L'Aisne avec DSK

18 juillet 2008

Sibyllin et byzantin.

Quel est en ce moment mon livre de chevet, celui qui est tout près de ma tête avant que je ne m'endorme, là où les anglo-saxons mettent la Sainte Bible? Bien sûr les 250 pages des 21 contributions socialistes en vue du congrès de Reims, que je lis à petites doses chaque soir. Je ne suis pas certain que cette méthode ne favorise que les rêves... Je n'aborde pas le document dans l'ordre, je survole, je feuillete, je parcours, je picore. Ce qui retient mon attention, c'est l'implicite, le suggéré, la nuance subtile, la demi-teinte, le clin d'oeil, bref la lecture entre les lignes.

Prenez la page 29, dans la contribution Delanoë, et lisez ceci:

"Nous ne croyons pas pertinent de revenir aux structures de type FGDS qui avaient leur utilité avant l'unification socialiste d'Epinay mais qui ne correspond pas aux exigences d'aujourd'hui."

Que signifie cette phrase sibylline? La FGDS, plus personne ne sait ce que c'est! Ce que les amis de Bertrand veulent nous dire, et là-dessus je ne les suis pas, c'est qu'ils ne veulent pas du "grand parti de toute la gauche" qu'a encore proposé Cambadélis dans sa "Charte pour la rénovation", et qui est ici assimilé, abusivement, à la Fédération de la gauche démocratique et socialiste, que Mitterrand présidait dans les années 60. Abusif et faux puisque la FGDS, à la différence de ce que veulent Camba et les Reconstructeurs, n'incluait ni les socialistes (de la SFIO), ni bien sûr les communistes.

Et comme le sibyllin va souvent avec le byzantin, nous pouvons lire, toujours à la page 29, quelques lignes plus bas:

"... faire aboutir le projet d'un PS plus fort, qui deviendrait le grand parti de toute la gauche réformiste."

Si on n'y prend garde, on se trompe: Camba veut un parti de toutes les sensibilités de gauche, Delanoë veut un PS qui couvrirait tout le champ du réformisme. L'un travaille à une nouvelle formation politique, l'autre souhaite garder l'actuelle, mais élargit.

Et pour bien marquer son opposition aux Reconstructeurs sans le dire explicitement, la contribution précise, page 30:

"Plutôt qu'une direction de neutralisation, d'attente, d'arrangement, nous préférons proposer aux adhérents le choix clair, logique, cohérent, d'un collectif..."

Là aussi, c'est le sibyllin et le byzantin qui l'emportent, mais c'est clair comme de l'eau de roche pour qui s'ébroue comme moi, depuis 15 ans, dans la source. Les arbitrages et les recompositions se feront pourtant là-dessus, au congrès de Reims.

Bon, je ne réduis pas le texte de Bertrand à ces quelques lignes, je reviendrai ultérieurement sur son ensemble, dont j'apprécie de nombreux passages.


A plus tard.