Le train comme l'avion.
Bonjour à toutes et à tous.
J'ai déjà eu l'occasion de vous en parler, puisqu'ils sont apparus en septembre dernier: ce sont les nouveaux tarifs de la SNCF! Je vous en reparle aujourd'hui, après lecture d'un entretien dans Le Parisien de samedi dernier avec Edouard Petitjean, de l'association CLCV, Consommation, logement et cadre de vie. Les tarifs SNCF, c'est tout un monde, un objet passionnant de réflexion, le reflet de notre société. Je vous explique pourquoi:
"Ces tarifs sont tout bonnement incompréhensibles pour les voyageurs." Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Edouard Petitjean, que j'approuvre très fort. Il existe désormais 5 niveaux de réduction possibles pour un même billet! On s'y perd, sauf à être très malin ou à disposer de beaucoup de temps pour étudier toutes les hypothèses. Je n'ose plus prendre le train tellement c'est devenu compliqué.
L'explication n'est pas seulement objective, la multiplication des offres de réductions, dont on ne peut que se satisfaire, elle est en partie subjective, le plaisir que prend notre société à tout complexifier. La simplicité n'a pas bonne presse, on la ravale au simplisme; la clarté est mal vue, elle ne fait pas suffisamment savante, elle paraît primaire. Du contrat d'assurances à la notice de fabrication d'un meuble, l'obscurité est très tendance. Le désagrément est compensé par l'impression qu'on a d'être intelligent quand on a réussi à percer les formulaires ésotériques. A rebours de cette mode, je prône le retour à un monde cartésien, qui ferait de la clarté et de la distinction les critères essentiels de la vérité.
Mais l'incompréhension des tarifs SNCF se justifie aussi par l'individualisme de notre époque. "Le plein tarif n'a plus aucun sens", nous dit Edouard Petitjean. 75% des billets bénéficient d'une réduction. Le prix n'est plus fixé en fonction de la place, mais de l'individu qui réserve la place et de sa situation. L'uniformité, c'est terminé. La conséquence négative, c'est que la diversité peut se retourner en injustice, l'égalité de traitement étant sacrifié. C'est la voie ouverte à toutes les revendications personnelles, chacun trouvant de bonnes raisons à ce que son trajet soit payé à tarif réduit.
Ce nouveau système doit être aussi compris comme un alignement du train sur l'avion, avec l'adoption d'une politique de remplissage dans un esprit strictement libéral. Il faut rentabiliser l'occupation des trains, encourager à remplir les wagons. Pour cela, on instaure des promotions sur les tickets, dont les prix vont alors varier selon l'offre et la demande. Comme à la Bourse, il y a un cours des sièges, à la hausse ou à la baisse. Du coup, un fort sentiment d'injustice s'installe, quand, exemple cité par Edouard Petitjean, un Paris-Poitiers en TGV 1er classe va de 24 euros à... 90,20 euros! C'est le triomphe de la flexibilité.
Je ne me fais aucune illusion: la plupart de nos concitoyens apprécient ce système individualiste et libéral, qui a le mérite de s'adapter à chacun et de rapporter aux plus malins, mais cette liberté se paie aux prix de l'injustice et de l'inégalité.
Bon après-midi.
J'ai déjà eu l'occasion de vous en parler, puisqu'ils sont apparus en septembre dernier: ce sont les nouveaux tarifs de la SNCF! Je vous en reparle aujourd'hui, après lecture d'un entretien dans Le Parisien de samedi dernier avec Edouard Petitjean, de l'association CLCV, Consommation, logement et cadre de vie. Les tarifs SNCF, c'est tout un monde, un objet passionnant de réflexion, le reflet de notre société. Je vous explique pourquoi:
"Ces tarifs sont tout bonnement incompréhensibles pour les voyageurs." Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Edouard Petitjean, que j'approuvre très fort. Il existe désormais 5 niveaux de réduction possibles pour un même billet! On s'y perd, sauf à être très malin ou à disposer de beaucoup de temps pour étudier toutes les hypothèses. Je n'ose plus prendre le train tellement c'est devenu compliqué.
L'explication n'est pas seulement objective, la multiplication des offres de réductions, dont on ne peut que se satisfaire, elle est en partie subjective, le plaisir que prend notre société à tout complexifier. La simplicité n'a pas bonne presse, on la ravale au simplisme; la clarté est mal vue, elle ne fait pas suffisamment savante, elle paraît primaire. Du contrat d'assurances à la notice de fabrication d'un meuble, l'obscurité est très tendance. Le désagrément est compensé par l'impression qu'on a d'être intelligent quand on a réussi à percer les formulaires ésotériques. A rebours de cette mode, je prône le retour à un monde cartésien, qui ferait de la clarté et de la distinction les critères essentiels de la vérité.
Mais l'incompréhension des tarifs SNCF se justifie aussi par l'individualisme de notre époque. "Le plein tarif n'a plus aucun sens", nous dit Edouard Petitjean. 75% des billets bénéficient d'une réduction. Le prix n'est plus fixé en fonction de la place, mais de l'individu qui réserve la place et de sa situation. L'uniformité, c'est terminé. La conséquence négative, c'est que la diversité peut se retourner en injustice, l'égalité de traitement étant sacrifié. C'est la voie ouverte à toutes les revendications personnelles, chacun trouvant de bonnes raisons à ce que son trajet soit payé à tarif réduit.
Ce nouveau système doit être aussi compris comme un alignement du train sur l'avion, avec l'adoption d'une politique de remplissage dans un esprit strictement libéral. Il faut rentabiliser l'occupation des trains, encourager à remplir les wagons. Pour cela, on instaure des promotions sur les tickets, dont les prix vont alors varier selon l'offre et la demande. Comme à la Bourse, il y a un cours des sièges, à la hausse ou à la baisse. Du coup, un fort sentiment d'injustice s'installe, quand, exemple cité par Edouard Petitjean, un Paris-Poitiers en TGV 1er classe va de 24 euros à... 90,20 euros! C'est le triomphe de la flexibilité.
Je ne me fais aucune illusion: la plupart de nos concitoyens apprécient ce système individualiste et libéral, qui a le mérite de s'adapter à chacun et de rapporter aux plus malins, mais cette liberté se paie aux prix de l'injustice et de l'inégalité.
Bon après-midi.
1 Comments:
Avec la SNCF on est encore dans un système transitoire. Par Internet, on peut réserver son billet à l'avance pour avoir le choix de la place, et les prix les plus bas. Mais nous avons toujours la rigidité d'un moyen de transport qui ne s'adapte pas à la personne, mais pour lequel la personne doit s'adapter. Les horaires sont fixes ainsi que les parcours. Rien n'est prévu en dehors des axes privilégiés. On est encore dans la logique de cité à cité, tout comme l'avion qui va d'aéroport à aéroport. Et pour disposer d'un avion privé qui aille de là où l'on habite à là où l'on doit aller, à l'horaire de son choix, c'est tout bonnement impossible pour la majorité des gens désargentés du peuple.
La réponse à cette problématique est donc le monorail transfrontalier, avec des coûts de fonctionnement réduits, la sécurité du rail, la flexibilité de l'avion et la vitesse du TGV.
http://jeanpierre.becker.free.fr/monorail/index.html
By jpbb, at 3:59 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home