénat ne pouvait plus subsister en l'état. Qu'en dit Sarkozy? Rien. Cumul des mandats, indépendance de l'Assemblée, élection des sénateurs, pour ces trois points au moins, la réforme proposée doit être repoussée.
Bon après-midi.
11 Comments:
finalement vous aussi vous y venez à etre noniste.
Car les arguments idéologiques que vous développez sont strictement les memes qui ont conduit à voter non en 2005 et au rejet du traité de Lisbonne par les Irlandais.
Exactement la meme logique, exactement la meme démarche,
espérons que les conséquences ne seront pas les memes.
Que tout ne soit pas parfait dans ce texte, je suis d'accord avec vous est ce qu'il constitue une amélioration par rapport à la situation actuelle, plutot oui.
Nombres d'amendements de l'opposition ont été accepté alors que certains dans la majorité n'y était pas forcément favorable.
Mais bon, tant pis, les avancées ne devaient etre ni décisives, ni importantes puisqu'on s'en passer.
Et puis l'important, c'est que le chef d'équipe puisse etre présent lundi pour Intervilles.
Tout le reste est secondaire ou presque, entre le congres à venir et la modification de la constitution, les socialistes ont choisi leur priorités.
By grandourscharmant, at 2:35 PM
Noniste, moi? Mille fois non!
By Emmanuel Mousset, at 3:24 PM
et si pourtant
de ces nonistes qui disent oui cotre le pays
et qui disent non pour le pays.
Comme les trotskystes, vous etes internationalistes.
C'est pour cela que vous ne voyez pas l'intéret de dire oui à une amélioration de la nation.
By grandourscharmant, at 5:02 PM
Noniste, trotskiste, c'est ma fête aujourd'hui! Mais internationaliste, oui je le suis. Et voulant dépasser le cadre national, oui bien sûr, comme tout vrai internationaliste (que ne sont pas toujours les nonistes). Mais ça n'a rien à voir avec la réforme des institutions.
By Emmanuel Mousset, at 6:35 PM
Force est de constater que la logique de GOC est imparable. La logique d'une réforme des institutions nationales ou européennes est rigoureusement la même.
Le nouveau traité européen n'était certes pas parfait mais vous n'avez eu de cesse de dire que c'était une avancée considérable par rapport au traité de Nice.
Il en est exactement de même du projet de modification de la constitution et les arguments que vous développiez contre les nonistes vous reviennent comme un boomerang.
Au dela évidemment des diversions sur les nonistes et les trotskystes...
By Anonyme, at 10:35 PM
Le parallèle entre la réforme constitutionnelle et le traité européen est totalement faux. Vous comparez ce qui n'est absolument pas comparable:
Le traité proposait une Constitution, à laquelle il fallait dire oui ou non. J'ai répondu oui parce que doter l'Europe d'une Constitution me semblait un acte politique et historique majeur. Le peuple en a décidé autrement.
La réforme constitutionnelle de Sarkozy est sans commune mesure. Ce ne sont que des modifications qui ne changent pas en profondeur la Vème République, hélas. Voilà pourquoi je n'y suis pas favorable. Quant aux quelques éléments positifs, ils ne sont pas en nombre suffisant pour que je change d'avis.
Enfin, l'échec de Sarkozy ne changera rien à la situation politique, alors que le rejet de la Constitution européen nous a conduits dans une impasse dramatique dont nous ne sommes toujours pas sortis.
By Emmanuel Mousset, at 10:48 PM
Vous avez raison il faut toujours dire oui... ou non.
Vous reconnaissez des avancées mais pas assez donc vous votez non.
Idem pour l'Europe il y avait des avancées mais pas suffisantes.
Au fait c'est quoi l'impasse dramatique? L'Europe fonctionne toujours, pas vraiment mieux mais pas plus mal non plus.
By Anonyme, at 11:35 PM
La construction européenne est stoppée, bloquée. Le traité de Nice est inapplicable à 27. Pourquoi croyez-vous que Sarkozy veut à tout prix que le traité de Lisbonne passe? Parce qu'il faut absolument dénouer la crise.
Mais pour les anti-européens, il n'y a pas de crise: moins il y a d'Europe, mieux ça leur convient.
Pour la Constitution européenne, il n'y avait que du positif, c'est pourquoi j'ai dit oui. Pour la Constitution française, les avancées sont très insuffisantes, c'est pourquoi je dis non.
By Emmanuel Mousset, at 11:22 AM
On peut voir le verre à moitié plein ou le voir à moitié vide.
Se contenter de peu, c'est posséder beaucoup.
By Anonyme, at 12:49 PM
Votre formule est un peu facile. Elle est valable au niveau individuel, c'est une bonne maxime morale. Mais ce n'est pas un bon principe politique.
By Emmanuel Mousset, at 6:14 PM
OK en partie d'accord.
By Anonyme, at 7:22 PM
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