Ainsi vont les luttes.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai évoqué hier soir les "coups de sang" que représentaient quelques conflits individuels dans l'actualité locale. On ne choisit certes ni son malheur ni les moyens de le combattre, mais je veux vous présenter ce matin une lutte collective qui me semble, pour le coup, exemplaire. Tous les Saint-Quentinois connaissent l'entreprise Ducamp, dont on croise les gros camions-citernes sur les routes de l'Aisne et de Picardie. Nos problèmes de tuyaux et de déchets, c'est Ducamp qui les règle!

Mais les problèmes des salariés de Ducamp? Car ceux-ci ont fait grève lundi dernier et ont entamé depuis des négociations avec la direction. Une grève en août, ce n'est pas fréquent. Et chez Ducamp, le dernier conflit social a eu lieu il y a 9 ans! La grève, c'est le moyen le plus légitime d'exprimer une revendication, après la négociation. D'abord parce que cet acte est collectif, il est porteur d'une demande générale (une réclamation individuelle peut être erronée, abusive). Ensuite parce que cet acte est responsable, jamais gratuit (ça coûte quelque chose, on y perd de l'argent, ça n'est pas une gesticulation narcissique).

Qu'est-ce qui se passe chez Ducamp, que veulent ses salariés? Si j'en crois L'Aisne Nouvelle et le Courrier Picard d'avant-hier, le problème principal réside dans le paiement des heures supplémentaires. Elles sont toutes rétribuées une fois par an, alors que les salariés voudraient bien évidemment des versements réguliers. Si j'ai bien compris, mais je suis prudent parce que le mot n'est pas employé, les 35 heures sont "annualisées", ce qui fait que les heures supp ne sont pas toutes rémunérées comme telles, puisque leur calcul est sur l'année et non plus la semaine. En période de forte activité, les heures supplémentaires rattrapent les heures manquantes en période de moindre activité. L'entreprise y gagne en souplesse, le salarié y perd en matière de salaire supplémentaire.

Autre inconvénient pour les salariés: les plannings modifiés au dernier moment, selon les besoins de l'entreprise. L'annualisation est une conséquence de la loi Aubry sur la réduction du temps de travail. Faut-il s'en plaindre? Pas nécessairement, quand l'annualisation est correctement organisée, quand les salariés sont associés à sa mise en place. Et puis, l'annualisation n'est pas la finalité des 35h mais un moyen: pour un gain de temps auprès des salariés, pour la création d'emplois au niveau de l'entreprise.

Les heures supplémentaires focalisent la protestation, parce que celle-ci a toujours besoin de se cristalliser sur un point précis, et c'est celui-là puisque Nicolas Sarkozy en a fait le thème social principal de sa présidence. Mais d'autres revendications transparaissent, signe d'un mécontentement général: prime de polyvalence, revalorisation des salaires et des astreintes, dénonciation du harcèlement moral, libre choix des journées RTT et congés payés, ...

L'entreprise Ducamp est en bonne santé économique, la question de la satisfaction des revendications de ses salariés est donc posée. Le mouvement de lundi l'a en partie réglée: la direction a accordé deux journées de repos de plus par an, dont je suis persuadé qu'elles n'entraveront pas la compétitivité de l'entreprise... La négociation se poursuit.


Bonne matinée.