De quoi avons-nous peur?
Le dalaï lama est en France, pour un séjour religieux, qui coïncide avec les Jeux Olympiques de la honte. Pendant que la terreur règne au Tibet, le régime totalitaire chinois célèbre la grande fraternité sportive. Et que fait la France? Rien. Le dalaï lama sera reçu demain, en catimini, dans un bureau du Sénat, avec interdiction faite à la presse d'assister. Nicolas Sarkozy, bien sûr, ne bougera pas de son lieu de vacances.
Mais de quoi avons-nous peur? Les Chinois ne représentent pas une menace militaire, malgré ce qu'en montrait le film de Jean Yanne. Craint-on de perdre des contrats, de voir les affaires ralentir? Economiquement, l'économie chinoise a autant besoin de nous que nous avons besoin d'elle, pas d'inquiétude. Jamais ce prix nobel de la paix qu'est le chef spirituel des Tibétains n'a été officiellement reçu en France, un vrai scandale, une incompréhensible lâcheté. D'autres pays, grands pays, l'ont rencontré. Et pas nous!
Mais de quoi avons-nous peur? Lorsque Daniel Cohn-Bendit a comparé fort justement Pékin 2008 à Berlin 1936, les pontes de l'UMP se sont ébroués comme de la volaille. Pourtant, rien n'est plus vrai, et Cohn-Bendit sait de quoi il parle. En 1936, l'Allemagne nazie n'avait pas mis encore en place le système concentrationnaire, c'était une brave dictature et Adolf Hitler un monsieur, qui choisissait les Jeux pour parfaire sa propagande.
Quant à l'olympisme, j'invite ses aficionados à réfléchir: le sport est une magnifique activité humaine pervertie par les JO tels qu'ils sont devenus. Originellement, en Grèce, il s'agissait d'admirer la beauté des corps et des gestes, la vertu des athlètes, courage et endurance à travers de formidables exploits. Coubertin au XIXème a voulu en faire un message universel de fraternité. A quel spectacle lamentable assistons-nous maintenant?
Sens abâtardi de la compétition, nationalisme taré, course ridicule à la breloque, crétinisme olympique, voilà où nous en sommes. De l'humanisme initial, les JO nous ont conduit à l'anti-humanisme. Car qui y a-t-il d'humain à se battre pour quelques centièmes de seconde? Nous ne sommes plus dans le vénérable exploit mais dans la stupide performance. Avez-vous songé qu'à vouloir aller toujours plus haut, plus loin, plus vite, plus fort, l'homme a fini par atteindre des limites qu'il ne peut pas dépasser?
Sauf à cesser d'être un homme, c'est-à-dire à devenir une machine. C'est fait, nous y sommes, depuis un certain temps déjà. Certains croient que le dopage est une dérive, un accident, un vice, alors que c'est dans la logique même du sport moderne, son aboutissement suprême: doper l'homme pour qu'il aille plus loin que l'homme, devienne un surhomme ou plutôt un anti-homme. Cette transformation de l'homme commence dès l'enfance, où l'on embrigade les petits dans les disciplines sportives. De quoi avons-nous peur pour être si peu à dénoncer cela, au nom même du sport authentique, dont je ne nie pas la dimension ascétique, mais qui doit demeurer strictement personnelle, volontaire, consentie, et pas l'effet d'un endoctrinement pour la grande satisfaction des masses?
Le CIO a été pendant 20 ans présidé par Juan Antonio Samaranch, ancien ministre de Franco, ce qui veut tout dire sur la pureté olympique. Je préfère, et de très loin, le dalaï lama.
Bon après-midi.
Mais de quoi avons-nous peur? Les Chinois ne représentent pas une menace militaire, malgré ce qu'en montrait le film de Jean Yanne. Craint-on de perdre des contrats, de voir les affaires ralentir? Economiquement, l'économie chinoise a autant besoin de nous que nous avons besoin d'elle, pas d'inquiétude. Jamais ce prix nobel de la paix qu'est le chef spirituel des Tibétains n'a été officiellement reçu en France, un vrai scandale, une incompréhensible lâcheté. D'autres pays, grands pays, l'ont rencontré. Et pas nous!
Mais de quoi avons-nous peur? Lorsque Daniel Cohn-Bendit a comparé fort justement Pékin 2008 à Berlin 1936, les pontes de l'UMP se sont ébroués comme de la volaille. Pourtant, rien n'est plus vrai, et Cohn-Bendit sait de quoi il parle. En 1936, l'Allemagne nazie n'avait pas mis encore en place le système concentrationnaire, c'était une brave dictature et Adolf Hitler un monsieur, qui choisissait les Jeux pour parfaire sa propagande.
Quant à l'olympisme, j'invite ses aficionados à réfléchir: le sport est une magnifique activité humaine pervertie par les JO tels qu'ils sont devenus. Originellement, en Grèce, il s'agissait d'admirer la beauté des corps et des gestes, la vertu des athlètes, courage et endurance à travers de formidables exploits. Coubertin au XIXème a voulu en faire un message universel de fraternité. A quel spectacle lamentable assistons-nous maintenant?
Sens abâtardi de la compétition, nationalisme taré, course ridicule à la breloque, crétinisme olympique, voilà où nous en sommes. De l'humanisme initial, les JO nous ont conduit à l'anti-humanisme. Car qui y a-t-il d'humain à se battre pour quelques centièmes de seconde? Nous ne sommes plus dans le vénérable exploit mais dans la stupide performance. Avez-vous songé qu'à vouloir aller toujours plus haut, plus loin, plus vite, plus fort, l'homme a fini par atteindre des limites qu'il ne peut pas dépasser?
Sauf à cesser d'être un homme, c'est-à-dire à devenir une machine. C'est fait, nous y sommes, depuis un certain temps déjà. Certains croient que le dopage est une dérive, un accident, un vice, alors que c'est dans la logique même du sport moderne, son aboutissement suprême: doper l'homme pour qu'il aille plus loin que l'homme, devienne un surhomme ou plutôt un anti-homme. Cette transformation de l'homme commence dès l'enfance, où l'on embrigade les petits dans les disciplines sportives. De quoi avons-nous peur pour être si peu à dénoncer cela, au nom même du sport authentique, dont je ne nie pas la dimension ascétique, mais qui doit demeurer strictement personnelle, volontaire, consentie, et pas l'effet d'un endoctrinement pour la grande satisfaction des masses?
Le CIO a été pendant 20 ans présidé par Juan Antonio Samaranch, ancien ministre de Franco, ce qui veut tout dire sur la pureté olympique. Je préfère, et de très loin, le dalaï lama.
Bon après-midi.
2 Comments:
Et bien vous avez le droit,
tout comme nous on a le droit de s'en foutre royalement de votre position.
On ne peut pas vous en vouloir de ne pas comprendre ce qui vous dépasse.
By grandourscharmant, at 3:06 PM
Vouloir aller toujours plus haut, plus loin, plus vite, plus fort, l'homme a fini par atteindre des limites physiques qu'il ne peut pas dépasser, reste l'esprit, et de ce coté, le dalaï lama a une bonne longueur d'avance... ;-)
By jpbb, at 5:34 PM
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